À moins d’une semaine de la sortie au cinéma du septième volet de Star Wars, il devient très compliqué d’éviter les spoilers sur le scénario du film, qui a été jusqu’à présent plutôt bien préservé. Mais avec la multiplication des bandes-annonces et des spots TV, sans parler de tout le merchandising qui se met en branle pour profiter à fond des fêtes de fin d’année, Disney joue dangereusement avec le feu.
La preuve avec cette histoire invraisemblable racontée par Ars Technica. Outre-Atlantique, deux animateurs d’un podcast consacré aux figurines Star Wars ont eu la désagréable surprise de recevoir une notification d’infraction au droit d’auteur pour avoir publié une photo d’une figurine sur leur page Facebook. La figurine en question représente Rey, qui est incarnée au cinéma par Daisy Ridley.
Rey, un personnage-clé de la nouvelle trilogie de Star Wars.
Évidemment, se pose la question de l’origine de cette photo : est-ce un cliché volé ? S’agit-il d’une figurine dérobée dans un entrepôt, alors que sa mise en vente devait survenir après la sortie du film ? Rien de tout cela, selon les explications données par les deux animateurs : la figurine a été achetée tout à fait normalement dans un magasin Walmart aux USA et la photo a été prise par l’équipe du podcast.
En outre, le personnage de Rey n’est pas du tout secret : il apparaît dans la quasi-totalité des contenus audiovisuels sortis par le géant du divertissement et Daisy Ridley participe très largement à la promotion du film. Ce n’est pas comme si l’on avait montré le visage de Kylo Ren, dévoilé l’installation spatiale de l’Empire ou montré en détail de ce que devient ou fait Luke Skywalker. Alors quoi ?
Une figurine qui en dit beaucoup sur Rey
Hé bien, il s’avère que la figurine comporte des indications qui permettent d’en savoir plus (trop sans doute) sur le personnage de Rey et son rôle dans l’histoire. Nous n’allons bien sûr pas dire lesquelles, afin d’éviter tout spoiler malheureux. Mais il est certain que cette figurine en dit beaucoup sur l’intrigue. Et ça, Disney ne peut pas l’accepter ; et cela, même si les animateurs du podcast n’ont rien fait de manifestement illicite.
La notification, envoyée conjointement par Disney, Lucasfilm et des représentants de la loi — mais pas par Hasbro, qui produit cette ligne de produits —, n’a bien sûr pas empêché la diffusion de l’image partout sur Internet, même si Ars Technica note que d’autres usagers (notamment un qui a eu le tort apparent de retweeté des clichés relayés par d’autres comptes) ont aussi reçu une mise en garde.
Sur le strict plan du droit, Disney dispose évidemment des droits sur tout ce qui provient de Star Wars. Et vu les montants avancés par la société pour acquérir Lucasfilm, à savoir 4,5 milliards de dollars, on peut comprendre qu’elle se montre très sensible sur tout ce qui pourrait affecter, d’une façon ou d’une autre, l’accueil du premier film de la nouvelle trilogie. Cela inclut visiblement les spoilers.
Mais aux États-Unis, il existe aussi un droit pour le public d’utiliser les œuvres de façon acceptable, sans avoir à obtenir l’autorisation préalable de l’auteur ou du producteur. Il s’agit du fair use et ce principe juridique vise à prendre en considération l’intérêt du public. À cela s’ajoute le fait que la figurine était proposée dans le commerce et que la photo a été réalisée par l’équipe. En somme, l’erreur des animateurs n’est pas flagrante.
La loi sur le DMCA peut-elle autoriser une firme comme Disney à agir contre les spoilers qui sont provoqués par les figurines qu’elle commercialise, en partenariat avec d’autres sociétés ? C’est faire une interprétation bien large de la législation américaine. Si faute il y a, il faut peut-être plutôt chercher du côté du magasin : il n’est en effet pas impossible que la figurine ait été mise en rayon un peu trop tôt.
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