« C’est pas le téléchargement qui tue le cinéma c’est les 9 €« . C’est l’intitulé d’un groupe Facebook créé le 26 janvier 2010. 5 jours plus tard, le groupe compte très exactement, à l’heure où nous publions ces lignes, 164 732 membres. Rarement un groupe n’aura réuni autant de monde en si peu de temps sur un sujet déconnecté de l’actualité immédiate.
Selon Yann Degrand qui a créé le groupe, « le cinéma meurt à cause du prix de la place à 9 €, c’est inadmissible« . « Même si en 2009 tous les records ont été battus on nous prend pour des jambons on est pas des vaches a lait !!!« , revendique la description du groupe qui est animé de témoignages et de débats sur la question du prix des places de cinéma en France. La colère est d’autant plus grande qu’avec les films en 3D, il faut désormais ajouter 3 euros par place pour assister aux séances projetées en relief, même lorsque l’on est titulaire d’une carte d’abonnement illimité.
Il y a toutefois peu de chances que le prix baisse. Le CNC s’était intéressé pour la dernière fois en juillet 2008 au prix des places de cinéma (.pdf) pratiqués en France. Il concluait que 21,4 % des entrées vendues entre 2005 et 2008 étaient vendues à des prix compris entre 6,00 € et 6,99 €, 20,5 % entre 5,04 € et 5,99 € et 18,2 % entre 4,00 € et 5,02 €. Les prix de vente supérieurs à 8 euros ne concernaient que 15 % des billets. Mais c’était en prenant en compte les cartes illimités, qui font chuter la recette moyenne par entrée.
Surtout, les exploitants de salle ne ressentent absolument pas l’intérêt de baisser le prix des places alors que le nombre d’entrées est en constante augmentation. L’an dernier encore, 200 millions d’entrées ont été vendues dans les salles obscures en France, soit 5,7 % de billets de plus qu’en 2008. Les grands complexes veulent valoriser leurs cartes illimités qui font revenir les clients qui achètent du pop-corn et des litres de coca, bien plus rentables que les billets d’entrée à prix fort.
Par ailleurs le CNC dans une étude sur l’évolution du public dans les salles de cinéma de 1993 à 2008 (.pdf) montrait que le nombre de spectateurs occassionnels (qui payent le plus cher leurs entrées) progressait régulièrement et fortement ces dernières années, alors que le nombre de spectateurs habitués (et donc probablement clients des cartes illimitées) baisse depuis le début des années 2000. Un phénomène qu’on ne s’explique pas, sauf à se dire que les cinéphiles ne se retrouvent plus dans l’offre cinématographique actuelle, alors que les films populaires matraqués à grand coup de marketing augmentent.
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