Depuis 2007, les scénaristes américains et l’industrie du cinéma traversent une longue période de paix. Habitués à se disputer sur les conditions de travail des scénaristes, les syndicats négocient tous les 3 ans avec Hollywood, afin d’éviter de revivre une crise similaire à celle de 2007. Il y a 16 ans, pendant 100 jours, toutes les émissions en direct avaient été annulées. Les séries TV, comme Lost, Prison Break, Desperate Housewives ou Dr. House, avaient été amputées de plusieurs épisodes, faute de scénaristes pour les écrire. Une année noire pour l’industrie du cinéma et de la télévision, qui avait prouvé au monde à quel point les scénaristes étaient importants.
Le 2 mai 2023, après plusieurs mois de négociation, les syndicats des scénaristes ont annoncé le début d’une nouvelle grève. Si la situation ne se règle pas rapidement, les répercussions sur l’industrie de la télévision et du streaming pourraient être immenses.
Les émissions déprogrammées, les séries TV en danger
Toutes les émissions de télévision scriptées en direct, comme les Late Shows (Jimmy Fallon, Stephen Colbert, John Oliver…) ou les émissions de sketches (Saturday Night Live) seront déprogrammées dans les prochaines heures. Comme en 2007, sans scénaristes, la télévision américaine en direct risque de connaître l’écran noir. Une situation particulièrement problématique dans un pays où tout est scripté, et qui risque d’amener les chaînes à rediffuser beaucoup d’anciens programmes. Depuis plusieurs semaines, le New York Times rapporte que plusieurs cadres de l’industrie s’inquiètent de cette situation. Le covid a déjà déprogrammé beaucoup d’émissions, cette grève va mettre beaucoup de personnes dans des situations précaires.
La production des séries télé et des films risque elle aussi d’être à l’arrêt, mais l’industrie dispose d’une avance de plusieurs semaines pour limiter les dégâts. Aux États-Unis particulièrement, les créations sont généralement tournées plusieurs mois en avance, ce qui devrait laisser de la marge aux chaînes et aux services de streaming. En revanche, si la grève s’éternise, alors il est très probable que les futures saisons de vos séries préférées perdent des épisodes ou que la qualité de l’écriture soit moins bonne. Plus la grève durera, plus l’industrie de la télévision souffrira.
Que demandent les scénaristes ?
Les scénaristes exigent plusieurs choses des syndicats, comme un encadrement de l’intelligence artificielle, mais leur revendication principale concerne la rémunération. Les syndicats constatent que l’industrie de la télévision n’a jamais été aussi puissante, mais que les scénaristes gagnent moins d’argent qu’avant (les plateformes de streaming commandent des saisons de 8-12 épisodes, contre 24 à la grande heure des chaînes de télé, et rémunèrent à tarif fixe). Les syndicats souhaiteraient que les scénaristes soient rémunérés lorsqu’une œuvre est rediffusée, en prenant en compte la SVOD. La majorité de leurs problèmes provient de l’explosion de Netflix, Prime Video, Disney+ ou Apple TV+, qui ont révolutionné le fonctionnement de la télévision.
Enfin, les scénaristes s’en prennent aux « mini-rooms », une pratique de plus en plus récurrente qui consiste à réunir des auteurs dans une salle pour écrire une émission avant qu’elle soit officiellement commandée, sans les impliquer ensuite sur les tournages. Eux veulent encadrer ces pratiques, pour être payés à leur juste valeur.
Pourquoi la grève risque de durer
Comme en 2007, les syndicats semblent vraiment remontés contre Hollywood. De son côté, l’industrie du cinéma semble à des années-lumière de leurs revendications, d’autant plus qu’elle considère le moment comme inopportun. Le contexte économique a provoqué des milliers de licenciements, tandis que les chaînes de télé perdent du monde à cause de la montée en puissance des services de streaming. Eux ne sont pas prêts à faire toutes ces concessions, ce qui pourrait parasiter l’industrie pendant de longues semaines.
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