J.K. Rowling sera « productrice exécutive » de la future série Harry Potter, créée et diffusée sur la plateforme Max, de la maison-mère de HBO. L’autrice britannique est pourtant l’une des voix majeures de la lutte contre les droits des personnes trans, depuis des années.

Les livres Harry Potter adaptés en série : c’est la nouvelle la plus importante annoncée par le groupe Warner Bros. Discovery le 12 avril 2023. La multinationale y a présenté Max, son futur service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) à l’international, anciennement appelé HBO Max.

Parmi les programmes inédits prévus (notamment la Mythomane du Bataclan, première série française), c’est bien sûr les aventures du sorcier qui ont le plus retenu l’attention des foules. Il faut dire que les projets qui concernent la saga sont toujours immensément suivis. Cependant, depuis quelques années, chaque nouveauté est accompagnée de son lot de polémiques, à cause des positions ouvertement transphobes de J.K. Rowling, l’autrice et créatrice de l’univers Harry Potter.

J.K. Rowling est partout dans la série Harry Potter

Ce qui saute aux yeux depuis l’annonce de Warner Bros. Discovery, c’est combien l’autrice est mise en avant dans la communication autour du projet. Dans le communiqué de presse, son nom revient pas moins de sept fois : elle y est présentée comme « productrice exécutive », ce qui veut dire qu’elle aura son mot à dire à toutes les étapes de la production, et qu’elle touchera une partie des revenus liés au succès de la future série.

Warner lui donne même la parole : « Il est important pour moi que Max se soit engagé à préserver l’intégrité de mes livres, et j’ai hâte de faire partie de cette nouvelle adaptation, qui permettra d’explorer un degré de profondeur et de détails uniques, que seule une longue série télévisée peut offrir », a déclaré J.K. Rowling.

Difficile de ne pas remarquer le grand écart entre cette annonce en grande pompe et la manière discrète dont J.K. Rowling semblait avoir été écartée du documentaire sur la « grande réunion Harry Potter », diffusé justement sur HBO Max aux États-Unis, fin décembre 2021. L’autrice avait assuré avoir été invitée, mais avoir refusé d’y participer, mais beaucoup estimaient que sa présence n’était pas la bienvenue, surtout aux côtés d’acteurs engagés pour les droits des personnes LGBTQI, comme Daniel Radcliffe ou Emma Watson.

Warner n’a pas précisé combien l’entreprise avait déboursé pour décrocher les droits d’adaptation de cette poule aux œufs d’or, mais vu la place de choix qu’occupe Rowling au sein du projet, celle-ci a dû âprement négocier. Et Warner, faire beaucoup de compromis.

Harry Potter sur Max, une des promesses fortes du nouveau service. // Source : YouTube/HBO Max
Harry Potter sur Max, une des promesses fortes du nouveau service. // Source : YouTube/HBO Max

J.K. Rowling est un des visages de la transphobie

Voilà plusieurs années que J.K. Rowling est devenue une des voix les plus audibles d’un mouvement qui lutte contre la reconnaissance des droits des personnes trans — et parfois de leur existence même. Tweets contre les personnes trans, lien vers des boutiques ouvertement transphobes : l’écrivaine s’est publiquement engagée depuis la fin des années 2010 dans le sillage des mouvements dits « TERF » (« Féministe radicale excluant les personnes trans »).

Au début de l’année 2023 est sorti le jeu vidéo Hogwarts Legacy, présenté comme un projet ambitieux en monde ouvert qui permettrait aux fans assidus d’explorer le château de Poudlard et ses environs, de manière fidèle aux œuvres originales. Si J.K. Rowling n’a pas fait partie du projet, elle a tout de même touché des dividendes grâce aux droits d’auteur de la franchise. Or, beaucoup ont fait remarquer que l’autrice britannique utilisait sa notoriété, mais aussi son argent pour soutenir des causes transphobes.

La communauté LGBT+ et ses alliés s’est alors retrouvée étrillée entre l’envie de profiter d’un contenu culturel qu’ils et elles ont apprécié pendant des décennies, et les besoins de marquer leur opposition aux positions ouvertement transphobes de la créatrice de cet univers.

Aujourd’hui, l’annonce d’une série Harry Potter, avec J.K. Rowling sur le siège passager, laisse un goût amer. Comme si l’appât du gain — Max va sûrement faire un carton en étant le diffuseur exclusif — justifiait de fermer les yeux sur les appels à la haine de l’autrice. À l’heure où les personnes trans subissent des violences étatiques et des répressions grandissantes aux États-Unis, le signal n’est pas anodin.

Interrogé sur la controverse autour de J.K. Rowling et sa réputation sulfureuse, Casey Bloys, le CEO de HBO, a estimé que les discours qui l’entourent étaient « surtout des conversations en ligne » et « qu’il est certain que [le débat] est nuancé et compliqué. » « Notre priorité, c’est ce qui est à l’écran. Et évidemment, l’histoire d’Harry Potter est incroyablement formatrice et positive, parle d’amour et d’acceptation de soi. »

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