La scène dite du « sniper » est présente à la fois dans la série et dans le jeu vidéo The Last of Us. Mais l’adaptation s’en écarte dans son approche. Craig Mazin, le showrunner, explique pourquoi.

L’épisode 5 de The Last of Us était rempli de scènes marquantes directement tirées du jeu, comme une phrase importante d’Ellie, et même la toute fin, aussi brutale. Une séquence en particulier, celle du sniper, varie toutefois largement dans son approche.

Chaque semaine, l’équipe de la série commente les épisodes dans le podcast proposé par HBO. Il se trouve que Craig Mazin, co-showrunner avec Neil Druckmann, y explique le choix créatif derrière ce changement.

SPOILERS sur l’épisode 5 de The Last of Us et sur le jeu vidéo.

Ellie et Joel dans l'épisode 5. // Source : HBO
Ellie et Joel dans l’épisode 5. // Source : HBO

« Et s’il y avait de la tristesse, dans tout cela ? »

Dans le jeu, la « séquence du sniper » commence par l’arrivée dans un quartier résidentiel abandonné, constitué notamment d’une grande avenue principale. Ellie, Joel, Henry et Sam se font rapidement tirer dessus par un sniper. Toute la partie consiste alors à vous rapprocher du bâtiment en évitant les balles du sniper — ce qui est d’autant plus ardu que ces balles font perdre énormément de santé — afin d’aller tuer le soldat.

Joel contre le sniper dans le jeu. // Source : Naughty Dog
Joel contre le sniper dans le jeu. // Source : Naughty Dog

A contrario, dans la série, il n’est pas très difficile pour Joel de parvenir jusqu’au bâtiment. Et le sniper n’a rien d’un soldat aguerri : plutôt âgé, visiblement fatigué et lassé, il va jusqu’à provoquer sa propre mort. Alors que Joel lui répète qu’il ne veut pas le tuer, qu’il n’a qu’à poser son arme et attendre, le sniper finit par faire le geste de tirer, conduisant Joel à le tuer.

Pour Craig Mazin, il n’était pas envisageable d’adapter la même tension qu’offrait le jeu dans cette séquence, quand il s’agit d’éviter les balles. Il y aurait eu « beaucoup d’esquives et de tirs », encore et encore. « Ce n’est tout simplement pas… ce n’est pas la série », dit-il. Mais une chose est sûre : son « obsession » pour ce principe du cul-de-sac et par le sniper. Une idée est alors venue sur le tapis : « (…) Et s’il y avait de la tristesse, dans tout cela ? »

Le sniper dans la série The Last of Us. // Source : HBO
Le sniper dans la série The Last of Us. // Source : HBO

« Puis on s’est dit : ‘Et s’il était nul ? Et si le sniper était vraiment mauvais et que tout ce que Joel avait à faire était de se déplacer et d’entrer là-dedans ?’ », raconte Craig Mazin. Une façon aussi d’insérer une histoire personnelle dans ce personnage qui, dans le jeu, n’est qu’un PNJ (personnage non-joueur) à abattre parmi d’autres. « Ce ne sont pas des soldats entraînés, ce sont des gens. Et ce type… a vu beaucoup de choses parce que… disons qu’il a, quoi, 80 ans. Cela veut dire que pendant 60 ans de sa vie, il vivait dans un monde parfaitement normal et que les 20 dernières années sont devenues merdiques. Et la tristesse est là. Dieu seul sait tout le chagrin qu’il porte. »

Craig Mazin et Neil Druckmann avaient déjà évoqué, lors de précédentes interviews, leur volonté d’humaniser chaque personnage que l’on croise et qu’aucune mort ne soit réellement banale — voire que chacune représente un poids pour les personnages. « Lorsque vous jouez une section [du jeu], vous tuez des gens, et lorsque vous mourez, vous êtes renvoyé au point de contrôle. Tous ces gens sont de retour, se déplaçant de la même manière », expliquait Craig Mazin au New Yorker avant la diffusion. « Voir une personne mourir, je pense, devrait être bien différent que de voir des pixels mourir. »

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