Microsoft se bat actuellement sur tous les fronts pour faire adopter ses produits. Tandis que du côté PC, la firme de Redmond continue de forcer l’adoption de Windows 10, du côté consoles, la Xbox One reste à la traîne derrière sa rivale Sony. Mais la firme de Redmond a un plan ambitieux pour faire d’une pierre deux coups.
Vers des jeux universels
Début décembre, la console de Microsoft a été mise à jour avec Windows 10. En plus du changement d’interface, cette mise à niveau a ajouté une fonctionnalité de streaming local, qui permet aux joueurs de profiter de leurs jeux avec un ordinateur ayant Windows 10, ce qui est pratique quand un membre du foyer a besoin de la télé.
Cependant, l’ambition de la firme a toujours été de fusionner le développement des jeux sur ses deux plateformes — autrement dit, de pouvoir jouer aux jeux de Xbox One sur PC et aux jeux PC sur Xbox One.
En juin 2015, Kudo Tsunoda, qui a travaillé sur le Kinect et l’HoloLens, avait fait savoir à Engadget que l’intention de Microsoft était d’unifier le marché du jeu PC et console :
« Une fois que l’on aura trouvé comment, grâce à Windows, nous pourrons réunir les joueurs [ PC et Xbox] ensemble, avec le cross-play, nous allons implémenter ça dans notre plateforme pour permettre aux développeurs d’intégrer la fonctionnalité dans leurs jeux dès que possible ».
Microsoft étant loin derrière Sony en termes de ventes de consoles, rapprocher les plateformes est, pour l’entreprise, un moyen de rester attractive aux yeux des développeurs. En permettant aux titres développés pour la Xbox One de tourner sur n’importe quel PC sous Windows 10, la firme de Redmond s’assure une base d’utilisateurs colossale, suffisante pour retourner la situation à son avantage.
Une fonctionnalité polémique
Et les développeurs commencent à tirer profit des avantages du système d’exploitation. Remedy, le studio qui développe le titre très attendu Quantum Break a annoncé sa volonté de toucher plus de joueurs en rendant le jeu disponible en même temps sur Xbox One et sur PC. Les personnes qui pré-commanderont le jeu sur Xbox One obtiendront gratuitement une version PC le jour de sa sortie (soit le 5 avril) . Passer d’une plateforme à l’autre se fera sans heurt puisque les sauvegardes seront synchronisées, comme nous l’apprend Larry Hryb (aka Major Nelson, le directeur de la programmation pour les jeux en réseau Xbox Live de Microsoft).
Microsoft a confirmé son intention de généraliser la pratique. Dans un tweet, Phil Spencer, le directeur de la division Xbox, espère que Quantum Break marquera le début d’une longue série de jeux qui sera disponible sur les deux plateformes.
Mais l’annonce a été perçue par certains joueurs comme une trahison. Le jeu était à l’origine prévu pour être une exclusivité Xbox One et les joueurs s’inquiètent, entre autres choses, que Microsoft et les développeurs favorisent le PC au détriment de la console. « Tu as annulé ta précommande du jeu parce que quelqu’un d’autre va pouvoir y jouer ? », s’est ainsi étonné Phil Spencer quand il a appris qu’un Youtubeur est allé jusqu’à annuler sa précommande.
Toujours sur Twitter, la firme de Redmond se veut conciliante et tente de convaincre ses clients que cette fonctionnalité vise à faire plaisir à l’ensemble des joueurs, peu importe leur plateforme, et non à « créer des murs ».
Au lieu d’apprécier la constante évolution de la plateforme, des joueurs parmi les plus critiques fustigent l’inutilité d’avoir acheté une Xbox One en premier lieu. Phil Spencer rappelle cependant que le prix des configurations PC est bien supérieur à celui d’une Xbox One.
Cette problématique n’est pas nouvelle pour Microsoft et peut s’appliquer à l’ensemble de ses produits : à quoi bon acheter un PC et une tablette puisqu’une Surface peut faire les deux à la fois ? À quoi bon acheter un ordinateur de bureau si le téléphone peut devenir une unité centrale ? La stratégie de la firme — qui peut-être perçue comme une forme acceptée de cannibalisation — est de favoriser la convergence entre ses différents produits… au risque parfois de perdre en chemin certains utilisateurs.
Des problèmes restent à régler
De nombreuses questions restent cependant encore en suspend concernant le cross play (jeu croisé) et le cross buy (achat croisé), particulièrement dans le cas d’un serveur partagé entre joueurs PC et console. Les joueurs qui utilisent le combo clavier / souris ont par exemple un avantage en termes de précision sur ceux qui utilisent la manette. La question ne se pose pas concernant Quantum Break puisque le jeu ne sera pas multijoueur. Mais l’action-RPG Fable Legend est, lui, censé proposer des serveurs communs.
Microsoft a affiché à plusieurs reprises sa volonté de rendre compatible la Xbox avec le clavier et la souris. « On comprend que si vous allez du PC à la Xbox, vous allez vouloir le support du clavier et de la souris […] et cela fait partie des choses que l’on veut faire » confiait par exemple Phil Spencer. Mais on ne sait pas encore si le support concernera tous les jeux ou des catégories spécifiques (les MMO ou les jeux de stratégie, par exemple).
Dans tous les cas, si la différence de niveau persiste, cette compatibilité laisse le choix aux joueurs de consoles de se battre à armes égales contre les joueurs PC. Inversement, sur Windows 10, la convergence est déjà en marche puisque la manette de la Xbox One peut être utilisée sur PC.
Les plus grands perdants du cross buy seront peut-être les plateformes de distributions de jeux vidéo. Quantum Break ne sera par exemple pas proposé sur Steam et restera une exclusivité du Windows Store sur PC. En lot de consolation, les joueurs qui pré-commandent le jeu avant le 4 avril obtiendront des versions cross buy des précédents best-sellers de Remedy, à savoir Alan Awake et Alan Wake: American Nightmare — et cela gratuitement.
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