Microsoft tenait sa première prise de parole de 2023 le mercredi 25 janvier, après une année 2022 bien décevante. Le menu était annoncé d’avance, porté notamment par le nouveau Forza Motorsport (et ses graphismes vertigineux). Mais, il y a quand même eu une surprise, dont on ne devinait pas l’ampleur après les premières images diffusées. À l’occasion de ce Developer_Direct, on a découvert Hi-Fi Rush, disponible dans la foulée sur Xbox Series S, Xbox Series X et PC (ainsi que dans le Xbox Game Pass).
Hi-Fi Rush est développé par Tango Gameworks, studio créé par Shinji Mikami — le père des premiers Resident Evil — spécialiste du genre horreur. Hi-Fi Rush est loin d’avoir été pensé pour faire peur. C’est même tout le contraire : dans un univers futuriste ultra-coloré, dans une esthétique cel-shading (visualisez un dessin animé), on incarne Chai, un jeune héros qui doit se soulever contre une entreprise machiavélique. La bande son survoltée fait partie intégrante du gameplay — qui bouge bien. Bonne nouvelle : le succès de Hi-Fi Rush, amplement mérité, a été immédiat.
Hi-Fi Rush n’est pas qu’un tube éphémère
Tango Gameworks s’essaie à toute autre chose avec Hi-Fi Rush. Après avoir fait de la peur un argument dans ses trois premiers projets, il érige la musique au rang de pilier pour transformer une expérience d’action en épreuve rythmique. Dans Hi-Fi Rush, le deal est simple : plus on frappe en suivant le tempo de la bande son, plus nos attaques sont puissantes et la note de style élevée. Les développeurs concrétisent l’idée selon laquelle un beat them all peut être comparé à un ballet spectaculaire. En témoigne la manière dont l’héroïne Bayonetta semble danser quand elle se bat. Autre exemple, le statut d’icône rockstar dont peut se targuer Dante, visage des Devil May Cry. La musique fait partie de l’ADN des beat them all, et Hi-Fi Rush en tire une posture. Vous ne pensez pas avoir le rythme dans la peau ? Pas de panique. Dans les menus, on peut activer une aide visuelle pour ne pas compter uniquement sur ses oreilles.
Hi-Fi Rush s’appuie sur un concept hyper malin pour redonner des couleurs — au sens propre comme au figuré — à une catégorie de jeux très appréciée. Il en profite aussi pour dérouler, niveau après niveau, une myriade d’idées qui renouvelle sans cesse le gameplay et propose une vraie marge de progression. Chai finira par récupérer un grappin pour se faciliter la tâche, puis il recevra l’aide d’autres personnages pour se défendre face à une horde de robots au look mignon. Hi-Fi Rush en impose par sa générosité. Certains pourraient même trouver les niveaux un peu trop longs, tant ils ont de choses à offrir (nouvelles mécaniques, lieux secrets, ressources à ramasser, boss…). Il faut parfois compter une quarantaine de minutes avant de passer au chapitre suivant, ce qui est assez déroutant quand on a l’impression que tout va vite.
En plus d’un savoir-faire digne d’un véritable chef d’orchestre, Hi-Fi Rush assume tout avec une direction artistique prodigieuse et remplie de détails. Il y a d’abord la bande son, qui convoque des artistes comme Prodigy, Nine Inch Nails ou encore The Black Kheys (il y a même un remix de Beethoven !). La musique est tellement enivrante, que tout bouge à son rythme — même certains éléments du décor. Vous allez avoir envie de gesticuler sur votre canapé en jouant à Hi-Fi Rush. Il n’y a pas meilleure preuve pour mettre en avant le caractère entraînant d’un jeu en partie voué au plaisir acoustique.
Il y a ensuite cette partie visuelle qui enchante du début à la fin, soulignée par une solidité technique à montrer dans les écoles (c’est toujours fluide). Le rendu est pétillant et inspiré, avec un design global espiègle. Le look des méchants n’effraiera pas grand monde, comme si Tango Gameworks voulait exorciser ses démons du passé et oublier cette quête de l’immonde dans les deux The Evil Within. Il y a même un chat robot mignon dans Hi-Fi Rush (que l’on peut bien entendu « pet » dès que l’occasion se présente). Les développeurs sont allés jusqu’à incruster des références plus ou moins évidentes (du Twin Peaks, la série culte de David Lynch), voire de l’autocitation (le héros de The Evil Within participe à un running gag).
Enfin, Tango Gameworks opte pour un ton résolument léger, avec des traits d’humour. Tout au long de l’aventure, il est possible de tomber sur des journaux à lire. Ce sont souvent des anecdotes rigolotes, renseignant sur le quotidien parfois pénible des nombreux robots qui peuplent les environs. Le tout permet de dessiner un univers savoureux, fruit d’un travail d’écriture remarquable. Tous ces arguments rendent Hi-Fi Rush attachant, sachant qu’ils convoquent des valeurs chères au monde du manga (le courage et l’entraide en tête). Il n’y a rien de foncièrement original dans ces thématiques, mais le jeu, inoffensif, s’appuie sur une sincérité qui fait du bien. Le fait que Hi-Fi Rush n’ait pas fait l’objet d’une annonce prématurée, ni n’ait été victime d’une fuite, est une bénédiction : la notion de découverte est permanente et l’on se laisse porter par Chai et sa bande. De la première à la dernière note.
Le verdict
Hi-Fi Rush
Voir la ficheOn a aimé
- Un concept terriblement intelligent
- Une vraie marge de progression
- Direction artistique à tomber
On a moins aimé
- Niveaux un peu longs
- Quelques couacs dans les phases de plateforme
- Il faut aimer les univers enfantins
Après trois jeux d’horreurs plus ou moins réussis, on pensait que Tango Gameworks s’enfermerait dans un genre difficile à renouveler. Avec Hi-Fi Rush, un shadow-drop qui fera date, le studio de Shinji Mikami prend tout le monde par surprise. La réussite n’en est que plus totale.
L’idée derrière Hi-Fi Rush est d’une intelligence évidente : transformer un simple beat them all en expérience basée sur le rythme. Le résultat est un jeu d’une générosité débordante, animée en prime par un univers bien mis en avant et terriblement accrocheur. Musique, maestro.
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