[Chronique France Culture] Pour cette nouvelle émission du Meilleur des Mondes, dédiée à la surveillance électronique et au détournement de ces technologies pour la défense des libertés, on a choisi de revenir sur la trilogie Hunger Games.

Hunger Games, c’est une trilogie adulée de romans, dont le premier est paru en 2008 et ayant donné lieu à une adaptation cinématographique en 2012. L’histoire prend place à Panem, une version des États-Unis dystopique et totalitaire, qui organise tous les ans les fameux Hunger Games. Pendant ces jeux, chacun des 12 districts du pays doit envoyer un garçon et une fille, âgés de 12 à 18 ans, et tout ce petit monde va devoir s’entre-tuer jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un.

Mais Hunger Games, c’est aussi la parfaite allégorie de la « sousveillance », un terme inventé pour désigner la réappropriation des outils de surveillance de l’État par des défenseurs des libertés individuelles. Un contre-pouvoir citoyen, qui se sert des nouvelles technologies de contrôle numérique afin de mieux les détourner.

Hunger Games, référence de la dystopie et guide pour la « sousveillance »

Et, justement, Hunger Games, avec ses héros qui contournent la surveillance et le voyeurisme, est le parfait exemple de cette « sousveillance ». Dans les livres, les Hunger Games sont des jeux télévisés à travers tout Panem, comme des Jeux Olympiques suivis religieusement par une grande partie des citoyens. Les participants aux Hunger Games, qu’on appelle des tributs, sont filmés 24 heures sur 24. Exploits, meurtres et trahisons sont retransmis en direct à la télé. La violence est glorifiée, vue comme nécessaire.

Les dirigeants s’attendent à du sang et de la violence, et absolument pas à ce que des candidats s’entraident. Or, c’est exactement ce que font les deux héros de la saga, Katniss Everdeen et Peeta Melark. En essayant de protéger une autre candidate et en refusant de s’entretuer devant des milliers de caméras, qui retransmettent leurs faits et gestes, Katniss et Peeta commencent, sans le savoir, une rébellion.

Katniss Everdeen et Peeta Mellark dans Hunger Games // Source : Lionsgate
Katniss Everdeen et Peeta Mellark dans Hunger Games. // Source : Lionsgate

La surveillance constante des candidats se retourne alors contre tout le système des Hunger Games. Les dirigeants ne peuvent pas masquer que deux jeunes ont choisi de leur désobéir, et toute la nation en est témoin. Leur voyeurisme, pensé pour instaurer la répression, va causer leur perte.

Dix ans après, Hunger Games a toujours quelque chose à dire

Hunger Games a marqué toute une génération, c’est l’une des sagas dystopiques les plus populaires du monde. Le discours du livre était novateur pour la littérature pour jeunes de l’époque, et il reste toujours pertinent sur l’oppression des régimes totalitaires et l’utilisation des nouvelles technologies pour instaurer la surveillance permanente.

Ce que l’on retient d’Hunger Games, c’est que la rébellion prend le totalitarisme à son propre piège : le voyeurisme imposé permet à toute la population de s’apercevoir que l’on peut désobéir, qu’il existe des alternatives. On pourrait presque voir les livres et les films comme un guide de survie pour les jeunes en milieu totalitaire : Hunger Games, c’est un peu « la désobéissance civile pour les nuls ».

Écoutez le podcast de cette émission

Pour cette émission, « Sousveillance : quelles ripostes contre la surveillance technologique ? », François Saltiel recevait :

Vous pouvez retrouver l’épisode sur le site de France Culture et sur toutes les plateformes d’écoute.

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