Une mer douce et calme. Un bateau rempli de touristes émerveillés, parés à photographier de belles et impressionnantes orques. Voilà une bien jolie scène. Le tableau idyllique tourne court, lorsque les orques se mettent à attaquer violemment le petit bateau et ses passagers. Ce n’est là que le point de départ d’Abysses, alors que se succèdent ensuite plusieurs événements angoissants : un homard qui éjecte une substance toxique dans les cuisines d’un restaurant français, des nuées de crabes sur les côtes de l’Afrique du Sud, une nouvelle espèce géante de vers de glace.
Quelque chose est en train de changer, dans l’obscurité des fonds marins, et cette métamorphose hostile émerge peu à peu à la surface, prenant l’humanité de cours. Plusieurs scientifiques vont devoir se confronter à ce mystère : Leon, Cécile, Sigur, Charlie, Tina, Katharina. Ensemble ou individuellement, ils vont comprendre que la ligne rouge a été franchie. L’humanité a pollué. L’humanité a dominé. L’humanité a modifié les écosystèmes. Dorénavant, la nature se rebelle.
Diffusée sur France 2 les lundis soir et disponible en intégralité sur France.TV, Abysses nous emmène aux quatre coins du monde. Et pour cause, les huit épisodes proviennent d’une coproduction tout à la fois allemande, française, italienne, belge, autrichienne et japonaise. Cette ambition géographique se reflète dans l’ampleur du récit — la série nous fait voyager au fil d’une menace qui semble provenir de partout et nulle part à la fois.
Une menace latente, un récit écologique percutant
Ni horreur, ni épouvante. Sombre, mais jamais lugubre. Oubliez Les dents de la mer ou ces autres œuvres de fiction qui cherchaient à nous terroriser avec les fonds marins lors de scènes aussi gores que sordides. Il n’est pas question de terreur ici, mais de résoudre un mystère tellement nouveau qu’il provoque la plus primitive angoisse chez les personnages — et donc chez nous –, celle de l’inconnu.
Ce thriller à l’échelle de l’océan tout entier instaure un état de tension permanent. La menace latente, quasi suffocante, infuse la mise en scène par tous ses pores. De fait, le rythme relativement lent d’Abysses n’a rien d’un défaut, et n’ennuie jamais, a fortiori car il n’existe aucun épisode ni moment inutile : chaque instant contribue à ajouter une pièce à ce puzzle, à faire monter la pression, ou à humaniser les personnages — une galaxie complexe et attachante d’hommes et de femmes qui consacrent leur vie à la recherche scientifique et aux mers. Le récit s’apprécie d’autant plus qu’Abysses dispose d’une sublime photographie au parfait carrefour entre l’atmosphère oppressante et la beauté des environnements.
L’enquête captive, mais percute, aussi. À l’ère de la sixième extinction, du changement climatique, Abysses vrille les règles du jeu écologique : l’humanité n’est plus en position de domination, non parce qu’elle s’autodétruit comme dans bon nombre d’œuvres de science-fiction, mais parce que la victime — la nature — n’est plus un artéfact passif, lointain, objectifié.
Rare dans son intelligence et sa maîtrise de la mise en scène, mais aussi en son propos écologique qui mise tant sur l’angoisse qu’une petite touche d’onirisme, Abysses est une mini-série solide, à ne pas manquer. Au casting notamment, on retrouve Cécile de France, Alexander Karim, Leonie Benesch, Krista Kosonen, Barbara Sukowa, Joshua Odjick.
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