« Les groupes France Télévisions, M6 et TF1 annoncent aujourd’hui leur décision d’arrêter la plateforme SALTO. » Dans un communiqué de presse paru le 15 février, après des mois de rumeurs et d’aveux à demi-mots, les trois géants de l’audiovisuel français confirment la déprogrammation de Salto, leur plateforme de streaming commune lancée fin 2020. Parmi les causes de cet échec, il y a notamment le projet de fusion entre TF1 et M6, qui aurait dû permettre à Salto de devenir la plateforme des deux groupes privés, mais aussi l’absence de collaboration des opérateurs (Orange, SFR, Bouygues, Free…), qui ont préféré intégrer « des plateformes américaines » à leurs décodeurs plutôt que le service français.
L’échec de Salto est regrettable
Dans leur communiqué, l’alliance France TV, M6 et TF1 revendique « près d’un million d’abonnés » pour Salto, ce qui est largement supérieur aux 700 000-800 000 des dernières estimations. Quelques jours auparavant, le site l’Informé indiquait d’ailleurs que la réalité se situait, au mieux, autour des 630 000 abonnés. Difficile de savoir si Salto arrondit de beaucoup ou si Salto continuait à attirer de nouveaux abonnés tous les mois. Quoiqu’il en soit, on ne peut qu’avoir l’impression d’assister à un immense gâchis, puisque Salto a trop vite été délaissé par ses actionnaires.
Même avec 630 000 abonnés, Salto n’était pas un échec. Si la promesse d’un « Netflix français » est rapidement devenue irréalisable (comment acheter des droits intéressants quand la compétition a un budget en milliards ?), Salto a su trouver son public en devenant le meilleur moyen de consulter la télévision française sans publicités, souvent avant sa première diffusion télévisuelle. L’idée aurait pu fonctionner à moyen-terme, mais France TV, TF1 et M6 en ont décidé autrement.
Une alliance entre trois concurrents a déjà quelque chose de contre-nature, mais l’abandon de la fusion entre TF1 et M6 a encore plus crispé les relations entre les trois acteurs, qui ont tous voulu se retirer de Salto. TF1 a lancé myTF1 Max, M6 a lancé 6play Max… Depuis plusieurs mois, l’avenir de Salto semblait menacé. Les trois groupes ont aussi arrêté de promouvoir Salto à la fin de leurs programmes, comme si le service de streaming n’existait plus.
« Les actionnaires de SALTO ont jugé que les conditions n’étaient pas réunies pour la poursuite de SALTO dans son actionnariat actuel, du fait de la gouvernance complexe et contrainte de cette alliance et du refus de la plupart des opérateurs fournisseurs d’accès à Internet de distribuer la plateforme à l’instar des plateformes américaines. » Dans leur communiqué, France TV, TF1 et M6 pointent aussi du doigt les opérateurs, qui ont préféré Netflix, Disney+ et Prime Video à Salto. Le service de streaming français a toujours été l’objet de tensions et de rivalité (notamment avec le groupe Canal+), ce qui ne l’a pas aidé à se développer.
Que va-t-il se passer maintenant ? Même s’il est possible de jamais avoir cru au projet de service de streaming français, on ne peut que regretter que la France, malgré son investissement et des années de travail, n’ait pas réussi à se doter d’une plateforme indépendante des géants américains. Il reste des alternatives comme myCANAL et Molotov, mais aucune n’est en mesure de rivaliser avec Netflix ou Amazon. Reste désormais à savoir la date de fermeture de Salto, qui ne sera pas sauvé, ainsi que l’endroit où atterriront les centaines de programmes exclusifs à la plateforme.
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