Vous ne savez pas à quel point je suis heureux d’écrire que Diablo IV est une réussite. Cette phrase, qui ne pourrait être plus sincère, en dit long sur l’attente, l’engouement et l’aura de ce jeu signé Blizzard Entertainment. Depuis Diablo III, l’entreprise américaine est passée par les enfers. Depuis 2012, elle a tout fait pour se mettre à dos une communauté de fans lui ayant pourtant juré fidélité. D’une manière ou d’une autre, elles ont toutes été sabordées ces dernières années (le remake de Warcraft III, l’abandon du mode solo d’Overwatch 2). Ce Diablo IV pouvait autant planter un dernier clou dans le cercueil qu’offrir un ultime chemin de croix vers la résurrection à Blizzard.
Pour parvenir à ses fins et faire oublier les nombreuses casseroles, synonymes de divorce légitime avec le public, les développeurs de Diablo IV ont opté pour la séduction pure et dure. Puisque la saga Diablo est prisonnière de sa propre formule, au même titre que le Monopoly, il suffit d’en soigner les contours : la direction artistique d’un côté, le contenu de l’autre. Sur ces deux critères, Diablo IV ne fait qu’empiler les arguments massues. Du début à la fin, il est une invitation à l’ébahissement qui accompagne cette quête de la toute-puissance. La recette n’a rien de sorcier au fond, mais quand les ingrédients sont savoureux, il n’y a rien d’autre à faire que de s’incliner et d’applaudir des deux mains.
Diablo est à l’image de la méchante Lilith : séduisant
Disponibilité
Diablo IV est disponible à compter du 6 juin sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S, Xbox Series X et PC. Il y a un accès anticipé calé au 2 juin.
En toute franchise, on avait vu venir la réussite artistique de Diablo IV. Dès la toute première bande-annonce diffusée en 2019 et la promesse d’une « version sombre, gothique et médiévale de l’enfer », on avait compris. Il suffit de revoir des images de Diablo III pour comprendre que l’on est passés du cirque Pinder à American Horror Story. Le retour à une ambiance plus sombre fait un bien fou, tant elle se mêle mieux à la narration. On retrouve alors ce qui faisait la force lugubre de Diablo II, magnifiée par un gros travail technique et choyée par des artistes visiblement très inspirés. Tout est d’une cohérence ahurissante, ce que permet l’évolution vers un vrai monde ouvert. Il est articulé autour d’une carte immense qui multiplie les environnements d’une richesse débordante. C’est simple ; jamais on aurait cru que Sanctuaire pouvait afficher une telle variété.
On est par conséquent motivé par cette envie addictive de parcourir Sanctuaire pour voir le sublime décor d’après. Entre deux combats, on prendra même le temps de contempler, se délectant du moindre détail et en se disant qu’il est sans doute difficile de faire mieux. Sauf que Diablo IV ne fait qu’enchaîner baffe visuelle sur baffe visuelle. Il irradie de sa beauté à chaque seconde, comme le ferait un mannequin aveuglé par les flashs sur un podium, à l’occasion du plus grand défilé de mode du monde. On en viendrait à accuser le jeu de Blizzard Entertainment de tomber dans l’indécence, tellement on a envie de dire « waouh » à tout bout de champ. C’est 100 % du vécu : à maintes reprises, Diablo IV vous laissera sans voix. C’est paradoxal au regard de l’atmosphère horrifique. « Dépêchons, cet endroit me donne la chair de poule » dira même un puissant guerrier. Un constat parlant.
Parvenir à maintenir un haut niveau d’excellence d’un endroit à l’autre est profondément bluffant. Diablo IV suinte tout à la fois la mort, les textures chiadées et les éclairages à tomber. Et il y a mille et une raisons de s’émerveiller quand on parcourt Sanctuaire, à pied ou sur un cheval (on ne le débloque pas tout de suite). Cela peut être le rouge du sang qui inonde l’écran, le noir des ténèbres qui nous étreignent ou encore des éclairages bleutés qui charpentent des reflets magnifiques. À ces effets s’ajoutent de la végétation putride, des chapelles délabrées, des cryptes infinies où s’amoncellent os et crânes, des marécages qui effraieraient le moindre alligator, des débris de bateaux échoués sur des rivages gangrenés par la mousse… Au sein d’un même jeu, on navigue parmi des dizaines ambiances différentes, sans aucune fausse note, sans aucune rupture abrupte non plus.
Blizzard Entertainment sort aussi le grand jeu en matière de mise en scène. On retrouve la capacité de l’entreprise à imaginer des cinématiques très bien réalisées. Elles appuient un récit très sombre, articulé autour de Lilith et d’un profond sentiment d’urgence pour toute âme foulant Sanctuaire. Elles permettent surtout de mettre en exergue un casting de personnages tous plus charismatiques les uns que les autres (Lilith en tête). Sur la forme, Diablo IV est irréprochable, y compris sur la bandeson. Elle s’inscrit dans la lignée des précédentes : essentiellement calme pour laisser les bruitages — cultes — s’exprimer. Pour les fans et leurs oreilles attentives, c’est un point qui compte, doublé d’un moyen de retrouver ces petits sons qui ont marqué les esprits et continueront de le faire.
Un contenu maous, en attendant l’évolution
La bêta ouverte de Diablo IV, organisée sur plusieurs week-ends pour assurer la stabilité des serveurs (croisons les doigts), avaient permis de se faire une bonne idée du gameplay. Sur les principes de base, rien n’a fondamentalement changé depuis l’opus original. En attendant de voir ce que Blizzard Entertainment nous réserve pour la suite (ce sera le juge de paix pour l’avenir du jeu), les premières heures restent familières. Elles se résument à une course effrénée vers la puissance. On avance, on tape des ennemis, on gagne des niveaux, on ramasse du butin… On recommence, sans jamais perdre une once de plaisir à voir son personnage occire à la pelle démons, squelettes, araignées géantes, serpents, scorpions, humains illuminés et autres créatures belliqueuses. Pour Blizzard Entertainment, l’idée n’est pas de changer une équipe qui gagne, plutôt de la faire évoluer par petites touches.
D’une efficacité infernale, le gameplay de Diablo IV est d’autant plus satisfaisant que Blizzard Entertainment offre une personnalisation très poussée. Il suffit de regarder l’arbre de compétences de chacune des classes : on y découvre des dizaines et des dizaines de sorts à associer, avec une foule de ramifications possible. Les options sont nombreuses et, à partir du niveau 50, quand se débloquent les niveaux de Paragon, les possibilités deviennent exponentielles. Certains n’iront peut-être pas jusque-là, mais ce n’est pas grave. Dans sa partie la plus accessible, c’est-à-dire jusqu’à la fin de la quête principale (avant le début du endgame), Diablo IV excelle. Il offre un savant mix entre satisfaction immédiate et technicité suffisante pour ne pas tomber dans la routine. À ce titre, les boss obligent une petite période d’apprentissage pour bien répondre et survivre à leurs attaques. C’est gratifiant.
Blizzard Entertainment a donc 100 % raison quand il affirme qu’on ne se sent jamais vraiment surpuissant dans Diablo IV. Si on se réfère à ses prédécesseurs, le hack’n’slash donne moins cette impression d’envoyer des paquets de mobs à annihiler sans jamais regarder sa jauge de santé. En résultent des affrontements qui imposent d’être plus fins dans ses choix (la gestion de l’esquive, par exemple). On perd un potentiel de grand spectacle, mais on gagne un gameplay plus épais et consistant. Dans Diablo IV, lancer bêtement ses sorts ne sera pas toujours un succès, et il sera nécessaire de bien séquencer ses actions. Un vrai plus pour le challenge et pour l’accomplissement au sens strict. Bon point : les novices pourront moduler la difficulté en optant pour le niveau de monde le plus bas.
L’autre grande nouveauté de Diablo IV s’appuie sur une structure repensée autour d’un monde ouvert connecté (mais pas trop non plus). On dit au revoir aux régions régies par des actes, et bonjour à cette carte immense remplie de donjons, de quêtes annexes, de secrets, d’événements aléatoires, de bastions difficiles à terminer seul, de boss mondiaux techniques et impressionnants… Il se passe toujours quelque chose à Sanctuaire et, sans penser aux futures mises à jour qui gonfleront le contenu en continu, il y a déjà des heures et des heures d’aventure à consommer. Diablo IV se mange sans faim, et sans fin. De base, le hack’n’slash est déjà d’une générosité débordante.
Pour terminer, non content d’avoir tout fait pour soigner Diablo IV, Blizzard Entertainment parvient à proposer le jeu à la fois sur PC et sur console — un lancement inédit. Cette contrainte implique une interface double, pensée pour des schémas de contrôle différents. À la manette, Diablo IV se joue hyper bien, grâce aux nombreux raccourcis attribués aux différents sorts que l’on utilise. Seule la lisibilité pose problème, quand on ouvre les menus, austères, sur l’onglet principal et fouillis sur la partie attribuée aux arbres de compétences. Ici, la navigation au stick plutôt qu’à la souris n’est pas optimale, et on sent que les développeurs font ce qu’ils peuvent en évitant de faire trop de concessions. On ne fera pas la fine bouche pour autant : pour la première fois de l’histoire, on sera libre de jouer à Diablo IV sur la plateforme de son choix, avec possibilité de partager sa progression et opportunité de lancer une partie coopérative avec qui on souhaite. En 2012, Diablo III sortait uniquement sur PC, qui plus est dans la douleur. En espérant que Blizzard Entertainment ne gâche pas tout, cette fois.
Le verdict
Diablo IV
Voir la ficheOn a aimé
- Une direction artistique à tomber à la renverse
- Un contenu déjà très généreux
- Gameplay efficace, et plus technique en prime
On a moins aimé
- Interface dépassée
- Le cheval est un cheat code pour l’exploration
- Il va falloir trouver du temps
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.