Le portage de Batman Arkham Knight sur PC vire à la catastrophe industrielle. Malgré une interruption commerciale de quatre mois qui devait permettre à Rocksteady Studios de bénéficier du temps nécessaire pour fournir une version acceptable du dernier volet de la série Batman Arkham sur Windows, en corrigeant les bugs les plus handicapants, le jeu souffre encore de nombreuses défaillances techniques.
Une situation admise à contrecœur par le studio. Dans un message publié sur Steam, l’entreprise a été forcée de reconnaître que les correctifs publiés au cours des derniers mois n’ont pas permis de régler tous les problèmes. Arkham Knight reste gêné par de gros défauts de conception et, signe que la situation est désespérée, Rocksteady Studios ne sait pas s’il pourra un jour tous les résoudre.
C’est ce que le studio explique sur Steam. « Nous allons continuer à répondre aux soucis que nous pouvons solutionner et à vous informer sur les bugs que nous ne pouvons pas enlever », écrit la société, dont le message sonne comme un renoncement tant le fiasco du portage de Batman Arkham Knight sur PC est immense.
Nous allons continuer à répondre aux soucis que nous pouvons solutionner et à vous informer sur les bugs que nous ne pouvons pas enlever.
Faute d’avoir pu redresser le tir, c’est maintenant la carte du remboursement intégral qui est brandie. L’éditeur du jeu, Warner Bros Interactive, annonce que les joueurs ayant une copie licite du titre sur PC sont maintenant éligibles pour demander un remboursement complet, à condition d’en faire la demande avant le 1er janvier 2016. Et cela quel que soit le temps de jeu passé sur Arkham Knight.
« Nous sommes profondément désolés de voir que beaucoup de nos clients continuent d’être mécontents de la version PC de Arkham Knight. Nous avons travaillé dur pour que le jeu atteigne le niveau de qualité que vous méritez », s’est excusé Rocksteady, signant ainsi son impuissance face à une ribambelle de bugs qui continue d’empoissonner l’existence de nombreux joueurs.
UNE VERSION PC DÉLAISSÉE
Si Warner Bros Interactive ne s’est jamais épanché sur les raisons profondes de cet échec, deux salariés, restés anonymes pour ne pas mettre en péril leur emploi, ont livré cet été à Kotaku des explications qui permettent de mieux comprendre les causes de ce portage raté. D’après eux, l’éditeur et le studio de développement ont délibérément choisi de concentrer leurs ressources sur l’adaptation sur console.
Ainsi, sur la centaine de personnes mobilisées pour tester le jeu et relever tous les pépins apparaissant au cours d’une partie, seule une petite dizaine était assignée à la version PC. Tous les autres testeurs avaient pour consigne de vérifier la qualité du titre sur PlayStation 4 et sur Xbox One.
[floating-quote float= »right »]Des milliers de bugs signalés pour la version PC.[/quote]
Cette situation a duré plusieurs mois, empêchant la version PC de bénéficier d’un suivi correct. « Tous les problèmes que nous voyons maintenant étaient exactement les mêmes que ceux relevés il y a un an ». « Nous avons littéralement signalé des milliers de bugs qui étaient propres à la version PC et portant sur des problèmes d’animation » indique l’une des deux sources de Kotaku, en pointant notamment des soucis de texture.
Mais ce n’était pas le seul problème.
Les deux témoignages ont aussi mis en lumière l’insuffisance des procédures de test sur PC, en se limitant par exemple à une définition d’image de 720p. Cela explique, après coup, pourquoi la fluidité du jeu se dégradait avec une définition d’image plus élevée (1080p). Une politique qui est difficilement compréhensible, dans la mesure où les joueurs ont des configurations qui peuvent maintenant gérer des niveaux de détail très pointus.
Ils ont aussi confié que l’équipe en charge de la correction des bugs identifiés par l’équipe d’assurance qualité était aussi en sous-effectif, en tout cas pour la version Windows du jeu. Là encore, toute l’attention a été focalisée sur le portage sur console, qui était la priorité du studio. Celui-ci a cru bon de sortir quand même la version PC, en étant persuadé qu’elle était suffisamment correcte pour être vendue. L’histoire a montré le contraire.
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