La Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi) a publié lundi une nouvelle étude, consacrée au fonctionnement et à l’impact potentiel du site pirate Wawacity. S’il vous est méconnu rassurez-vous, pour nous aussi. Mais l’Hadopi explique qu’elle a choisi de s’y intéresser car il était (en août 2013) le troisième forum de liens illégaux le plus visité en France, et surtout parce qu’il livre un grand nombre d’informations publiques qui permettent de l’analyser.
Wawacity est en effet « le seul à afficher le nombre de clics que les consommateurs ont effectués, pour chaque oeuvre et chaque lien référencés par le site ». Les services de l’autorité administrative ont donc passé un an, depuis février 2014, à collecter les statistiques livrées par le site grâce à un robot crawler.
10 uploaders à l’origine de 76 % des clics d’internautes
Elle en a tiré quelques statistiques globales, qui montrent qu’au moment de son étude Wawacity proposait 48 497 titres, dont 43,8 % de livres électroniques (ebooks), 21 % de musique et 18,9 % de films, Mais les films, les ebooks et les séries sont les catégories où les liens sont les plus cliqués par les internautes, avec respectivement 25,3%, 23,9% et 19,9% de l’ensemble des clics.
Vous vous posez des questions sur Hadopi ? Nous avons compilé une grande FAQ pour tout savoir sur la riposte graduée, le fonctionnement des avertissements Hadopi, les moyens de sécuriser son accès à Internet, etc. Vous y trouverez également une lettre type pour répondre à l’Hadopi lorsque vous recevez un courrier d’avertissement.
L’ensemble de l’étude confirme surtout qu’un site comme Wawacity, qui donne la possibilité à tous les internautes d’ajouter des contenus et des liens, fonctionne essentiellement grâce à l’activité d’une poignée d’entre eux. Ainsi les 541 710 fichiers référencés ont été ajoutés par seulement 123 « uploaders » différents. Et surtout, les 10 premiers uploaders (les « bigs uploaders » selon la terminologie de l’Hadopi) représentent 81 % des liens générés et 76 % des clics.
Ces liens renvoient vers 37 hébergeurs différents, dont certains peuvent rémunérer les uploaders qui grâce à leurs liens peuvent provoquer des abonnements payants permettant de télécharger plus vite (c’était le modèle qui a conduit Megaupload devant les tribunaux).
De façon un peu tirée par les cheveux, puisqu’elle reconnaît elle-même que « rien n’indique que ces pratiques soient substituables », l’Hadopi tente aussi dans cette étude de montrer l’impact économique maximum de Wawacity sur les plateformes légales équivalentes, en particulier pour le top 30 des films les plus piratés sur le site. Pour ce faire, elle multiplie le nombre de clics totaux par le prix des offres de locations ou de téléchargement définitif disponibles sur les plateformes de vente ou location à l’acte. Elle en déduit que sur ce top 30, l’impact maximal serait de 12,4 millions d’euros, ce qui représente 0,51 % du budget (hors marketing) des films concernés. Mais il s’agit là d’un seul site.
Surtout, les 10 plus gros uploaders seraient responsables à eux-seuls de 92 % du préjudice maximal estimé pour les plateformes de VOD.
Top 30 (films) | Projection | Imputable aux big uploaders | % big uploaders |
---|---|---|---|
Estimation | 12,8 M?€ | 11,8 M?€ | 92% |
Manquants exclus | 12,4 M?€ | 11,3 M?€ | 91% |
Impossible, toutefois, d’en déduire un préjudice pour l’ensemble du cinéma. « Il nous est simplement possible de noter que la vidéo à la demande représente généralement une faible part des recettes générées par les films, dominées par la TV puis l’export », prend soin de noter la Haute autorité.
Au final, l’étude n’apporte pas grand chose à ce que l’on ne savait déjà sur le fonctionnement des gros sites pirates, mais confirme leur grande dépendance à quelques fournisseurs.
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