Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard n’est pas un cas d’école, mais un cas de conscience. Pour beaucoup, il restera cette usine à polémiques qui déchire les fans, condamnée pour sa filiation inévitable avec J.K. Rowling (qui s’enrichit à chaque copie vendue). Pour Avalanche, il représente un projet casse-gueule, scruté par une horde de Potterhead qui ne fantasme qu’une chose : un jeu vidéo à la hauteur du pedigree d’une saga ayant biberonné tant de gens, pendant deux décennies.
Les fans vont chérir l’authenticité inespérée qui se dégage de Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard, matérialisée par une forme qui titille l’invraisemblable. Dès l’apparition de la prestigieuse école, on sent que les développeuses et les développeurs ont soigné l’aspect technique. Ils ont appris leurs leçons artistiques par cœur, dans le but de donner corps à un jeu qui respecte l’univers Harry Potter de A à Z. C’est presque de la sorcellerie à ce niveau de réussite graphique. Mais quand on retire le costume impeccablement épousseté, on se rend compte que Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard est plus un (bon) élève qu’un (inspirant) professeur.
Une réussite technique implacable
Sur JK Rowling
La rédaction a reçu le jeu vidéo Hogwarts Legacy pour le tester avant sa sortie. JK Rowling n’en est pas à l’origine et n’a pas été impliquée dans sa conception. Nous rejetons la transphobie active de l’autrice, qui finance des associations anti-trans, qui mettent en danger la vie des personnes trans.
De la première à la dernière seconde, on sent que le studio Avalanche était animé par un but louable : faire le jeu Harry Potter le plus beau qui soit. Sur ce point, il est vraiment difficile de prendre Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard à défaut, tant son rendu visuel est une caresse permanente. On pouvait le craindre, en raison de cette volonté de proposer le jeu ambitieux sur PS4 et Xbox One. Mais force est de reconnaître que, sur une console puissante comme la PS5, l’assise technique est appréciable. De bases solides nait l’incroyable sentiment d’être plongé au cœur de Poudlard, paradis modélisé d’une main de maître. C’est sous des yeux souvent ébahis, sinon écarquillés, que se dessine une profusion de détails donnant vie à l’édifice. Le tour du propriétaire n’en devient que plus addictif : là des tableaux qui s’animent quand on passe à côté, ici, des petits animaux qu’on meurt d’envie de caresser (les chats !). Le tout avec des décors extérieurs champêtres qui invitent tout autant à la balade.
Au regard de ces arguments difficile à contester, Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard ressemble bien à ce rêve éveillé pour les fans d’Harry Potter. Comment peut-il en être autrement ? Rien que la perspective de se balader librement dans Poudlard, animé par la curiosité de découvrir des salles jamais vues, à peine imaginés à partir de pages, est une opportunité immense. Vous y ajoutez des courses de balai (mais pas de Quidditch), des discussions avec les élèves, de nombreux secrets, les créatures fantastiques, des ectoplasmes qui errent sans but, des dizaines et les dizaines de tenues… et obtenez une adaptation irréprochable sur la forme. Il faut louer la capacité des développeurs à être parvenus à un tel résultat, alors qu’ils se savaient attendus au tournant.
Le studio Avalanche est allé jusqu’à intégrer les différentes saisons dans son jeu, construit comme une année scolaire. Même sans être un amoureux absolu d’Harry Potter, voir Poudlard enfiler son costume de Noël et les alentours se recouvrir de neige en hiver produit son petit effet. C’est en faisant constamment évoluer les environnements que Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard prouve à quel point il a été choyé, afin de mettre des étoiles dans les yeux de celles et ceux qui ont tant aimé suivre Hermione, Harry et Ron. Il est simplement dommage de déplorer l’absence d’un mode Photo, tant les merveilleux décors le méritent.
Hogwarts Legacy oublie d’être épique
Se balader dans les décors accueillants de Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard avec des papillons dans le ventre et une larme au coin de l’œil est une chose, prendre du plaisir à jouer pendant des heures et des heures en est une autre. Dans les grandes lignes, le jeu édité par Warner Bros. se révèle un peu trop scolaire pour basculer dans la catégorie des œuvres majeures — comme le sont Elden Ring ou encore The Legend of Zelda: Breath of the Wild. On sent qu’Avalanche a d’abord cherché à faire l’intello parfait, en récitant des leçons apprises sur le bout des doigts que, in fine, les joueuses et les joueurs connaissent déjà. L’efficacité sans fioritures parcourt le gameplay de Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard, qui oublie un ingrédient essentiel : le côté épique.
La narration quelconque n’y aide pas. Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard nous place dans la peau d’une ou un élève qui entre directement à Poudlard en cinquième année. On est lié à de la magie ancienne, particulièrement dangereuse, convoitée par des individus aux sombres desseins (une histoire de vengeance par des gobelins trop souvent opprimés). On oublie vite cet enjeu supposément majeur, puisque le sentiment d’urgence se dilue dans ce que le jeu sait faire de mieux : nous permettre d’incarner un ou une étudiante dans tout ce qu’il y a de plus exaltant (la découverte perpétuelle) et de plus redondant (suivre des cours, faire des devoirs). D’ailleurs, Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard ressemble parfois à un immense tutoriel.
Bref, quand on creuse un peu et que le « rêve éveillé » cède sa place à la réalité, le soufflet retombe, presque indubitablement. On ne fait alors qu’enchaîner les quêtes, qui apparaîtront de plus en plus génériques. Il y aura toujours matière à se laisser transporter par la magie de l’univers en lui-même, mais il faudra oublier le sentiment de vivre une épopée merveilleuse. Comme si une jeune personne — l’héroïne ou le héros — n’avait jamais vraiment droit au bonheur total (métaphore de la vraie vie ?). Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard est donc moins cette aventure grandiose promise par l’habillage, qu’une simple parenthèse « Vis ma vie d’étudiant à Poudlard ». Cette partie Les Sims x Harry Potter, immense point fort, suffira à la majorité des gens. Mais elle ne mérite pas tant d’éloges.
Enfin, le gameplay, si plaisant soit-il, n’est pas irréprochable. Les voyages en balai ? Ils n’offrent aucune sensation de vitesse, malgré une maniabilité encourageante. Les combats ? Derrière des premiers signes de variété dans les sorts à disposition, on finit vite par se rendre à l’évidence : Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard dissimule les joutes de magie dans un jeu de tir répétitif et éreintant. La faute à un équilibre douteux, lié à des ennemis qui ont trop de points de vie pour le peu de résistance qu’ils ont à offrir. On en vient à matraquer bêtement la gâchette droite jusqu’à ce que mort s’ensuive, maudissant les moins vulnérables du lot. Pour ne rien arranger, les affrontements n’ont rien de motivant en termes de progression, en raison de la faible quantité d’expérience qu’ils procurent. On préfère alors retourner en cours plutôt que de s’adonner à l’école buissonnière. Un bel exemple pour la jeunesse.
Le verdict
Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard
Voir la ficheOn a aimé
- Une réussite artistique et technique implacable
- On incarne vraiment un élève à Poudlard
- La variété des sorts
On a moins aimé
- Les combats vite insipides
- La narration poussive
- Les devoirs, comme à l’école
Si on regarde uniquement Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard sous le prisme de l’adaptation, alors la réussite est totale. Elle l’est tellement qu’elle saute aux yeux, imposée par cette réussite graphique inouïe et cette assise technique irréprochable. Pour beaucoup, il sera difficile de voir, et de vivre, autre chose qu’un rêve éveillé. En l’occurrence : celui d’avoir vraiment cette impression d’incarner un élève de la plus prestigieuse école, en scrutant et appréciant le moindre petit détail auquel ont pensé les développeurs.
Mais quand on gratte la magnifique couche de vernis brillant, Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard devient une aventure poussive à la structure trop scolaire pour en apprécier les enjeux et le gameplay. On finira même par pester contre les combats, vite démotivants, les balades en balai trop molles et les quêtes qui s’étirent plus que de raison. L’invitation à visiter Poudlard reste difficile à refuser, mais dès qu’on quitte l’édifice, la réalité vient rattraper le rêve. Le sort Revelio n’a jamais été aussi cruel.
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