Ce matin, nous ne connaissions pas la discographie de American Dollars, un duo de post-rock américain qui comptait jusqu’à récemment 118 titres dans la catalogue de Tidal. Le désormais célèbre service de streaming de Jay-Z aurait pourtant quelques soucis pour régler les royalties dues au groupe.
Bad buzz
Coup dur pour le service de streaming qui a promis de rémunérer les artistes à 75% et dont le storytelling, à grand renfort de stars planétaires, était d’inventer enfin un streaming équitable et viable pour les artistes. Au départ, nous avions craint un effet d’annonce, dans lequel seules les grandes stars trouveraient leurs comptes après une réunion des leaders de l’industrie musical : Madonna, Daft Punk ou Beyoncé avaient entre autres participé à la fondation du service.
Mais Jay-Z avait rapidement rassuré sur son compte Twitter au sujet de son fameux modèle. Tous les artistes auraient droit à la redistribution miraculeuse du streaming, dans une industrie musicale appauvrie par les revenus des plateformes. Rappelons par exemple que le leader Spotify paye entre 0,006 et 0,0084 dollars par écoute aux ayants droit. C’est donc ce rôle de chevalier blanc que Tidal s’est donné, prétendant pouvoir sauver une industrie à bout de souffle avec un nouveau modèle par les artistes, pour les artistes.
Pourtant, un rouage de la fameuse machine ne devait pas être bien huilé car American Dollars a lancé hier une class action contre Tidal… pour défaut de paiement des royalties, soit les sommes dues aux artistes en paiement des écoutes faites par les utilisateurs du service. Alors, Tidal cacherait-il derrière des beaux discours une réalité financière bien moins équitable qu’il le prétendait ?
Les plaignants demandent plus de 5 millions de dollars de royalties non payés. C’est beaucoup pour un groupe qui ne fait pas les gros titres, surtout sur une plateforme qui compte seulement 1 million d’utilisateurs. Ce chiffre élevé s’explique pourtant par l’ajout à la plainte d’une somme importante liée aux dommages et intérêts. En effet Tidal avait inséré à son catalogue la discographie du groupe et n’a reversé jusque là, selon American Dollars, aucun paiement.
à qui la faute ?
Le service de streaming a rapidement fait savoir, dans une déclaration au magazine Vulture, que le groupe s’est mal informé sur les personnes qui possèdent réellement leurs droits d’auteur. En effet, l’argent d’American Dollars aurait été reversé à Tunecore, son distributeur, qui s’était aussi permis de faire apparaître le groupe sur le service de musique en ligne :
« Tidal est à jour de toutes ses royalties sur les droits de la musique de Yesh Music […] Le groupe est mal informé sur qui, s’il y a effectivement quelqu’un, possède les paiements de royalties de leur musique. Comme l’admet Yesh Music dans sa plainte, Tidal a les droits de Master Recordings à travers son distributeur Tunecore et a payé Tunecore pour toutes les exploitations de son catalogue. Leur plainte semble porter sur les licences de droits de reproduction mécanique, sur lesquels nous sommes aussi à jour de paiement via l’agence Harry Fox. »
L’affaire démontre encore une fois l’ahurissante complexité des systèmes de royalties, complexifié, si c’était encore possible, par l’essor du streaming. Si Tidal ne semble pas être le grand méchant que certains voudraient y voir, il est, comme tous les services, tributaire d’un système profondément inéquitable dans lequel les artistes ne sont pas si souvent les ayants-droits. Pour s’éviter d’autres ennuis, Tidal a depuis supprimé de son catalogue la musique du groupe.
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