Jotun fait partie de ces jeux qui attirent en tout premier lieu l’œil avec sa direction artistique envoûtante. Même si la vie nous apprend qu’il ne faut pas craquer sur un album pour sa pochette ou éviter de surestimer la qualité d’un jeu Super Nintendo pour sa boîte cartonnée, il arrive encore que l’on se laisse simplement séduire par les graphismes d’un jeu vidéo. C’est exactement ce qu’il se passe avec Jotun.
Jotun est un jeu de type action/exploration créé par le studio Thunder Lotus Games et qui prend place au sein de la mythologie nordique. Vous l’avez deviné, la première chose qui tape vraiment à l’œil concernant Jotun, ce sont ses images. Tout a été entièrement dessiné à la main, avec un choix de design et de couleur qui vous invite dans un monde à la fois enchanteur et inquiétant.
L’histoire de Jotun raconte l’expérience de la mort selon la mythologie nordique. Celle d’une guerrière viking, Thora, qui a perdu la vie lors d’un naufrage. Cette mort sans gloire et sans combat lui interdit l’entrée au Valhalla, le paradis des guerriers nordiques. Thora se voit offrir une seconde chance : si elle parvient à prouver sa valeur aux dieux, les portes du Valhalla lui seront ouvertes. Prouver sa valeur dans Jotun consiste à vaincre des géants représentant les forces de la nature dans la mythologie nordique : les Jötnar.
Occir des dieux : mode d’emploi
Les géants de Jotun sont au nombre de cinq et devront tous être vaincus à la force de Thora et de sa hache. Au commencement du jeu, Jotun nous plonge dans les vertes prairies et forêts jalonnant Yggdrasil, l’arbre de vie. C’est à cet instant que le joueur découvre petit à petit les éléments de gameplay qui s’offrent à lui. Ces éléments sont assez simples : un bouton est assigné pour les coups de hache standards, un autre permet d’asséner un coup plus puissant, mais extrêmement lent à déclencher. Un bouton permet également d’effectuer une esquive, dont le timing d’exécution est lui aussi un peu spécial. Il faudra s’y habituer avec le temps pour espérer effectuer des esquives efficaces et ne pas se prendre des coups dans le nez en chemin.
Au fil de notre aventure, Thora rencontrera des autels de différents dieux, qui lui octroieront des pouvoirs. C’est ainsi que l’on découvre la dernière fonction du jeu. La première déesse à nous offrir ses dons est Frigg, déesse d’Asgard, des naissances et de la sagesse. Il s’agit d’un sort de soin qui, comme tous les autres pouvoirs que le joueur gagnera dans le jeu, sera à utiliser avec parcimonie car le nombre d’utilisation est très limité. Pour récupérer l’ensemble de sa barre de vie et son compte de sorts, il faudra aller voir Mimir, ce dieu dont seule la tête sort d’un bassin d’eau. Là aussi, il faudra calculer ses visites si vous comptez rester un moment dans certains niveaux, puisque Mimir vous offre ses services une seule fois dans chaque niveau. Il faudra sortir et rentrer à nouveau pour en bénéficier ensuite.
Le Ginnunga-quoi ?
Une fois toutes les clés du jeu en main, vous êtes donc fin prêt à casser du géant. Du moins en théorie. Notez bien cette phrase sur la théorie, nous y reviendrons. Pour ouvrir les portes menant à l’arène de chaque Jötunn, il faudra d’abord explorer chaque niveau afin de rassembler les runes qui constituent le sésame vers le combat. C’est alors que Jotun se transforme en jeu d’exploration couplé à des phases d’énigmes, où il faudra trouver à chaque fois rune, nouveau pouvoir et une des pommes d’Idunn qui rallongera votre barre de vie. Cette dernière n’est pas indispensable pour continuer l’aventure, mais vivement recommandée.
Vous ne parvenez pas à obtenir tous les objets du premier coup ? Pas de panique, vous pouvez explorer les niveaux débloqués à l’envi, en sortir et y retourner en passant par le Ginnungagap, cette sorte de passerelle du néant qui vous permet de voyager entre les mondes.
Vous reprendrez bien un peu de mandale ?
Vous vous souvenez toujours de cette phrase sur la théorie des combats ? Parce que c’est là qu’on rigole. Une fois les niveaux terminés et la porte vers l’un des cinq Jötnar ouverte, le combat commence. Un combat contre un sac à PV géant où chaque coup de hache vous donnera l’impression d’offrir l’équivalent d’une pédicure gratuite aux pieds de votre ennemi. Les combats peuvent être très longs. Il faudra observer attentivement les mécanismes des boss et ne laisser place à aucune erreur : un coup de ces colosses vous soulage de la moitié de votre barre de vie.
C’est à ce moment précis que l’on a tendance à maudire l’extrême lenteur des coups et des déplacements de Thora. Chaque attaque doit être minutieusement réfléchie et anticipée selon le timing de ses actions. Activez un coup puissant trop tard, et vous n’aurez jamais le temps de vous enfuir si l’un des boss riposte. L’utilisation des sorts en combat devient un véritable calcul stratégique. « Dois-je attendre la deuxième phase du combat pour épuiser mes sorts ou est-ce que je balance tout au plus vite ? ». Tant de questions qui auront la mort comme réponse.
Un des problèmes dans ces combats, c’est la question de l’utilisation des sorts fraîchement acquis. Pour un joueur habitué aux mécanismes de game design, la logique voudrait qu’une mécanique nouvellement obtenue soit mise en application dans un contexte précis pour démontrer au joueur son efficacité et ses usages. Il s’avère que Jotun est quelque peu déstabilisant à ce niveau.
un game design déstabilisant
En effet, en recevant un nouveau pouvoir, on s’attend à ce qu’il faille l’utiliser contre le boss suivant pour décrocher une victoire assurée. Dans les faits, ce n’est pas si évident. Il y a plusieurs façons de battre les boss, et une nouvelle forme de pouvoir n’est pas la condition sine qua none pour remporter le combat. Il ne faut donc pas trop s’évertuer à se cantonner à l’utilisation d’un pouvoir en particulier pour espérer gagner. Faites à votre sauce. C’est au joueur d’établir sa propre stratégie d’attaque en fonction des mécanismes du boss, de son expérience et de son attitude de jeu.
Pour parler personnellement, j’ai battu le Jötunn Isa sans utiliser une seule fois le pouvoir de Thor et de son marteau. Pourtant celui-ci s’obtient dans les niveaux précédant la rencontre avec le géant, la logique aurait donc voulu que le jeu nous mène d’une manière ou d’une autre à privilégier cette attaque. Or il n’en est rien. Parallèlement à ça, ce pouvoir se révèle extrêmement efficace contre la Jötunn Hagalaz, boss succédant à Isa.
Une expérience à vivre
Au-delà de ce souci de game design qui se surmonte une fois que l’on a compris comment fonctionne Jotun, le jeu se révèle être une expérience vidéoludique qu’il faut vivre, pourvu que l’on soit un joueur qui aime les combats acharnés contre des gros sacs à PV. Le challenge de Jotun avec ses boss est intéressant. Les mécanismes sont relativement bien travaillés, il faut faudra probablement une petite poignée de défaites pour comprendre toutes les ficelles de chaque boss, et beaucoup de patience.
Jotun est un jeu qui se joue en connaissance de cause. C’est-à-dire que si l’on s’attend à un hack n’ slash nerveux où l’on souhaite éprouver une sensation de puissance en exterminant des centaines de mobs, Jotun n’est pas le jeu qu’il faut. Il s’agit là d’un jeu d’exploration assez contemplatif, avec des mouvements de dézoom permettant de profiter de la vue et des paysages dessinés à la main (mais parfois intempestifs lors des combats, si bien qu’il est arrivé que l’on se perde sur l’écran). Jotun est aussi doté de phases de puzzle qui n’ont rien de bien compliqué, pourvu que l’on parvienne à se situer sur une carte sans indice de position.
Outre les inconvénients sur la lenteur de Thora et de ses mouvements ou encore l’histoire des sorts, Jotun reste envoûtant tant par sa beauté que dans son apport de challenge. Rien ne sera plus gratifiant que de vaincre enfin un géant après de multiples essais, tous avec une stratégie d’approche différente. Si vous êtes friand de mythologie nordique ou si vous souhaitez vous y initier, Jotun offre des éléments cosmogoniques qui vous permettront d’en connaître un peu plus sur les origines des dieux nordiques.
TL ; DR
Jotun est un jeu d’action/exploration dans l’univers de la mythologie nordique qui offre une très belle direction artistique. Les niveaux se terminent rapidement et offrent peu de challenge, tandis que les boss se révèlent être de gros sacs à PV très puissants. Le jeu a une durée de vie d’environ 5 à 10 heures selon la longueur que dureront les combats et le nombre d’essais effectués. L’inconvénient de Jotun est que la guerrière que l’on incarne est relativement lente, rendant ainsi l’exploration et les combats laborieux. Jotun reste cependant une bonne expérience de jeu pour qui cherche des combats avec du challenge et qui s’intéresse à la cosmogonie nordique.
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