Le cinéma est aussi une affaire de petits plaisirs. Les superhéros et superhéroïnes de l’écurie Marvel en font légitiment partie. Mais ce n’est pas pour autant que l’on se rend en salles sans la moindre exigence. La première : le destin des personnages doit nous importer. C’est à ce devoir que failli Ant-Man & La Guêpe : Quantumania, en salles ce 15 février 2023.
Quand l’épique devient insignifiant
Le film de Peyton Reed en fait tout bonnement trop. Un déluge d’informations, d’images et de personnages nous tombent dessus sans vraiment tirer de ficelles narratives… à tel que point que l’œuvre en oublie d’écrire — au sens narratif — ses personnages. Quantumania est écrit pour raconter du Marvel, non pour raconter Scott, Cassie ou Hank. À vouloir trop élargir l’échelle, l’épique devient insignifiant.
Car en cherchant à condenser toute l’identité de Marvel en deux heures, Quantumania ne raconte rien. À la conjonction entre du Thor, du Doctor Strange, du Spider-Man, du Gardiens de la Galaxie, du Avengers, le dernier long-métrage Marvel est un pastiche maison. Il en reprend bien sûr des qualités — on s’amuse, on rigole — mais ne décolle pas. Les films Avengers, dont ce film essaye de s’inspirer, parvenait à créer un certain intérêt, car ils rassemblaient des personnages souvent déjà construits, et très aimés, là où Quantumania n’a pas cette base.
Le spectacle n’est pas désagréable visuellement et commence même plutôt bien : Cassie, la fille de Scott Lang (Ant-Man) a construit un engin permettant de communiquer avec le monde quantique. Grave erreur, puisque l’appareil va les y aspirer, avec tout le reste de la famille — Hope Van Dyne (la Guêpe), Hank Pym, Janet Van Dyne. On découvre alors, en même temps que nos héros et héroïnes, un autre monde très joliment mis en images, dans un environnement surréaliste, coloré, rempli de créatures variées.
Pourtant, ces décors semblent vite… statiques. On assiste à une débauche d’effets spéciaux de grande qualité créative, mais ne servant finalement à rien. Si l’on espérait ressortir avec le sentiment d’avoir exploré tout un autre monde aux possibilités infinitésimales, il n’en est rien, laissant un goût doux amer après deux heures d’un film qui promettait l’infiniment petit à portée de main.
Johnatan Majors incarne un méchant charismatique
On ne peut pas retirer à Quantumania le charisme de son méchant, Kang, interprété par un Jonathan Majors qui maîtrise pleinement son personnage. La puissance de ses superpouvoirs impressionne et son air détaché accentue cette assurance. On est face à un conquérant sûr de lui, sans limite. Et qui donne du fil à retordre aux héros et aux héroïnes : ils ne combattent pas à armes égales, Kang étant infiniment plus fort, à un niveau qui semble insurmontable.
Autre ingrédient humain intéressant : la relation père-fille entre Scott et Cassie. Une relation d’autant plus sympathique que cette dernière ne se comporte pas comme une ado et qu’Ant-Man ne la traite pas non plus comme quelqu’un d’inférieur ou d’immature, ce qui instaure un dialogue intergénérationnel respectueux entre les deux personnages. Ce schéma met en avant d’une relation saine, dénuée de conflictualité artificielle.
Néanmoins, cela ne suffit pas : la trame, cousue de fil blanc, ne surprend pas. Le destin des personnages nous importe trop peu, tant l’écriture ne parvient jamais à se mettre à échelle humaine. Les pouvoirs d’agrandissements et de rétrécissements de Ant-Man et de sa fille sont certes des atouts de mise en scène, qui offrent, par moments, de jolis combats. Malgré tout, ces points sont sous-utilisés et l’on parvient à s’ennuyer durant de nombreuses scènes d’action, longues, peu fluides, qui ne sont là que pour déchaîner les effets spéciaux sans créer de véritable tension. On est loin de Doctor Strange affrontant Wanda ou de la bataille entre les deux frères Loki et Thor ; même le bazar de la gigantesque bataille d’Endgame était plus captivante.
Après Wakanda Forever, qui était bien trop long pour ce qu’il avait à raconter, Quantumania est trop chargé d’une multiplicité de choses futiles. Tous nos espoirs sont maintenant tournés vers The Marvels et la prochaine saison de Loki.
Le verdict
Ant-Man et la Guêpe : Quantumania
Voir la ficheOn a aimé
- Un monde quantique joli et coloré
- La relation père-fille
- Jonathan Majors en Kang
On a moins aimé
- Scènes d’action ennuyeuses
- Une écriture des personnages trop en surface
- Des décors statiques, frustrants
- Une fin… plate
Malgré des environnements « quantiques » colorés qui en mettent plein la vue, Quantumania ne parvient jamais à passionner. Même les scènes d’action se laissent regarder. La faute à une approche qui devient trop déshumanisée : Marvel insère trop d’enjeux grandiloquents en oubliant totalement que les œuvres superhéroïques reposent sur des personnages dont l’on doit saisir la pleine humanité. Quantumania ne parvient même pas à nous faire rêver — ou trop peu longtemps — dans son univers quantique, qui, pourtant, s’avère beau et créatif. On aurait aimé explorer davantage ce qui n’est finalement qu’un contexte assez statique.
Le spectacle est assez plaisant, mais ne décolle donc jamais. On retrouve quelque peu la même frustration que pour Wakanda Forever. Espérons que The Marvels parviendra à émerveiller de nouveau.
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