En proposant une répartition des revenus des abonnements avantageuse pour les streameurs, la plateforme de streaming de jeu vidéo Kick compte bien concurrencer Twitch. Certains gros poissons du stream ont déjà sauté le pas. Le fonctionnement de Kick est cependant controversé.

Depuis plusieurs semaines, Kick, la plateforme américaine de streaming vidéo rivale de Twitch, capitalise sur l’arrivée de grands noms pour mettre en valeur sa répartition des gains avantageuse.

Sa dernière grosse prise s’appelle ChowH1. Avec plus de 742 000 followers sur Twitch, le premier des streameurs français spécialisés sur Call of Duty a annoncé passer sur Kick le 15 mai 2023. « Kick rentre désormais dans l’équation. Je deviens officiellement partenaire Kick. J’en suis très fier, merci à eux pour leur confiance », a-t-il annoncé en live.

Dans un autre domaine, le joueur d’échec GMHikaru, de son vrai nom Hikaru Nakamura, ou l’influenceuse Corinna Kopf, ont aussi été séduits par Kick récemment.

Sur Kick, la quasi-totalité des revenus des abonnements va aux streameurs

Lancée en décembre dernier, Kick n’est pas la première plateforme à faire de la concurrence à Twitch, à l’instar de Mixer, HitBox, YouTube Gaming ou Facebook Gaming. Mais, la plateforme propose un partage des revenus des abonnements inédit, de l’ordre de 95 % pour le joueur et 5 % pour elle. De son côté, Twitch s’apprête à mettre en place à partir de juin une répartition de 50/50, là où elle permet actuellement aux joueurs de conserver 70 % des sommes versées par les abonnés.

Sur Twitter, des internautes comme le joueur français de Fortnite Kouto partagent des estimations qui ne laissent pas de place au doute.

Restent des interrogations sur la pérennité de ce modèle, bien que son cofondateur Ed Craven assure que le site est déjà rentable. 

« Nous ne toucherons pas votre revenu d’abonnement. [Ce] n’est pas une source de revenu principale [pour les sites de streaming], vous avez été induits en erreur et conditionnés à penser autrement sur d’autres plateformes, s’accaparer les revenus d’abonnement est une conséquence de l’avidité et/ou d’un business model raté », va jusqu’à affirmer sur Twitter le streameur Trainwreck, copropriétaire de Kick. Il estime que les revenus publicitaires suffisent pour faire tourner le site.

Un casino virtuel, davantage qu’une arcade en ligne ?

Kick mise sur les jeux d’argent et de hasard, dont la diffusion est interdite sur la majorité des autres plateformes de streaming. Et pour cause, la plateforme appartient à Stake, une importante société de casino en ligne. Pas étonnant dans ces conditions que les streameurs de casino Teufeurs, Scurrows et Orangemorange aient également rejoint Kick. En cela, Kick peut rappeler le cas de DLive, une plateforme controversée sur laquelle de nombreux streameurs casino s’étaient reportés après septembre 2022.

Sur le site, on constate que la grande majorité des visionnages se concentre dans la partie « talk » (« discussion »), mais également « slots & casino » (« machines à sous & casino »). Des jeux aussi populaires que Call of Duty : Warzone, Valorant ou Fortnite ne totalisent que quelques centaines de spectateurs.

La plateforme de streaming vidéo Kick est dispose d'un espace dédié aux jeux d'argent et de hasard // Source : Kick (Numerama)
La plateforme de streaming vidéo Kick dispose d’un espace dédié aux jeux d’argent et de hasard. // Source : Kick (Numerama)

Porno et antisémitisme : une modération plus laxiste sur Kick

L’un des autres attraits de la plateforme, pour certains streameurs, est sa politique plus souple en matière de bannissement que sur Twitch. Ainsi, Adin Ross, un célèbre streameur américain à l’origine de nombreuses polémiques, banni de Twitch à plusieurs reprises, notamment pour des propos homophobes, a depuis ouvert sa chaîne sur Kick. Lors de son dernier ban en date, Twitch reprochait au créateur de contenu de ne pas avoir modéré son chat, truffé de messages racistes et antisémites. Mais, sur Kick, Adin Ross a visionné le Super Bowl — le championnat de football américain — en direct sans verser de droits, scrollé Pornhub et même interviewé un nazi pour discuter avec lui de ses idées. 

Toutefois, la modération plus indulgente de Kick pourrait échauder les annonceurs, alors même que les publicités représentent une source de revenus capitale pour Kick, qui ne s’appuie donc pas sur les bénéfices des abonnements.

À noter aussi que le succès de Kick reste encore tout relatif. Alors que nous écrivons ces lignes, le 18 mai 2023, 74 000 spectateurs visionnaient des live sur le dernier volet de la franchise Zelda: Tears of the Kingdom. Ils n’étaient que 69 à suivre le même jeu sur Kick.

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