S’il faut avoir le cœur bien accroché pour l’apprécier à sa juste valeur, Blasphemous 2 est un jeu d’action incroyable. Un digne représentant du genre auquel il appartient, magnifié par une proposition artistique ahurissante.

Contrairement à son prédécesseur, Blasphemous 2 démarre par un choix crucial. Le Pénitent, qui reprend du service après une première aventure loin d’avoir été de tout repos, se trouve face à trois armes. Celles et ceux qui recherchent la puissance brute opteront pour le boulet attaché à une chaîne, capable de tournoyer en faisant de lourds dégâts. Les adeptes d’agilité porteront plutôt leur attention sur le double sabre, capable de piquer avec rapidité, comme l’aiguille d’une machine à coudre. Enfin, il y a l’épée de base, celle qui rappellera Blasphemous. Pour les habitués, elle sera l’alliée idéale, cette porteuse de souvenirs liés à d’âpres batailles remportées.

Il y a toutefois un twist dans cette histoire : en réalité, pour terminer Blasphemous 2, il va falloir utiliser ces trois pièces d’arsenal. Cela signifie que la nouvelle quête du Pénitent débutera par la recherche des deux armes qu’il a initialement refusées, jusqu’à découvrir qu’elles lui seront utiles en dehors des combats. Il lui faudra surtout empêcher la naissance d’un enfant « miraculé », protégé par une Confraternité. Avec cette suite, les développeurs espagnols de The Game Kitchen continuent de chanter leur amour pour une représentation morbide du christianisme. L’horreur continue d’être partout, au point d’en devenir fascinante.

Blasphemous 2 est la suite rêvée

L’art de la parade et de la glissade

Blasphemous 2 peut sembler difficile au début. Mais l’utilisation combinée de la parade (au timing généreux) et de la glissade (très protectrice) garantit une bonne survivabilité.

Les fans du premier Blasphemous, véritable pépite du genre Metroidvania, ne seront pas dépaysés par les premières minutes de Blasphemous 2. Ils y retrouveront cette proposition artistique aussi écœurante que sublime, nourrie par un rendu 2D en pixel art digne des plus belles pièces d’orfèvrerie et accompagnée d’une bande son moelleuse à l’oreille. Il est dès lors impossible d’attaquer la forme d’un jeu qui peaufine tout ce que faisait déjà bien celui qui lui permet aujourd’hui d’exister. La barre était placée très haut, mais The Game Kitchen parvient encore à parfaire ses talents de maître-sculpteur. Blasphemous 2 est un jeu qui ne cesse de subjuguer, environnement après environnement — le tout au sein d’un univers cohérent qui frôle le respect. Tout juste sera-t-il nécessaire de s’accrocher face à l’appétence pour l’hémoglobine. Une manière de rappeler que la religion, au sens large, a du sang sur les mains depuis la nuit des temps.

Blasphemous 2 n’est pas qu’un appel à la contemplation

Encapuchonné dans une toge qui remportera l’adhésion — mais peut-être pas l’amour — de tout le monde, Blasphemous 2 parvient surtout à se réinventer assez pour éviter le sentiment de redite. L’air de rien, ajouter deux armes à l’équation change profondément la donne, d’autant qu’elles ont chacune leur propre arbre d’évolution. Elles permettent de varier les plaisirs pour débarrasser les décors des viles créatures qui y sévissent. Plus important encore, elles ouvrent la voie à toujours plus de chemins à arpenter et de secrets à découvrir. En bon apôtre du genre Metroidvania, Blasphemous 2 offre un terrain d’exploration qui donne le tournis. Certes, il impose d’incessants allers/retours qui pourront paraître redondants, de prime abord, avant de devenir de plus en plus évidents et instantanés. Ce constat est bien entendu lié à une architecture bien pensée, qui connecte des ambiances variées avec beaucoup d’intelligence.

Blasphemous 2 // Source : Capture PS5
On retrouve certaines têtes connues dans Blasphemous 2 (et on ne parle pas du héros) // Source : Capture PS5

Blasphemous 2 n’est pas qu’un appel à la contemplation (au sens artistique du terme) et une quête incessante vers des passages dérobés. Il demeure un jeu d’action articulé autour d’un gameplay d’une précision chirurgicale, qui donne autant (les animations à tomber) qu’il en enlève (les erreurs des joueuses et des joueurs sont peu pardonnées). Il s’appuie sur une exigence qui pourra en faire tiquer plus d’un, au regard de ces passages pensés comme des chemins de croix, aux pièges nombreux, sinon pénibles. Il se permet quand même de corriger l’un des principaux défauts de son prédécesseur : les chutes ne sont plus fatales. Alléluia.

Sublime Sublime aussi

Le titre de The Game Kitchen joue aussi la carte de la personnalisation. Outre les trois armes qui offrent la possibilité de varier les plaisirs (on passe de l’une à l’autre en une seule touche), diverses options existent pour façonner le Pénitent à sa guise. On retrouve notamment des sculptures qui, quand elles sont bien combinées, donnent des passifs secrets à la puissance non négligeable. Quand on connaît la difficulté globale de Blasphemous 2, loin d’être insurmontable mais pas à la portée de tout le monde non plus, cette ouverture sur l’expérimentation est bienvenue. Tout ne fait que se répondre dans le jeu : on explore pour gagner des pouvoirs qui ouvrent l’accès à d’autres parties du décor, où sont nichés toujours plus de pouvoirs. Finalement, Blasphemous 2 ne se fait pas prier pour proposer du contenu chargé de continuellement prêcher les convaincus.

Le verdict

L’incroyable Blasphemous ne pouvait que donner suite à un jeu tout aussi excellent, et même un peu plus encore. Toujours porté par une proposition artistique à la fois somptueuse et lugubre, Blasphemous 2 fait évoluer une formule déjà très efficace à la base avec des petites touches savoureuses. L’ajout de deux armes à l’arsenal ne paraît rien sur le papier, mais change en réalité beaucoup dans l’approche des combats et de l’exploration. Les fans du Pénitent ne pourront être qu’aux anges à l’idée d’incarner à nouveau ce héros atypique, qui massacre tout ce que le folklore religieux peut avoir de plus immonde. Tout est bien dans Blasphemous 2, qui s’impose comme la suite attendue et comme l’un des meilleurs jeux de l’année 2023. Amen.
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