Depuis la sortie de Hulu aux Etats-Unis, nous rêvons de voir arriver en France un service similaire qui propose dans une interface aérée de visionner en streaming les meilleures séries TV produites par les studios américains. Celles que des milliers d’internautes téléchargent déjà chaque jour illégalement, mais qu’ils pourraient enfin regarder en toute légalité en échange du visionnage de quelques publicités. Malheureusement, depuis deux ans et demi, rien ne s’est fait. Son arrivée en Europe a été annoncée, mais les chaînes de télévision semblent incapables de s’unir comme elles l’ont fait aux Etats-Unis, pour mettre en commun leurs catalogues et offrir un service concurrent au piratage. Elles préfèrent garder jalousement leurs droits sur leurs services de VOD respectifs, même s’il vaut mieux une petite part d’un gros gâteau que la totalité d’un tout petit.
Il ne faut donc pas s’étonner si d’autres services à la légalité plus douteuse viennent conquérir un marché laissé vierge par les industriels. C’est le cas du site TVGorge, qui propose une quantité impressionnante de séries TV en VO à regarder gratuitement en streaming sans restriction géographique : 24, Arrested Development, Bones, Burn Notice, Californication, CSI, Damages, Dexter, Friends, Fringe, Grey’s Anatomy, Heroes, House, How I Met Your Mother, Lost, … Elles sont toutes présentes, des plus connues aux plus confidentielles.
Et contrairement à Hulu, les internautes français peuvent regarder les séries TV sur TVGorge sans être bloqués par un firewall parce qu’ils ont le malheur d’habiter du mauvais côté de l’Atlantique.
Même s’il affiche un graphisme dépouillé très professionnel et de soit-disant partenariats prestigieux comme TV.com (qui appartient à CBS) ou Hulu, on doute que TVGorge exerce dans la plus parfaite légalité. Mais on n’a pas non plus la preuve du contraire, ni d’éléments juridiques qui nous permettent de l’affirmer. Tout dépend des contrats éventuellement signés en coulisse avec chacun des producteurs.
C’est dire si l’internaute lambda qui n’est pas expert de ces questions aura bien du mal à distinguer le légal de l’illégal, et si l’Hadopi aura bien du courage à vouloir s’attaquer au streaming. Quand bien même serait-ce possible d’un point de vue technique (ça ne l’est pas sans faire installer des mouchards par les FAI), la condamnation d’internautes qui utilisent de bonne foi de tels services est improbable d’un point de vue politique.
Voire même d’un point de vue juridique, puisque le fait de regarder un contenu en streaming peut difficilement être assimilé à une contrefaçon au sens du code de la propriété intellectuelle. Il n’y a pas vraiment de reproduction, mais une simple mise en cache. L’illégalité n’est alors pas du côté de celui qui regarde l’œuvre, mais du côté de celui qui la diffuse.
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