Nicolas Sarkozy multiplie les sorties médiatiques à l’emporte-pièce depuis quelques jours. Après avoir de nouveau réclamé la création d’une sanction pénale en cas de simple lecture de sites jihadistes, puis estimé qu’on est un jihadiste lorsqu’on consulte des images de jihadistes, le chef de file des Républicains s’est attaqué cette fois à la violence dans les jeux vidéo, en établissant un lien entre la violence des jeux vidéo et le comportement agressif de certains jeunes, faisant fi de toute la littérature scientifique qui existe sur le sujet.
Invité ce mercredi matin sur Europe 1, et réagissant au fait que plusieurs magasins de jouets ont décidé de retirer de la vente ceux qui représentent une arme, afin de ne pas créer d’incident alors que la France est en état d’urgence à la suite des attentats du 13 novembre, Nicolas Sarkozy a déclaré « qu’on pourrait peut-être regarder plus près ces jeux vidéo d’une violence inouïe qui sont dans tous les cadeaux qui sont donnés ».
L’ancien chef de l’État ne cite aucun jeu en particulier, mais on imagine sans peine qu’il pense à des jeux de guerre à la première personne comme Battlefield ou Call of Duty mais aussi à des mondes ouverts mettant en scène des univers plus ou moins sanglants, à l’image de GTA ou Metal Gear Solid V: The Phantom Pain.
Mais sur quoi repose le sentiment de Nicolas Sarkozy sur le lien entre les jeux vidéo et violence des jeunes, à part des préjugés infondés ? En effet, sur le plan scientifique, aucune relation de cause à effet n’a été établie avec certitude. Faut-il rappeler la synthèse récente d’une centaine d’études qui a conclu à l’absence de liens clairs démontrant un effet négatif des jeux vidéo sur le comportement des joueurs ?
Début 2014, une étude américano-européenne avait conclu que les jeux vidéo violents avaient effectivement un effet sur le comportement social des joueurs, en diminuant la capacité de maîtrise de soi, et en accroissant les attitudes de fraude et d’agressivité. Mais d’autres travaux ont mis en doute le lien avec le violence, voyant plutôt un impact de la difficulté des jeux, qui attisent la frustration.
Malgré toute cette recherche scientifique, qui devrait appeler au minimum à la prudence lorsque l’on s’exprime sur les effets des jeux vidéo violents sur les personnes, certains commentateurs n’hésitent pas à établir des liens clairs de causalité entre le contenu d’un jeu et l’attitude d’un individu. Breivik et Merah ? Ce serait la faute aux jeux vidéo. La mort de Clément Méric ? Idem. Les attentats de janvier ? Même discours.
Et pour le 13 novembre ?
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