Leon S. Kennedy est l’archétype du héros que l’on a envie de détester. Un beau gosse blondinet, toujours impeccablement peigné (même au terme d’une aventure haletante où il est censé se salir). Avec sa musculature saillante, il est bien plus athlétique que son compère Chris Redfield (l’autre figure masculine de la saga Resident Evil). À l’aise avec une arme au poing, il est aussi habile quand il s’agit de distribuer des coups. Et, tant qu’à faire, aucun personnage féminin ne résiste à son charme. Dans Resident Evil 4, il part carrément sauver la fille du président des États-Unis — une mission périlleuse, à la hauteur de sa stature enviable d’action hero.
C’est le sens de l’histoire : après Resident Evil 2 et Resident Evil 3, Capcom lance un remake de Resident Evil 4. Ce qui peut ressembler à une forme de routine cache en réalité un Everest à gravir. La firme japonaise s’attaque ici à un véritable monument, considéré par beaucoup — dont Numerama — comme le meilleur épisode de la saga culte. Le faux pas aurait difficilement été pardonnable. C’est avec un bonheur incommensurable que nous pouvons écrire que ce nouveau Resident Evil 4 est le meilleur remake du meilleur épisode. Ni plus, ni moins.
Resident Evil 4 est toujours le meilleur Resident Evil
Disponibilité
Resident Evil 4 est disponible sur PS4, PS5, Xbox Series S, Xbox Series X et PC à partir du 24 mars. Une version en réalité virtuelle est également en préparation.
Pourquoi Resident Evil 4 est-il le point d’exclamation d’une saga qui continue de nous abreuver de nouveautés aujourd’hui (Resident Evil Village date de 2021) ? Il suffit de se remettre dans le contexte de sa sortie. Resident Evil 4 fut un nouveau point de départ, qui troquait Raccoon City (unité de lieu de la trilogie initiale) et les zombies pour un voyage vers l’Europe — gangrénée par une autre menace, liée à une sombre secte. Ce fut surtout le dernier opus supervisé par Shinji Mikami. Le père des Resident Evil, qui a volé de ses propres ailes par la suite, a mis tout ce qu’il pouvait dans Resident Evil 4. Il assume s’écarter des carcans de ses prédécesseurs pour une aventure (déjà) plus spectaculaire — mais également terriblement variée. Cette orientation vers l’action aura donné tort aux héritiers, puisque Resident Evil 5 et Resident Evil 6 sont allés trop loin. Mais, Resident Evil 4 est, et demeurera, une formidable aventure articulée autour d’une générosité immense.
On pouvait craindre le pire du développement d’un remake, à cause des Resident Evil 2 et Resident Evil 3 respectivement parus en 2019 et 2020. Le premier a été remodelé dans une structure incohérente, imputable aux deux arcs scénaristiques proposés dans l’opus original. Quant au deuxième, il a été charcuté par Capcom, qui a condensé les moments forts dans un gloubi-boulga que l’on taxera de trahison. Fort heureusement, le remake de Resident Evil 4 évite de tomber dans l’un ou l’autre des pièges.
Il reproduit quasi à l’identique le matériau originel, agrémenté de divers éléments pour fluidifier et approfondir le récit ou effectuer des changements nécessaires (les quelques relents sexistes appartiennent au passé). Cette fidélité appréciable n’empêche pas Capcom d’imaginer des scènes 100 % inédites, de nouveaux puzzles ou encore des cinématiques supplémentaires. Il en résulte un Resident Evil 4 revigoré et respectueux des glorieux souvenirs que l’on en avait. Comme à l’époque, les moments de bravoure s’enchaînent, ici avec des frictions en moins (oubliez les séquences QTE, où il faut appuyer sur une touche au bon moment).
Une refonte gigantesque du jeu vidéo
La refonte visuelle de Resident Evil 4, à l’origine paru sur GameCube en 2005, est forcément moins surprenante que celles opérées pour les deux remakes déjà disponibles. Il n’y a rien d’illogique, le moteur étant le même. Sans être aussi flamboyant que Resident Evil Village (la vue à la première personne améliorerait-elle la perception ?), Resident Evil 4 s’offre quand même une sacrée cure de jouvence.
Entre les éclairages aveuglants, les jeux d’ombre aiguisés, la modélisation impeccable des personnages (charismatiques) ou encore les terribles effusions de sang, le jeu appuie davantage son atmosphère. Resident Evil 4 n’aura jamais été aussi poisseux, crade et malsain. Si l’action prédomine, l’horreur continue de contaminer l’écran avec une violence graphique à la limite de l’écœurant. En prime, Capcom peaufine encore son RE Engine, qui avait tendance à faire briller le moindre élément affiché (pour le réalisme, ce n’était pas idéal).
L’agrément survival-horror se retrouve aussi dans la bande son, fruit d’un gigantesque travail sur les bruitages. Sur PlayStation 5, entendre le rechargement de son pistolet favori dans la manette DualSense apporte un plus immersif indéniable, quand les cris incessants des ennemis viennent de partout. C’est saisissant et l’on comprend pourquoi il y a une valse de remakes de jeux typés horreur : les technologies d’aujourd’hui permettent aux développeurs d’appuyer le sentiment de peur avec réalisme, quand ils n’avaient que trois bouts de ficelle pour le faire vingt ans en arrière. Resident Evil 4 profite indéniablement de ces avancées, et la cuillère en argent est devenue une couronne en or massif.
Attention, défi
Le remake de Resident Evil 4 présente un certain niveau de défi, et l’on peut vite se sentir acculé. Évitez le mode hardcore pour une première partie, même si vous avez terminé l’épisode original.
En termes de gameplay, on fait bien évidemment un grand bond en avant par rapport aux sensations vécues en 2005. Comme les vieux Resident Evil, le quatrième épisode était limité par l’impossibilité de tirer en bougeant. Cette contrainte, paradoxalement disparue avec un spin-off (Resident Evil: Revelations sur 3DS), est oubliée derrière une souplesse plus moderne, même si ce Resident Evil 4 conserve une forme de lourdeur — charmante (certains n’aimeront pas).
Par conséquent, le jeu de Capcom ne deviendra jamais un TPS hyper nerveux. Bien au contraire : il implique de bien gérer ses munitions, de bien viser et d’utiliser au maximum les éléments permettant d’écourter les affrontements. Les développeurs sont allés jusqu’à ajouter des couteaux cassables, une nouveauté de survie qui s’avère très frustrante. Et, aussi, invraisemblable : quel couteau de combat de qualité se briserait au bout de quelques utilisations ?
Resident Evil 4 frappe fort quand il transforme certaines scènes clés pour en faire des moments encore plus inoubliables. Cette évolution nécessaire passe par des environnements repensés dans l’architecture (certains combats de boss gagnent en dynamisme) ou des séquences de gameplay refaites à 100 % (on pense à l’ennemi Krauser). En revanche, certaines choses restent gravées dans le marbre : les chapitres dans lesquels il faut se coltiner la fille du président sont toujours pénibles, tandis que le corps-à-corps est globalement risible — malgré l’ajout d’une parade. Il arrive au remake de Resident Evil 4 de sortir de son rôle et, à force de vouloir trop en faire, de tomber dans le ridicule. D’aucuns diront que cela fait partie du charme de la saga de Capcom, dont on adore un peu trop les travers pour que l’on ne fasse pas preuve d’indulgence.
Le verdict
Resident Evil 4
Voir la ficheOn a aimé
- Réussite technique et artistique implacable
- Un remake sans trahison
- Une aventure toujours spectaculaire
On a moins aimé
- Ashley, toujours insupportable
- Il faut arrêter avec les armes qui cassent
- Attention à la difficulté
Resident Evil 4 était un monument en 2005. Resident Evil 4 reste un monument en 2023. Pour ce énième remake, Capcom redore le blason de sa pépite, avec une fidélité et une générosité que l’on ne lui connaissait pas. Redécouvrir l’aventure européenne de Leon dans ces conditions est une bénédiction de tous les instants.
Beaucoup plus beau, clairement plus jouable, moins ringard, repensé sans tomber dans la trahison, ce remake de Resident Evil 4 coche absolument toutes les cases. On n’en attendait pas moins : après un Resident Evil 3 honteusement charcuté, Capcom n’avait pas le droit de ternir l’image du meilleur épisode de la saga culte. Resident Evil 4 est donc toujours le meilleur épisode de la saga.
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