The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est bien le jeu espéré. C’est une suite dont les nouveautés peaufinent un peu plus une formule renouvelée en 2017, et difficilement égalée depuis. Prévoyez des dizaines d’heures devant vous. Critique sans aucun spoiler.

Il serait malhonnête d’affirmer qu’on a tout vu de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, même au bout de plusieurs dizaines d’heures de jeu. Se lancer dans celui qui a longtemps été connu comme « la suite de The Legend of Zelda: Breath of the Wild » revient à s’attaquer à l’Everest. C’est une aventure massive qui demande un investissement total, au point de perdre le sens de la réalité et de ne jamais voir le temps passer (35h de jeu = 10h en ressenti). Les heures défilent à mesure qu’on se livre corps et âme à la nouvelle épopée de Link. Bien entendu, elle vous le rendra au centuple.

C’est peu dire que The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom représentait un risque certain pour Nintendo. Alors que l’entreprise est historiquement peu habituée aux suites directes, elle s’est lancée dans un pari assez invraisemblable. Celui de proposer un successeur à un jeu considéré, par beaucoup, comme le titre de la dernière décennie. Nintendo aurait pu passer à autre chose et partir sur une toute autre orientation — les fans ne lui en auraient probablement pas voulu. Mais nous voilà repartis pour des balades à Hyrule, au sein d’environnements qu’on pensait connaître et avec des habitudes qu’on croyait revenir. Là se trouve la force de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, qui magnifie une formule qui avait transgressé un genre entier et bouleversé une saga six ans plus tôt. Dès lors, l’idée n’est plus de réinventer, mais de peaufiner. Et la réussite est absolue.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom // Source : Nintendo
Paradoxalement, il n’y a pas vraiment de main tendue dans The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom // Source : Nintendo

Zelda: Tears of the Kingdom, ou l’ode à la débrouille

Nintendo s’était arrangé pour en montrer le moins possible, préférant accentuer la communication sur l’intégration de quatre nouveaux pouvoirs (liés à l’intrigue). On a même cru que The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom deviendrait un builder, soit un jeu qui nous demanderait constamment d’assembler des choses pour avancer. Autant vous rassurer d’emblée : ce n’est pas tout à fait vrai. Certes, on a parfois l’impression de jouer à des Meccano, sauf que cette évolution ne prend jamais le pas sur le reste. Elle vient s’intégrer à une boucle de gameplay toujours articulée autour de cette échappée dans l’inconnu. The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom vous dira souvent où aller, mais jamais comment y aller. En découle une myriade de possibilités, démultipliée par ces pouvoirs susceptibles de tout changer dans l’approche.

Si le terrain de jeu — Hyrule — est le même, Nintendo l’a suffisamment modifié pour éviter le sentiment de redite. Mieux, il a retravaillé l’espace pour lui offrir une verticalité supplémentaire. On ne parle pas uniquement des montagnes, qu’on pourra continuer de grimper tels des alpinistes, si la jauge d’endurance le permet. Hyrule a désormais des cieux qu’on peut visiter, ainsi que des profondeurs qui ressemblent à un aller simple vers l’enfer. Additionnez tous ces environnements à l’ambiance diamétralement opposée et vous aurez une bonne idée de la superficie accessible. À pied, sur un cheval, avec un véhicule conçu sur le pouce, sur terre, sur la mer, dans les airs… Le sentiment de liberté est sans cesse décuplé.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom // Source : Nintendo
Ce pouvoir permet de coller des objets ensemble pour résoudre des énigmes ou construire des véhicules // Source : Nintendo

Par conséquent, The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom ne mise pas sur des leviers si différents de ceux de The Legend of Zelda: Breath of the Wild. On retrouve le même plaisir à se perdre pendant des heures et des heures, à enchaîner les Sanctuaires comme une drogue dure. On adore toujours autant rejoindre un point intriguant, par simple curiosité. On apprécie volontiers cette ode permanente à la débrouille, qui récompense sans cesse l’imagination, l’intelligence et l’observation. Il faut parfois être malin pour s’en sortir à Hyrule, et c’est terriblement gratifiant de parvenir à son but sans forcément devoir respecter des codes préétablis. Il n’y a pas qu’un seul cheminement possible dans The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, et votre voisin verra peut-être des trucs dont vous ne soupçonnerez jamais l’existence.

Votre voisin verra peut-être des trucs dont vous ne soupçonnerez jamais l’existence

Nul doute que les nouveaux pouvoirs, qui facilitent grandement l’exploration si on se donne un minimum la peine de les exploiter (et de penser à les utiliser), constitueront une mine d’or pour les plus passionnés et les plus motivés. Il faut s’attendre à voir des milliers de séquences cocasses et/ou impressionnantes être partagées dans les semaines, mois et années à venir, via les réseaux sociaux. Le potentiel est infini et, pour les créateurs de contenu, c’est du pain béni.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom // Source : Nintendo
Link est toujours le héros dans The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom // Source : Nintendo

Attention, The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est dur

Derrière ce gameplay de tous les possibles, il faut garder un point essentiel en tête : on n’est jamais vraiment contraint dans The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom. Vous ne voulez pas passer de longues minutes à concevoir la voiture la plus belle et fonctionnelle qui soit ? Pas de souci. Vous avez d’autres options envisageables. Nintendo vous fournit simplement des outils, inspirés et inspirants, pour que vous soyez en mesure de façonner votre aventure de A à Z, pas à pas, à votre rythme. Si les nouveaux pouvoirs peuvent paraître effrayants de prime abord, rien ne vous oblige à les utiliser tout le temps. En réalité, ils s’introduiront d’eux-mêmes, presque naturellement, jusqu’à devenir indispensables au gré des péripéties.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom n’est pas une course à la perfection absolue. Comme dans la vie, on s’efforce de faire au mieux avec ce qu’on a, en s’adaptant aux différentes situations. Il y a des contraintes, mais elles s’effacent au profit d’opportunités qui érigent le savoir-faire de Nintendo au rang de réussite incontestable. On comprend pourquoi cette suite a mis autant de temps à voir le jour. Les expérimentations ont dû être nombreuses pour arriver à un tel résultat, à la fois maîtrisé, chronophage et permissif.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est un jeu caméléon qui donne toujours l’impression de n’en caresser que la surface. Un coup, on crapahute, l’instant d’après, on cuisine. Quelques minutes plus tôt, on faisait marcher sa matière grise dans un Sanctuaire. Quelques minutes plus tard, on combattra un ennemi en faisant très attention à ses coups. Il n’y a pas de routines, juste des moments plus ou moins forts à vivre.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est un jeu caméléon qui donne toujours l’impression de n’en caresser que la surface

Cependant, dans sa volonté de repousser un chef-d’œuvre dans ses retranchements, Nintendo place le curseur de la difficulté un tantinet plus loin. Ce n’est pas nécessairement un défaut : à une époque où on a l’habitude d’être pris par la main, voir un jeu laisser les joueuses et les joueurs se débrouiller est une bénédiction. Il s’agit davantage d’un petit warning.

The Legend of Zelda: Breath of the Wild imposait déjà un challenge plus relevé que les anciens opus. The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom grimpe d’un étage supérieur pour diverses raisons — pas seulement à cause des armes qui cassent. Par exemple, les nouveaux pouvoirs n’échappent pas à quelques frictions dans le gameplay, matérialisées par des manipulations moins évidentes à réaliser. C’est un coup à prendre, et on y perd un peu en fluidité dans le feu de l’action. Aussi, les ennemis ont tendance à frapper très fort, un point qui est compensé par le fait que Link dispose d’aptitudes très puissantes.

À l’arrivée, The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est encore moins grand public que son prédécesseur.

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom // Source : Nintendo
Link a l’air inquiet, mais tout va bien se passer // Source : Nintendo

Nintendo s’est quand même attaché à accompagner Link avec une narration plus affirmée. En résulte une palanquée de cinématiques qui donnent le sentiment de vivre une histoire au milieu d’un bac-à-sable (il serait temps que le héros parle, par contre). Il y avait des craintes à ce sujet, mais le récit de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom parvient habilement à éviter la noyade dans ce monde ouvert éparpillé. Il reste encore quelques incohérences, liées à l’opposition entre une voie invisible à suivre et tout ce qu’il est possible de faire.

Quand il y a mille chemins devant soi, c’est plus difficile de faire respecter un fil conducteur. Au moins The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom fait mieux que The Legend of Zelda: Breath of the Wild, avec une mise au premier plan du trio Zelda/Link/Ganondorf et des thématiques moins cryptiques.

On terminera par le point qui fâche. On aimerait tellement pouvoir écrire que The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est un bijou graphique dont les yeux se délectent à chaque instant. Hélas, la Nintendo Switch était dépassée en 2017 et l’écart n’a fait que s’accentuer depuis. En 2023, il est difficile pour la console d’accomplir des miracles, même si les développeurs parviennent à exploiter la moindre once de puissance. Il y a quand même deux cache-misère qui permettent d’adoucir le constat accablant. Le moteur physique est inouï au point de devenir un élément de gameplay (la gestion des fluides, des matériaux, des éléments, du poids, des particules). Par ailleurs, la direction artistique est vraiment sublime. The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est ce qui se fait de mieux sur Nintendo Switch avec des espaces aussi grands. Mais cette force constitue en réalité une faiblesse pour la console. Un paradoxe.

Le verdict

Les images de Zelda: Tears of Kingdom // Source : Youtube/Nintendo
9/10

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom

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On commence The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom la tête dans les nuages et, à vrai dire, on ne les quitte jamais vraiment, même quand on retrouve la terre ferme, même quand on éteint la console. Nintendo prenait un risque, en osant offrir une suite à un chef-d’œuvre ayant mis tout le monde d’accord. C’était sans compter le savoir-faire de l’entreprise, qui parvient à réinventer suffisamment sa réinvention. The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est un jeu vidéo caméléon articulé autour d’un gameplay profond (quoiqu’un peu complexe) et d’un contenu à la densité abyssale. Il est cette somme de tout ce qu’on a adoré dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild, agrémenté d’évolutions qui s’intègrent avec un naturel déconcertant. Nintendo a encore tué le game, c’est aussi simple que ça.
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