Le futur a tout l’air déprimant. Les dystopies sont importantes, elles servent à alerter. Mais au fil des rentrées littéraires, on voit de plus en plus apparaître d’ouvrages davantage utopiques. C’est le cas par exemple du second roman d’Elisa Beiram, Le Premier jour de paix.
On est en 2098, c’est le chaos, l’humanité est au bord de l’effondrement entre les famines les guerres et le climat. Sauf que certains n’ont pas lâché l’espoir, ils oeuvrent coûte que coûte pour rétablir la paix. Mieux, ils œuvrent à instaurer une paix durable. Elisa Beiram est audacieuse : ce roman présente la paix comme une solution crédible et possible, à rebours du cynisme ambiant, on en a aussi besoin.
Est-ce qu’on se rapproche de la fin des dystopies ?
Est-ce qu’on se rapproche de la fin des dystopies ? Oui et non. Il est urgent de rouvrir les possibles, c’est angoissant d’imaginer des avenirs sombres et bouchés. Mais en ce moment, même les écrivains et écrivaines de dystopie intègrent ce besoin. On a des dystopies… avec des éléments optimistes.
C’est le cas pour Nos coeurs disparus, le nouveau roman bouleversant de Celeste Ng. Une crise historique a fait chavirer les États-Unis dans le chaos, avant qu’un gouvernement nationaliste, réactionnaire, accède au pouvoir. Ils mettent en place le PACT, une loi censée préserver une soi-disant pureté américaine, en réduisant la liberté, en interdisant certains livres, en instaurant un racisme anti-asiatique institutionnalisé… on a aussi des opposants qui disparaissent, et même des enfants.
Et là, vous vous dites : mais c’est horrible, quel est le rapport avec l’espoir ? Mais écoutez l’autrice en parler en interview : « Ce livre m’a aussi permis de chercher comment se raccrocher à l’espoir même quand vous avez la sensation que le monde s’effondre. Comment donner de l’espoir à vos enfants et comment les encourager à se dire qu’ils peuvent faire la différence malgré l’impression que tout va mal. »
Dans Nos coeurs disparus, l’outil de libération ce sont les mots, la poésie. C’est l’histoire d’un enfant qui cherche à retrouver sa mère, une poétesse qui se rebelle à travers l’écriture.
En atteste cet extrait : « Elle faisait toujours ça, lui raconter des histoires. Ouvrir des brèches par où la magie pouvait s’insinuer, faisant du monde un lieu de tous les possibles. »
Un lieu de tous les possibles. Il est étonnant de lire une forme d’émerveillement dans un roman qui décrit un futur tout sauf enviable. Celeste Ng réussit un tour de force littéraire d’écrire un roman dystopique sensible, qui donne envie de sauver le futur plutôt que de l’abandonner au désespoir.
L’émission « Le Meilleur des mondes » est diffusée le vendredi soir de 21h à 22h, et disponible en replay sur le site de Radio France.
Retrouvez également l’émission sur Twitch, avec 30 minutes supplémentaires dans l’after.
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