Une colocation où toutes les langues se mélangent, une année d’études, des soirées alcoolisées et des crises existentielles : non, vous n’avez pas remonté le temps pour vous retrouver à Barcelone, au milieu de L’Auberge Espagnole. 20 ans après ce film français resté culte, vous avez plutôt atterri à Athènes, cœur battant de Salade Grecque, disponible sur Prime Video dès ce vendredi 14 avril 2023.
Dans cette suite de la trilogie composée de L’Auberge Espagnole, Les Poupées Russes et Casse-tête Chinois, vous retrouverez Xavier et Wendy, qui approchent désormais la cinquantaine. Si le duo a divorcé depuis longtemps, ils ont tout de même eu deux enfants ensemble : Tom, 26 ans, et Mia, 22 ans. Frère et sœur se retrouvent alors à Athènes, en confrontant deux parcours, deux ambiances. Tom vient ainsi de lancer sa start-up à New York, tandis que Mia a lâché ses études en Grèce pour s’engager dans des associations d’aide aux réfugiés. Leurs deux visions du monde vont s’entrechoquer, tandis qu’ils partagent une colocation avec de nombreux autres jeunes Européens.
Tout repose sur la nouvelle génération
On vous rassure tout de suite : vous n’avez pas besoin de connaître par cœur la trilogie originale pour tomber sous le charme de Salade Grecque. Évidemment, le souvenir de cette première expérience multilingue pourra vous aider à reconnaître des visages connus. Romain Duris, Kelly Reilly et Cécile de France reprennent ainsi leurs rôles iconiques dans des apparitions remarquées, au fil des 8 épisodes.
Mais en dehors de ces caméos réguliers, tout repose en réalité sur la nouvelle génération, menée par Tom et Mia. Incarné par Aliocha Schneider (Germinal) et Megan Northam (Les Passagers de la Nuit), le duo est bluffant de crédibilité. On y croit vraiment, à leurs embrouilles comme à leurs retrouvailles complexes de frère et sœur, éloignés pendant trop longtemps. Les deux comédiens, dont le jeu est désarmant de naturel, nous embarquent ainsi dans une saison 1 qui pourrait bien toucher les jeunes adultes en plein questionnement intérieur.
Erasmus, cette parenthèse enchantée
Voilà d’ailleurs la meilleure idée de Cédric Klapisch, réalisateur de la trilogie de L’Auberge Espagnole et créateur de Salade Grecque : faire reposer l’intrigue sur ce binôme convaincant, et non plus sur les seuls malheurs de Xavier (Romain Duris), comme dans les films. Ce parti-pris offre un aspect rafraîchissant à ces nouvelles intrigues, loin d’un seul personnage égocentré, à qui l’on avait souvent envie de mettre des claques. Le format sériel se prête d’ailleurs particulièrement bien à l’exploration d’une jeunesse engagée, à travers le destin d’un groupe très éclectique.
Si l’on pouvait regretter de ne pas suffisamment connaître certains personnages secondaires de L’Auberge Espagnole, Salade Grecque répare ce tort. On termine ainsi cette saison 1 avec l’envie de poursuivre nos aventures auprès de cette bande, dans le décor à la fois paradisiaque et explosif d’Athènes. Comme les films en leur temps, l’alchimie polyglotte de ces 8 épisodes représente parfaitement l’ambiance d’une expérience Erasmus, pour quiconque a eu la chance d’en profiter : des inconnus de tous pays se retrouvent pour partager 6 mois ou une année de folie, entre histoires d’amour, solidarité entre colocs et soirées en boîte.
On vibre ainsi aux côtés de Tom, Mia, Giulia, Noam, Reem ou encore Pippo, pendant cette parenthèse enchantée aux émotions intenses. Clairement, Salade Grecque vaut surtout pour cette ambiance internationale dépaysante, pas si fréquente sur le petit écran. La conclusion fait d’ailleurs magnifiquement écho à celle de L’Auberge Espagnole, qui donne grandement envie de partir aux quatre coins du monde avec son sac à dos ou de remonter le temps pour bénéficier du programme Erasmus, rien qu’une fois.
On frôle parfois l’indigestion devant Salade Grecque
Pour autant, si l’atmosphère de Salade Grecque est enivrante, elle pêche par quelques facilités scénaristiques. Alors, oui, la série brille par la diversité et l’importance de ses thématiques (crise migratoire, violences sexistes et sexuelles, deuil, transidentité, activisme politique, héritage familial, privilèges de classes sociales…). Mais elle tourne aussi un brin au vinaigre à force de vouloir cocher toutes les cases des maux de l’époque. Chaque sujet est seulement survolé, là où l’on aurait aimé des récits plus profonds sur chacun des enjeux cruciaux pour la jeunesse de 2023.
Ce manque de consistance nuit véritablement à la cohésion de la série, comme lorsqu’un personnage évoque son avortement pour justifier son absence à un événement familial, sans jamais aller plus loin. Il ne suffit pas d’évoquer des sujets pour bien les traiter et on ressort de l’ensemble avec l’impression que les questionnements s’enchaînent, sans jamais être véritablement développés. Beaucoup de fils narratifs sont alors réglés à la va-vite, ou même utilisés comme simples ressorts pour des cliffhangers, là où l’on aurait aimé prendre davantage notre temps.
Salade Grecque est justement plus réussie lorsqu’elle s’attarde réellement sur le destin intime de ses personnages, davantage que sur des oppositions binaires. La confrontation entre les deux mondes de Tom et Mia sonne ainsi un peu forcée, enfermant les protagonistes dans des cases inutiles. Heureusement, la série libère ces personnages dans la deuxième moitié de la saison, leur permettant d’exister dans leur entièreté, et pas seulement sur la base d’un stéréotype. On aurait préféré que cette Salade Grecque se contente de moins d’ingrédients, mieux dosés et surtout mieux assaisonnés.
Le verdict
Salade Grecque
Voir la ficheOn a aimé
- Megan Northam et Aliocha Schneider, meilleur duo
- Une ambiance Erasmus dépaysante
- Une série sur l’activisme politique, on dit oui
On a moins aimé
- Trop de thématiques tue la thématique
- Le retour de William, l’insupportable frère de Wendy
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