Le film de Greta Gerwig ne déçoit pas : Barbie est une œuvre fortement féministe, très inspirée par Matrix dans la mise en scène et le récit. Résultat, la fin du long-métrage est également très riche. Si vous sortez de la salle, on fait le point sur ce qu’il faut retenir.
Attention, puisque ce papier aborde la fin de Barbie, ce sont des SPOILERS.
Oui, Barbie devient humaine
Après son échange avec Ruth Mattel, qui est donc sa créatrice, Barbie comprend qu’elle a du libre arbitre. Elle peut décider de son destin. Et sa décision est de devenir humaine. Ce qui est logique compte tenu du déroulé des événements du film : Barbie est littéralement sorti de sa boîte et a expérimenté une multitude d’émotions, une plus grande complexité que jamais. On comprend, au fil du film, que cela lui plaît. Elle veut expérimenter le « vrai monde ». C’est d’ailleurs pour cette raison que la toute dernière scène montre Barbie arrivant, ravie, chez le gynécologue : elle vit la réalité d’une femme humaine.
Ruth est toutefois très claire avec Barbie : cela signifie qu’elle mourra. Car les humains meurent. Barbie l’accepte. Ruth précise cependant que l’idée de Barbie, en soi, ne mourra pas : la fin évoque le principe de « Barbie » comme une sorte d’idée qui évolue dans le temps et ne disparaît jamais totalement.
Que devient Barbieland ?
Le patriarcat instauré par Ken à Barbieland a été court-circuité : la modification de la constitution n’a pas pu avoir lieu, car, en détournant l’attention des Ken, les Barbie ont pu voter contre l’instauration du « Kendom ».
Il y a donc un retour à la normale, qui n’est pas totalement exempt de changements. Lors de l’une des scènes finales, Barbie fait prendre conscience à Ken qu’il peut être lui-même, indépendamment de Barbie, et ce sans avoir à surfer sur la domination masculine. Ken connaît alors une sorte d’« éveil », tout comme les autres Ken. Cela signifie que Barbieland va probablement rester le lieu quelque peu lisse et rose bonbon d’autrefois, mais on peut imaginer qu’on y trouverait moins de comportements moins stéréotypés, davantage de libre arbitre.
Les Barbie ont par ailleurs accepté d’introduire un quota de Ken dans les tribunaux de Barbieland, ce qui est là un changement très concret dans le pays fictif. Autre symbole important : Weird Barbie est maintenant intégrée à la société. Elle n’est plus mise sur le banc de touche. Ce qui dénote là d’une vraie évolution dans l’état d’esprit de Barbieland.
Peut-être, enfin, que le choix de Barbie de devenir humaine fera des émules chez d’autres Barbie (ou peut-être même chez Allan — qui semblait désespéré de quitter Barbieland).
Dans tous les cas, le message du film est la nécessité de sortir de la matrice du patriarcat,et que cette sortie est presque inéluctable : la domination masculine est si absurde, si lourde sous ses injonctions contradictoires et ses violences, que plus ses bugs sont révélés, moins elle peut tenir. On sort donc du film en ayant ri face à la satire, mais aussi avec l’espoir.
La création d’une « Barbie ordinaire »
Gloria se lance dans un discours, à la fin de Barbie, pour promouvoir auprès de Mattel la création d’une « Barbie ordinaire ». Celle-ci, explique-t-elle, ne devrait pas refléter la moindre perfection, mais plutôt une forme de réalisme sur ce que peut être une femme. L’équipe de Mattel, après l’avoir écouté, approuve. Ce qui signifie donc la création de cette Barbie.
Cette séquence pose toutefois une question : qu’est-ce que l’« ordinaire » ? La réalité est justement définie par la complexité et la diversité — le film lui-même l’évoque et l’affirme. Peut-on vraiment représenter une seule forme d’ordinaire, via une seule poupée Barbie, même plus réaliste ? C’est peut-être là le seul défaut du film de Greta Gerwig : tout en étant une satire, il n’en demeure pas moins une valorisation marketing des poupées Barbie, ce qui limite forcément en partie l’esprit critique à leur sujet.
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