Deux ans : c’est le temps que les fans ont dû patienter avant de découvrir la troisième et ultime saison de Ragnarök, désormais disponible sur Netflix. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs attentes n’ont pas vraiment été récompensées, tant la saison 3 a provoqué la colère d’une grande partie du public dès sa sortie, le 24 août 2023. En cause : un final incompréhensible au vu de la direction prise par la production norvégienne depuis ses débuts.
Créée par Adam Price (Borgen), la série semble pourtant avoir bien été pensée en 3 volets, pas un de plus. Alors que s’est-il passé pour que les derniers épisodes relèvent davantage d’une apocalypse que d’un miracle des dieux ? Numerama décrypte ce fiasco scandinave, que beaucoup qualifient carrément de « foutage de gueule », comme c’est le cas de nos confrères d’Écran Large.
Attention, spoilers majeurs à venir : la suite de cet article dévoile les intrigues des 3 saisons de Ragnarök, y compris la conclusion finale !
De quoi parle Ragnarök ?
Ragnarök met en scène le personnage de Magne, un adolescent qui se découvre des pouvoirs fantastiques, proches de ceux de Thor. Et pour cause : il est tout simplement la réincarnation du légendaire dieu, tandis que son demi-frère, Laurits, prend les caractéristiques de Loki. Située dans la ville fictive d’Edda, la série abordait des thématiques écologiques, avec des paysages détruits par le réchauffement climatique et la pollution, mais elle puisait surtout dans la mythologie nordique pour symboliser la quête d’identité de son héros. Dans les légendes anciennes, Ragnarök signifie ainsi la destinée tragique des dieux, le crépuscule de leurs existences au terme d’un combat épique. En clair : il s’agit de la fin du monde, pour l’humanité comme pour les divinités.
Dans cette saison 3, composée de 6 épisodes, Magne devait ainsi atteindre le point culminant de la narration : une grande bataille entre le bien et le mal, entre dieux et géants. Tout semblait donc se diriger vers un final explosif, dont les abonnés de Netflix auraient dû se souvenir encore longtemps. Et il est possible, en effet, que ce final ait marqué bon nombre de fans de Ragnarök, mais pour des raisons plus négatives que prévu.
Comment se termine la saison 3, ultime volet de Ragnarök ?
Vous êtes prêts pour la conclusion la plus originale de l’année (non) ? Tout se déroule en fait dans l’imagination de Magne. Oui, vous avez bien lu : tout ce que vous avez adoré découvrir au fil de ces 3 saisons n’est que pure invention. Magne a simplement utilisé sa lecture de comics impliquant Thor, pour intégrer des éléments fantastiques à son quotidien. Il décide d’ailleurs de jeter ces bandes dessinées de son enfance, pour mettre son passé derrière lui.
Les ultimes séquences montrent l’adolescent rejoindre ses amis, Signy, Laurits, Jens et les autres, après la cérémonie de remise de diplômes de leur lycée. La dernière image montre Magne, qui sourit en apercevant le fantôme de sa meilleure amie, Isolde, décédée dès la saison 1.
Ah, et cette bataille tant attendue ? Vous pouvez l’oublier, seuls des sortes de flashs de ce combat épique apparaissent dans l’esprit de Magne (et sur nos écrans), mêlés à sa cérémonie lycéenne. Tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes en somme, le fameux Ragnarök n’a finalement pas lieu, sauf dans l’imagination de l’adolescent.
Quelles sont les réactions des fans et de la critique ?
Il suffit d’effectuer une recherche avec le simple terme Ragnarök sur des réseaux comme X (anciennement Twitter) pour comprendre que les réactions sont plutôt cinglantes. Voici un florilège de tweets qui reflètent bien l’agacement général :
En France, les critiques, elles, sont plutôt divisées. Si Le Parisien évoque « deux ultimes volets particulièrement réussis », Écran Large parle de la conclusion finale comme d’un « lapin blanc » sorti d’un « chapeau magique », voire d’une « abomination ».
Parler de santé mentale, oui. En faire un prétexte, non.
En soit, la résolution finale ne pose pas de problème si on la prend de façon isolée. Nombre de séries ont misé sur ce retournement de situation inattendu de type « ce n’était qu’un rêve », avec plus ou moins de succès, au fil des décennies. Le problème, c’est que Ragnarök a l’ambition de mêler tout cela à des problématiques de santé mentale. Dans la saison 1, la mère de Magne expliquait ainsi que son fils avait souffert de schizophrénie paranoïde lorsqu’il était enfant, et qu’il trouvait justement refuge dans ses comics, notamment ceux mettant en scène Thor. Les ultimes épisodes laissent donc penser que Magne continuait à se créer un monde imaginaire réconfortant pendant toute son adolescence, pour l’aider à affronter le deuil de sa meilleure amie, Isolde.
Parler de santé mentale dans une série fantastique est une idée périlleuse mais parfois gagnante, comme l’a prouvé la formidable saison 4 de Stranger Things. Or, dans Ragnarök, ce final ressemble plutôt à une solution de facilité, dont les implications profondes ne sont jamais réellement traitées. On aurait aimé que la série s’attarde davantage sur ces problématiques et leurs conséquences au quotidien, plutôt que d’en faire un simple prétexte narratif, juste histoire de boucler un récit avec un « twist ».
Alors, certes, on peut saluer la tentative de Ragnarök de mettre en avant la culture comme un refuge, en cas de traumatisme difficile à surmonter. Après tout, la fiction est un excellent moyen de panser de nombreuses plaies béantes dans nos vies, en agissant comme un baume réconfortant et bénéfique. Mais pourquoi ne pas avoir développé un propos réparateur à ce sujet, voire avoir abordé les maladies mentales avec tout le sérieux qu’elles méritent ? Nous n’avions clairement pas besoin d’une énième série qui diminue l’importance de ces troubles psychiques, déjà suffisamment moqués ou mis de côté dans la vraie vie.
Un sentiment d’inachevé
Globalement, cette fin n’a tout simplement aucune cohérence. Si tout avait lieu du point de vue de Magne, de son imagination, comment expliquer les scènes dans lesquelles il n’apparaît pas mais qui mettent en scène des événements entre d’autres dieux de la mythologie ? Les absurdités narratives sont ainsi légion si l’on essaie de reprendre la série depuis le début, avec cette information en tête. Dans un communiqué, Netflix annonçait pourtant que « tout avait mené » à cette saison 3 finale, laissant entendre que les showrunners avaient bien prévu leur création en 3 volets, sans suite.
La conclusion laisse ainsi un sentiment d’inachevé, comme si la série avait été bâclée sous le coup d’une annulation subite, ce qui ne semble pas être le cas ici. L’incompréhension persiste, pour cette production norvégienne qui avait pourtant brillé par sa mise en avant des enjeux climatiques, dès sa première saison. On comprendrait totalement si les dieux déversaient leur colère sur Netflix, pour se venger de ce final franchement improbable.
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