Quand on joue à Starfield, un sentiment inéluctable nous parcourt. Alors que les heures défilent sans que l’on en prenne pleine conscience, on a l’impression de n’effleurer qu’une infime partie du jeu développé Bethesda. À mesure que l’inconnu se dévoile sous nos pas, un murmure pourra se transformer en une série de quêtes ou une arrestation anodine se transformera en introduction au sein d’une nouvelle faction. Quand on accorde une heure de son temps à Starfield, on a l’assurance d’en avoir pour une poignée d’autres derrière — à l’instar de Skyrim il y a maintenant fort longtemps. Le temps appelle le temps, et c’est forcément la marque des grands.
Starfield était pourtant un projet casse-gueule pour Bethesda et, d’une manière plus générale, pour Microsoft. En grand besoin d’exclusivités de poids pour alimenter son écosystème Xbox, la firme de Redmond a fait l’acquisition de Bethesda dans un unique but : offrir aux joueuses et aux joueurs des expériences comme Starfield. Des titres mémorables, pas nécessairement exempts de tout reproche, mais qui sont susceptibles de donner envie aux curieux d’acheter une console Xbox ou de s’abonner au Xbox Game Pass rien que pour eux. Au regard de la réputation sérieusement écornée de Bethesda (merci Fallout 76) et des immenses promesses suscitées, Starfield partait de loin. Aujourd’hui, on peut surtout affirmer qu’il est capable de nous emmener très loin.
Points forts
- Un voyage immersif et souvent magistral
- Visuellement réussi
- Écriture au top
Points faibles
- Les combats, mous
- L’abondance de menus et de temps de chargement
- Un sentiment de vide, parfois
« Le jeu le moins bugué de l’histoire de Bethesda »
Les temps de chargement
Petit carton rouge pour la manière dont est gérée l’entrée dans un bâtiment. Dès qu’on franchit une porte importante dans Starfield, c’est un temps de chargement qui brise un peu le rythme. Dommage.
Starfield est d’abord attendu sur le volet visuel, surtout après les déclarations de Bethesda sur les performances techniques (framerate limité à 30 fps, même sur Xbox Series X, aka « la console la plus puissante »). Dès les premières secondes, le RPG spatial subjugue par sa qualité graphique : c’est vraiment beau, même s’il y a à boire et à manger parmi toutes les planètes que propose l’aventure.
Comme aime à le répéter ce bougre de Forrest Gump, Starfield est comme une boîte de chocolats — « on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Ce point constitue toute la richesse d’un jeu à l’échelle immense, qui se nourrit de textures généreuses pour charpenter une direction artistique diversifiée. Et il participe à cette idée que l’on pourrait se faire d’une galaxie : quelques endroits n’ont rien à offrir, quand d’autres sont remplis de choses à découvrir. En tout cas, certains décors donnent le tournis et invitent à activer le mode photo pour immortaliser le moment.
On apprécie tout autant la modélisation des personnages, sachant que Starfield n’en manque pas et qu’on passera énormément de temps à les admirer quand ils nous parlent. Bavard (malgré un héros muet) mais bien écrit, Starfield coche la case de l’immersion avec une grande croix rouge — sous couvert de fermer les yeux sur la synchronisation labiale. On est vite transporté dans son univers de science-fiction qui est à la fois familier (il se passe en 2330, soit presque demain) et totalement inédit. C’est la force de la conquête spatiale, qui n’est qu’un grand saut permanent dans l’inconnu. Starfield est saisissant, quand on atterrit sur une nouvelle planète et lors des nombreux dialogues qui enrichissent nos connaissances (de soi, comme des autres).
Starfield doit aussi composer avec la réputation que se traîne Bethesda depuis la nuit des temps, celle qui consiste à dire que ses jeux sont toujours criblés de bugs. C’est même devenu un mème. Il serait bien entendu utopique de penser que Starfield en est totalement dépourvu. Mais c’est vraiment le jour et la nuit par rapport à ce qu’on connaît de l’héritage de l’entreprise. Durant nos nombreuses heures passées dans le jeu, on n’a rien déploré de profondément gênant. Et tout juste a-t-on rigolé face à certaines situations risibles, notamment quand tous les personnages ont décidé de devenir chauves en même temps. Cela aurait pu être la dernière tendance capillaire en vogue dans la galaxie, mais c’était bien un bug.
Starfield est bourré de paradoxes
Sans trop en dire sur la teneur de l’aventure, ce qui reviendrait à trop parler de l’intrigue à la portée tout à la fois scientifique et mystique, Starfield s’apparente à un véritable jeu d’exploration. Le contexte de base est hyper intéressant : l’Humanité a fait courir la Terre à sa propre perte et a été contrainte de fuir un habitat qui a peu à peu perdu son atmosphère. Nous sommes donc en 2330 et vous voilà engagé par Constellation, des explorateurs qui cherchent à résoudre un mystère basé sur de mystérieux artefacts. Vous pouvez aussi décider de mettre tout cela de côté, et construire votre propre histoire. Attention, vous risquez de louper des missions vraiment magistrales, au point d’en devenir inoubliables.
En termes de possibilités offertes, Starfield ne manque de rien. Épanouissement dans une ou plusieurs factions (exemple : pour faire régner la Loi), acquisitions immobilières, carrière dans le crime, simples balades sans réel but, conquête de la galaxie en installant un maximum d’avant-postes, assistance à la veuve et à l’orphelin, collection de vaisseaux, quête du savoir… Un large choix s’offre à vous, et Starfield récompense la curiosité comme le dévouement. Vous aviez déjà passé plusieurs centaines d’heures dans Skyrim ? Vous pouvez espérer la même chose ici. L’envie vient en jouant, preuve que les développeurs savent nous captiver avec entrain.
Néanmoins, il faut bien reconnaître que Starfield est bourré de paradoxes. L’exploration, principal atout du projet massue de Bethesda, est quelque peu inhibée par ces voyages rapides incessants, car obligatoires. Ils transforment alors les trajets en simples écrans de chargement, matérialisés par beaucoup trop de plans fixes. En outre, on remarque vite que nombre des planètes visitées s’apparentent à des No Man’s Land, où on ne croisera pas toujours une faune abondante et où il n’y aura qu’une faible flore à scanner avec son outil favori. On en revient au parallèle avec Forrest Gump : quand on ne sait pas où on met les pieds, il existe toujours la possibilité d’une potentielle surprise. Si un orpailleur tombait en permanence sur des pépites, on changerait tous de carrière.
L’autre grand paradoxe de Starfield tient dans son gameplay. Au global, il ne présente pas un défi renversant. En revanche, il lui arrive de noyer les joueuses et les joueurs dans une interface complexe et loin d’être suffisamment claire pour bien tout saisir du premier coup. Le journal des nombreuses activités disponibles s’y perd entre les différents objectifs qui s’accumulent sans rien demander. On sent une volonté de toucher un large public. Mais on perçoit aussi un peu de système D pour faire rentrer un maximum de choses. On se demande notamment à quoi servent les afflictions, sinon rajouter des paramètres en plus sans réelle incidence. Ce remplissage rend parfois le gameplay très pénible. On en prend pour exemple la gestion des munitions : elle tend trop vers le réalisme (il y a presque un type par arme et il est difficile d’en trouver), alors que les combats ne sont pas du tout excitants.
C’est le dernier gros défaut de Starfield, une autre malédiction dont n’a pas su se débarrasser Bethesda. Quand il faut sortir les armes, et cela peut arriver assez souvent, on tombe quasiment dans le grand guignolesque. Le feeling est diablement mou, avec des sensations de tir approximatives, qu’importe ce qui est visé. On avait identifié cet éventuel souci pendant les quelques bandes-annonces de présentation partagées çà et là. Malheureusement, il se vérifie manette en mains. Dès qu’on affronte des ennemis dans Starfield, et tout comme on maudissait d’avoir à brandir une épée dans Skyrim, on a envie de crier au secours et, les fans de SF le savent, personne ne nous entendra. Heureusement qu’il existe des moyens intéressants de contourner l’action (exemple : investissez des points dans la persuasion). Bien souvent, le pas de côté est récompensé dans Starfield, qui matérialise à merveille la notion de voyage, avec un parfum de « reviens-y ».
Le verdict
Starfield
Voir la ficheOn a aimé
- Un voyage immersif et souvent magistral
- Visuellement réussi
- Écriture au top
On a moins aimé
- Les combats, mous
- L’abondance de menus et de temps de chargement
- Un sentiment de vide, parfois
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