Vingt-six ans après le manga, Slam Dunk revient au cinéma. Oubliez la série TV et les quatre autres films d’animation. C’est ce long-métrage qui fera référence. Notre avis.

On l’attendait depuis six mois en France, avec l’espoir non dissimulé que l’on revivrait des moments grandioses aux côtés des personnages inventés par le mangaka japonais Takehiko Inoue. Et l’on peut dire que l’on n’a pas été déçu. The First Slam Dunk, cinquième film d’animation issu du manga, est un petit bijou de plaisir pour celles et ceux qui connaissent l’œuvre, et un petit bijou d’animation, tout court, du calibre de ce que propose Arcane.

Sorti le 26 juillet dans l’Hexagone, The First Slam Dunk relance l’intérêt pour un manga initialement paru au Japon de 1990 à 1996, avant d’être décliné en série animée (101 épisodes) et quatre premiers films d’animation, entre 1994 et 1995. Depuis, l’univers de Slam Dunk avait été mis quelque peu de côté, l’auteur se déployant sur d’autres projets — d’abord Vagabond, sur la vie du célèbre bretteur Miyamoto Musashi, puis Real, sur le handisport.

Cela faisait donc vingt-six ans que l’on n’avait plus eu vraiment de nouvelles de Hanamichi Sakuragi, Kaede Rukawa, Ryota Miyagi, Hisashi Mitsui et Takenori Akagi, les cinq personnages principaux du manga, mais aussi les membres du « cinq majeur » de l’équipe de basket de Shohoku, du nom du lycée dans lequel ils sont scolarisés. Car, vous l’avez sans doute deviné avec un tel titre : Slam Dunk est une œuvre centrée sur le basket-ball.

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L’équipe : Sakuragi, Miyagi, Mitsui, Takagi et Rukawa. // Source : Toei Animation

The First Slam Dunk ose le décalage, en ne faisant pas de Sakuragi le héros du film

Dans le manga, le récit surtout autour de Sakuragi, un élève qui s’est mis au basket un peu par hasard. Ou plutôt, par amour et par jalousie : la fille dont il est épris, Haruko Akagi, est fan de basket-ball. Elle a également le cœur qui bat pour le beau Rukawa, futur rival de Sakuragi. Et surtout, elle s’avère être la sœur de Takenori Akagi, le capitaine de l’équipe que Sakuragi va chercher à rejoindre ! De ce méli-mélo surgiront bien des péripéties.

Le cinquième film d’animation ose un pas de côté assez surprenant : ni Sakuragi ni Rukawa ne sont les vraies stars du film. C’est un autre membre de l’équipe, Miyagi, qui a droit aux honneurs des deux heures que dure le long-métrage. Cela offre une occasion unique pour Takehiko Inoue, réalisateur du film, d’approfondir le passé et le caractère d’un personnage qui a parfois été relégué au second plan face au triangle amoureux entre Sakuragi, Rukawa et Takenori.

Slam Dunk est un pur produit du genre shōnen. Il fallait donc forcément choisir un moment de l’intrigue où les héros sont amenés à se dépasser face à l’adversité. Le shōnen, qui est traditionnellement associé aux adolescents, magnifie des qualités comme le courage, la camaraderie, l’audace. Des traits de caractère parfaits pour un manga sur le sport, où il faut se serrer les coudes pour surclasser l’équipe d’en face. Et c’est encore mieux si l’on est mené au score.

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Miyagi, à gauche, quand il était gamin, avec son grand frère, Sota. // Source : Toei Animation

À la différence d’autres mangas de sport, toutefois, Slam Dunk, a pris d’emblée le parti d’être réaliste — et cela se reflète naturellement dans The First Slam Dunk. Pas de « tir de l’aigle » comme dans L’École des Champions ou du « tir de la feuille morte » dans Olive et Tom (Captain Tsubasa). Aucune technique n’est farfelue. Les coups les plus spectaculaires sont des coups que l’on pourrait voir dans un vrai match de basket.

Pour qui ne connaît pas Slam Dunk, on suit les efforts de l’équipe de Shohoku pour atteindre le tournoi national et, pourquoi pas, décrocher le titre. Ce n’est bien sûr pas si facile, car les cinq jeunes, indéniablement doués au basket, sont aussi cinq jeunes à problèmes — hormis le capitaine, qui est bien le seul à avoir une bonne conduite dans la vie. Le tout, en 31 tomes, tous publiés en France par la maison d’édition Kana depuis 1999. La série est complète.

Il vaut mieux avoir lu le manga

Bien sûr, il aurait été impossible de condenser des milliers de pages d’histoire en deux heures. Takehiko Inoue a donc eu la bonne idée de cibler un évènement bien précis du manga, et de construire son film autour, en mêlant cet arc narratif avec un autre, qui lui donne l’occasion de creuser un peu l’histoire de Miyagi. Et l’évènement que le mangaka a choisi est le match de référence de Shohoku contre l’équipe rivale de Sannoh, la plus forte du tournoi.

Ce match référence, que l’on suit de bout en bout, sert de fil conducteur. On y revit les mêmes instants que dans le manga — de nombreuses mimiques, situations, répliques et scènes font directement aux pages scénarisées et dessinées par l’auteur il y a trois décennies. Mais, pour aller au-delà du match, de nombreux flashbacks sont insérés, en particulier sur la jeunesse de Miyagi. C’est ici, d’ailleurs, qu’une certaine dimension tragique sera donnée au film.

C’est bien vu : cela permet d’offrir un équilibre au film, en allant au-delà des simples références et de ce que l’on pourrait parfois imaginer comme du fan service. Tout l’arc autour de Miyagi (et, dans une moindre mesure, sur d’autres personnages) est l’occasion de raconter les motivations du joueur, de ses difficultés passées, de faire la rencontre de sa famille et, surtout, de ce qu’il devient après. La fin du film offre en effet une fenêtre inédite dont le manga ne disait rien.

C’est bien vu, mais c’est aussi la principale limite du film : il s’adresse avant tout à celles et ceux qui connaissent l’œuvre.

Il est à craindre qu’une personne n’ayant jamais feuilleté le manga ne comprenne pas grand-chose à la dynamique des personnages, aux enjeux ou même à l’ordre des séquences qui sont présentées à l’écran. Certains flashbacks sont lointains, d’autres beaucoup plus récents. Bon courage pour tout remettre dans le bon ordre au visionnage, si tout cet univers vous est étranger. On conseillerait plutôt de lire le manga d’abord et de regarder ensuite le film.

Visuellement brillant

Il y a toutefois une raison suffisante pour enjamber cette barrière, même si vous ne connaissez Slam Dunk ni d’Ève ni d’Adam : l’animation. La composition artistique de The First Slam Dunk est remarquable, avec un aspect visuel obtenu grâce à la 3DCG. Cette approche permise grâce à l’infographie tridimensionnelle a fourni des facilités de mises en scène pour Takehiko Inoue, tant en termes de déplacements à l’écran, de fluidité des gestes, d’effets de profondeur de champ ou de mouvements de caméra.

Le générique de fin donne d’ailleurs une petite idée du nombre d’animateurs et d’artistes qu’il a fallu pour aboutir à ce résultat. D’autant que, comme pour Arcane, The First Slam Dunk négocie bien l’emploi de la 3D pour qu’elle ne saute pas trop aux yeux. On a parfois l’impression de ressentir un tracé 2D artisanal, avec des traits et des couleurs à la main. Pour un peu, c’est comme si l’on assistait à la rencontre du meilleur des deux mondes, 2D et 3D.

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Miyagi, qui se dégage d’un double marquage. // Source : Toei Animation

On évitera, évidemment, de trop en dire sur le dénouement de l’intrigue, mais elle ne vous étonnera pas réellement si vous avez déjà lu le manga, seule la partie sur Miyagi vous surprendra probablement. En revanche, la manière dont les ultimes secondes du match contre Sannoh est rendue à l’écran relève du coup de génie. Pendant un court instant, le manga et le film d’animation se rejoignent littéralement à l’écran, avec la même mise en scène silencieuse, et purement visuelle. Chapeau.

Le verdict

Source : Toei Animation
9/10

The First Slam Dunk

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The First Slam Dunk signe le retour de Slam Dunk, vingt-six ans après la fin du manga. Le film d’animation, qui propose une animation d’une qualité exceptionnelle, bien au-delà de la série TV et des quatre autres longs-métrages déjà sortis, revient sur la rencontre épique entre Shohoku et Sannoh, qui est le climax de l’histoire — et sa conclusion. Elle permet de remettre en scène le match entre les héros et leurs rivaux, en profitant des progrès en informatique pour une composition visuelle et artistique de tout premier plan. L’histoire, servie par une musique tantôt entraînante, tantôt poignante, est aussi l’occasion pour l’auteur d’approfondir un peu plus certains personnages. Et une opportunité de raconter des choses inédites. Les fans de Slam Dunk adoreront. Les autres, en revanche, auront peut être plus de mal à saisir tout ce qui se passe à l’écran — la faute à une construction qui tourne autour d’une unique rencontre sportive. Mais ce parti-pris est justifié, et sans doute nécessaire. On ne peut dès lors que conseiller de découvrir le manga, avant de vous plonger dans le film. Ce serait vraiment dommage de manquer une telle pépite.

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