Qu’il est loin le temps où la qualité d’un film ne reposait que sur la performance du casting et la vision du cinéaste ! Si les longs-métrages à petit budget doivent encore composer avec les moyens du bord, les grosses productions cinématographiques n’hésitent plus à recourir à de nombreux artifices technologiques pour compléter un plan, retoucher une scène ou améliorer le rendu.
Dans certains blockbusters, notamment américains, ce sont des techniques de pointe qui sont mobilisées pour saisir le mouvement des acteurs et des actrices (motion capture) et leur jeu (performance capture). Le résultat est parfois saisissant : les personnages incarnés par Andy Serkis (Gollum dans Le Seigneur des Anneaux, César dans La Planète des Singes) en sont la preuve.
Le cinéma aussi est touché par la guerre des brevets.
Évidemment, ces outils ne sont pas libres d’accès. Ils sont protégés par des brevets et les entreprises qui les possèdent n’hésitent pas à aller devant les tribunaux si jamais elles estiment que des sociétés concurrentes exploitent leur savoir-faire sans aucune autorisation. Et c’est justement ce qui est en train de se passer outre-Atlantique, comme le pointe le New York Times.
Deux sociétés, l’une chinoise l’autre américaine, sont en effet en train de se disputer la propriété d’une technologie appelée Mova. Celle-ci est hautement réputée à Hollywood, à tel point que l’Académie des arts et des sciences du cinéma a décerné en 2015 un oscar scientifique et technique à quatre membres de l’équipe (Tim Cotter, Roger van der Laan, Ken Pearce et Greg LaSalle) qui en est à l’origine.
« Le système Mova fournit un moyen robuste pour obtenir un maillage animé, consistant topologiquement et hautement détaillé d’un objet déformant. Cette technologie est fondamentale pour le pipeline du visage pour de nombreuses entreprises travaillant dans le domaine des effets visuels. Elle permet aux artistes de créer une animation de personnages de très haute qualité », souligne l’Académie.
La technologie Mova est mise en œuvre depuis 2008 dans de nombreux films : L’Incroyable Hulk, L’Étrange Histoire de Benjamin Button, TRON: Legacy, The Avengers, les deux derniers films de Harry Potter, Pirates des Caraïbes : La Fontaine de jouvence, Gravity, The Amazing Spider-Man, Green Lantern, Transformers: Dark of the Moon et plusieurs autres films du même acabit. Dernièrement, il a été utilisé pour Deadpool et Avengers : L’Ère d’Ultron. Bref, que des films à (très) gros budget.
Dans cette affaire, la société chinoise Shenzhenshi Haitiecheng Science and Technology Company, qui est affiliée avec l’entreprise américaine Digital Domain (qui est connue pour son travail sur Maléfique, X-Men: Days of Future Past, Pixels, Deadpool et Destiny, qui un jeu vidéo), a lancé une action en justice contre Rearden en février, en affirmant qu’elle a les droits de propriété sur Mova.
Évidemment, Rearden fait entendre un tout autre son de cloche.
La firme américaine vient de mener une contre-attaque devant les tribunaux en affirmant être à l’origine de Mova. Elle accuse Shenzhenshi Haitiecheng d’enfreindre sa propriété intellectuelle et, forcément, réclame des dommages et intérêts. Et au regard de l’implication ancienne de Rearden, avec des films remontant à 2008, il semble que c’est bien cette société qui se trouve dans son bon droit.
Quoiqu’il en soit, Rearden réclame non seulement des dommages et intérêts mais aussi l’arrêt de la distribution des films incriminés.
Cela pourrait être très dommageable pour l’avenir de Deadpool, qui est actuellement projeté au cinéma, même si, au regard des recettes déjà enregistrées (plus de 500 millions de dollars), un arrêt brutal ne poserait pas de problème de fond pour les sociétés de production, qui sont déjà très largement entrées dans leurs frais. Quant à Avengers : L’Ère d’Ultron, l’essentiel de l’exploitation a déjà été réalisé.
Reste une interrogation : la carrière en salle de Deadpool est-elle menacée ?
Rien n’est moins sûr. Certes, Rearden exige une interdiction de diffusion, mais les chances que le juge aille dans cette direction sont extrêmement fines. En revanche, cela permet de mettre la pression pour un accord amiable, avec à la clé un dédommagement, et de pousser les studios à faire plus attention quand ils choisissent un sous traitant.
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