Il est vraiment difficile de ne pas aimer les Lego, plus particulièrement quand on est un enfant — ou que l’on est toujours un enfant au fond de soi. Dans l’univers de la brique, tout est fait pour que l’on craque. On défie quiconque d’aller dans un Lego Store sans réaliser un achat d’impulsion (un porte-clef, ça fait souvent l’affaire). Au fil du temps, la marque danoise s’est diversifiée pour toucher d’autres horizons et l’univers du jeu vidéo ne lui est pas étranger. Associé à l’éditeur 2K Games, Lego tente un nouveau pari : se sortir des adaptations de licences populaires (Star Wars, Harry Potter…) dans le but de proposer un jeu de course baptisé Lego 2K Drive.
Lego 2K Drive nous accueille avec un ton volontairement humoristique (vous aimez les jeux de mots ?), suffisant pour supporter l’intrigue qui tient en une phrase : grosso modo, l’objectif est de remporter le trophée ultime en gravissant les échelons de la course automobile. Pour donner vie à son projet, Visual Concepts, connu pour ses simulations NBA, est allé taper dans ce qui se fait de mieux en termes de source d’inspiration : Mario Kart pour les courses endiablées et parfois injustes et Forza Horizon pour l’argument du monde ouvert. En résulte une expérience un peu bordélique.
Lego 2K Drive ressemble à une boîte remplie de briques : c’est le désordre
D’un point de vue visuel, Lego 2K Drive mérite énormément de respect. Cela bouge plutôt bien dans les environnements répartis dans différents biomes. Le charme des briques Lego fait le reste : c’est mignon, coloré et accueillant — et le rendu global brille de mille feux. En prime, la sensation de vitesse est là, à tel point que nos bolides vont tellement vite que l’on peine à suivre ce qu’il se passe à l’écran. C’est d’autant plus vrai que les développeurs ne posent aucune limite aux joueuses et aux joueurs. On peut donc rouler sur des routes, faire du hors-piste et même naviguer sur l’eau dans une fluidité exemplaire, notre moyen de transport se transformant à l’envi en fonction des situations. C’est un peu déroutant, mais le spectacle est au rendez-vous.
Néanmoins, si l’on y ajoute les nombreux effets visuels qui inondent l’écran, liés à des pouvoirs qui permettent d’entraver le déroulement de la course des autres, on finit par s’y perdre. Lego 2K Drive finit par en devenir brouillon, sachant que le gameplay, nécessairement arcade, est un tantinet trop nerveux pour procurer une maîtrise totale. En résultent des courses à l’issue parfois difficile à contrôler. Puis, paradoxalement, un peu trop faciles à remporter une fois que l’on maîtrise l’art du dérapage (il suffit de maintenir le freinage et le stick en même temps). Pour un public jeune, le challenge paraît idéal, avec un agrément de fun indéniable. Néanmoins, on a quand même le sentiment de vite faire le tour du propriétaire. Pour ne rien arranger, les différentes caractéristiques affiliées aux véhicules peinent à se faire sentir, à partir du moment où il y a une part d’aléatoire non négligeable dans les courses.
En somme, Lego 2K Drive, c’est un peu comme une boîte remplie de briques : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Il y a quand même une structure claire qui se dégage : les courses principales se mélangent à des balades peuplées de rencontres et de quêtes annexes. Le contenu proposé est varié, quand bien même certains objectifs sont un peu hors sujet avec le gameplay. Pire, Lego 2K Drive nous force parfois à enchaîner les missions secondaires pour revendiquer une progression suffisante afin d’avancer sur la route principale. La liberté est donc loin d’être totale.
Lego oblige, il est possible de construire ses propres véhicules, à l’aide d’un éditeur complet et bien expliqué. Et, capitalisme oblige, 2K Games y voit l’opportunité idéale pour remplir son jeu de microtransactions. De quoi transformer Lego 2K Drive en Lego Store virtuel, où la moindre voiture déjà créée — et plus jolie que la vôtre — vous coûtera environ 5 €. Il est possible de l’obtenir à la sueur de son front, mais il faut déjà quelques heures de jeu pour amasser ne serait-ce que 10 000 billets de banque (l’équivalent de 5 € dans la vraie vie).
Heureusement que l’éditeur protège les enfants en exigeant d’abord la création et l’association d’un compte 2K — ce qui suppose une autorisation parentale. Au moins évitera-t-elle une polémique à la Fortnite. Il n’empêche, Lego 2K Drive rappelle que l’argent n’est jamais très loin quand il y a des briques danoises. C’est bien dommage.
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