Toby Fleishman est un quarantenaire, blanc, new-yorkais, médecin dans un grand hôpital, hétéro et marié depuis 15 ans. Bref, c’est un homme à qui tout réussi (ou presque) depuis sa plus tendre enfance. Son univers de privilèges bascule lorsqu’il décide d’entamer un divorce avec sa femme, Rachel. Jusque-là, c’est une étape plutôt banale de la vie.
Mais tout s’écroule encore davantage lorsque Rachel disparaît du jour au lendemain, en déposant leurs enfants de 9 et 11 ans, au beau milieu de la nuit, chez Toby… Vous pensez avoir affaire au début d’un grand polar type Gone Girl ? Erreur, vous venez surtout de débarquer dans une comédie dramatique pleine de cynisme et d’humour : Anatomie d’un Divorce (ou Fleishman is in Trouble), disponible sur Disney+ dès ce mercredi 22 février 2023.
De Jesse Eisenberg à Lizzy Caplan, un casting en or
Commençons par le plus évident : avec un casting composé, entre autres, de Jesse Eisenberg (The Social Network), Claire Danes (Homeland), Lizzy Caplan (Masters of Sex), Adam Brody (Newport Beach) et Josh Radnor (How I Met Your Mother), autant vous dire que la mini-série partait déjà avec un atout de taille. L’alchimie entre cette bande de comédiens est palpable à chaque instant, permettant à Anatomie d’un Divorce d’avancer tout simplement comme sur des roulettes. Tout est fluide, crédible et on se croit vraiment avec eux, dans cette histoire de mariage à la dérive.
Dans les rôles principaux de Toby et Rachel, Jesse Eisenberg et Claire Danes composent des personnages remplis de névroses, tantôt totalement effrayants et tantôt vraiment attendrissants. À leurs côtés, Lizzy Caplan brille de mille feux sous les traits de Libby, une vieille amie de Toby qui va se passionner pour l’affaire. C’est elle qui emmène le récit et qui guide le quarantenaire dans les méandres de ses souvenirs, pour comprendre comment il en est arrivé au divorce. Au passage, elle résout quelques-unes de ses propres crises existentielles, comme dans le magnifique épisode 6, dans lequel elle sombre dans la nostalgie.
La voix-off : le meilleur personnage
Adaptée du best-seller de Taffy Brodesser-Akner, par ses propres soins, Anatomie d’un Divorce bénéficie ainsi d’une écriture fine, où chaque mot est pesé à la perfection pour obtenir un timing comique ou dramatique impeccable. Menés par une voix-off féminine cynique et géniale, les 8 épisodes nous font ainsi passer du rire aux larmes en un instant. La chronologie du récit est pourtant totalement désarticulée, nous donnant l’impression familière qu’une amie nous raconte l’histoire, au détour d’un café.
La voix-off donne étonnement à ce désordre une précision inattendue, nous permettant de naviguer dans la narration sans encombre. Il faut dire que la réalisation et le montage, particulièrement ingénieux, nous plongent dans la vie de ces personnages comme si l’on observait un voisin depuis notre fenêtre, captant ainsi une tranche de vie. Il n’y a rien d’étonnant là-dedans puisque c’est le duo iconique composé de Valerie Faris et Jonathan Dayton (Little Miss Sunshine) qui a réalisé plusieurs épisodes de cette première saison. On y retrouve leur patte bienveillante envers leurs personnages, à chaque plan.
Oui, Toby mérite des claques
Et pourtant, disons-le clairement : le personnage de Toby mérite d’immenses claques et, manque de bol, c’est lui que l’on va majoritairement suivre dans ces 8 épisodes. De sa découverte des applications de rencontre après son divorce à sa carrière professionnelle, tout y passe. Mais c’est là tout le génie d’Anatomie d’un Divorce. Petit à petit, on comprend alors qu’on nous sert la version de l’histoire made in Toby sous toutes ses coutures, pour mieux nous raconter celle que les femmes n’ont jamais l’occasion de raconter : la leur.
Ce parti-pris subtile culmine dans les épisodes 6 et 7, qui abordent des thématiques encore trop rares à la télévision. Les violences obstétricales, le burn-out et la dépression post-partum sont ainsi frontalement mis en avant avec toujours une caractéristique commune : le contrôle des hommes sur le corps et les décisions des femmes. Anatomie d’un Divorce est ainsi une mini-série profondément féministe, qui traite avec justesse de la façon dont les hommes pensent que rien de mal ne peut leur arriver… jusqu’au jour où ils divorcent.
Coucou les ultra-riches
Empreinte d’une grande mélancolie mêlée à la traditionnelle crise de la quarantaine, Anatomie d’un Divorce expose ainsi comment un amour initialement parfait s’est transformé en catastrophe. On nous raconte comment la jeunesse s’envole et laisse place aux regrets, comment on peut, parfois, se perdre sur le chemin de la vie, et la façon dont on projette nos propres peurs et envies sur celles et ceux qui nous entourent. Le divorce est ainsi sondé dans toute son ampleur, devenant un « tremblement de terre pour ceux qui le vivent et un problème chronique pour les enfants qui y survivent », comme l’explique un personnage dans l’épisode final.
Et la mini-série, comme le livre original, ont la bonne idée de situer cette intrigue dans le milieu des ultra-riches, largement moqué, entre deux cours de yoga et autres maisons secondaires avec piscine. Si l’on aurait aimé que cet aspect soit encore plus sarcastiquement décortiqué, les 8 épisodes restent avant tout une analyse honnête, un peu blasée, et féministe des relations amoureuses hétéros. Bref, oubliez Woody Allen pour de bon et allez savourer ce petit bijou, vous ne le regretterez pas.
Le verdict
Anatomie d’un Divorce
Voir la ficheOn a aimé
- Lizzy Caplan est exceptionnelle
- Claire Danes aussi
- Bref, tout le casting
- La voix off, géniale
- L’épisode 7, quelle claque
On a moins aimé
- On a envie de claquer Toby
- Trop long et trop court à la fois
- On veut le spin-off sur Libby
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