Cette saison 4 signe la fin de Sex Education sur Netflix (même si l’on espère un spin-off quelconque). Bien qu’elle divise des fans, cette conclusion est pleinement réussie : elle offre une mise en sens complète à l’échelle de toute la série. Chaque parcours aboutit à une fin logique et heureuse. C’est ce qu’on demandait à Sex Education qui, aussi touchante que drôle, est d’une générosité qui nous aura touché droit au cœur jusqu’au bout.
Aimee forever
Aimee (Aimee Gibbs) est le symbole de Sex Education. Ce personnage magnifiquement touchant aura certes su nous faire rire très souvent, mais aura surtout captivé toute notre affection, durant ces quatre saisons. Au point d’être la « star » de la série, très clairement. Son parcours est celui d’une guérison profonde, d’une résilience longue et complexe qui n’a rien d’une formule magique, mais qui est un combat — car oui, Aimee est terriblement forte.
Cette quatrième saison lui offre ainsi l’issue qu’elle mérite : en s’épanouissant dans la photographie d’art, elle parvient à s’exprimer. Ainsi, elle ne guérit pas seulement de son agression sexuelle, elle la transforme, matériellement. En créant ainsi du sens, elle parvient à se sentir mieux autant qu’à habiter le monde, en s’affirmant. In fine, l’attention portée à l’écriture du personnage est palpable. Sa bienveillance a, par exemple, toujours été valorisée comme un atout. Même son histoire d’amour avec Isaac va à son rythme, avec douceur ; les besoins d’Aimee sont mis en avant.
L’histoire d’Aimee est d’une tendresse inoubliable, réparatrice. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à connaître un voyage réparateur.
La famille Groff connaît sans doute, à ce titre, l’un des plus beaux développements de toute la série. On se souvient d’un Adam (Connor Swindells) brutal et taiseux, qui s’est employé à changer à partir de la saison 2. Cette saison 4 le fait briller, en montrant un personnage apaisé, qui trouve sa place dans le monde et parvient même, à la toute fin, à affirmer pour la première fois sa bisexualité. Une représentation importante, par ailleurs, du biromantisme, puisque le personnage aura montré des sentiments pour Eric puis pour Jem.
À la fin de la série, Adam est devenu quelqu’un de bien et d’heureux. Chacune de ses scènes, au cours de cette saison, fait du bien. Sa rencontre avec quelqu’un qui ne l’a jamais connu auparavant, dans un lieu pleinement nouveau, est une pierre angulaire dans ce voyage, un moment de transition absolument essentiel. De même, son père et sa mère ont tous deux, individuellement d’abord puis ensemble, accompli une sorte de voyage initiatique. Cette scène finale, tous les trois réunis devant la série, est un déluge d’émotions malgré son quasi-silence : elle symbolise, avec beaucoup de douceur, la possibilité même du changement positif — à l’échelle de l’individu et de ses relations.
Nombreux sont les personnages qui ont réussi à s’affirmer au monde dans un voyage réparateur. Eric (Ncuti Gatwa), par exemple, embrasse pleinement ce qu’il y a de queer en lui. Même s’il y a de nouveaux protagonistes, la fin fait honneur à ceux que l’on suit depuis le début. Viv (Chinenye Ezeudu), Jackson (Kedar Williams-Stirling), Ruby (Mimi Keene), Cal (Dua Saleh), ou encore la géniale Jean (Gillian Anderson), tous et toutes ont pu guérir de blessures et établir une sorte de « safe space » autour d’eux. En définitive, cette saison 4 permet à Sex Education d’avoir une fin heureuse. Et, choisir une fin heureuse, où chaque personnage peut aller au bout de son voyage, cela revient littéralement à donner du sens à tous les enseignements de ces quatre saisons.
Otis et Maeve : l’issue de leur relation est exactement ce qu’il fallait
Otis et Maeve ont été, depuis le début de la série, le « love interest » central. Bien qu’on ne puisse pas forcément parler de duo principal, tant il y a de personnages importants, ils étaient en tout cas le fil conducteur du récit. De fait, toute la question était de savoir s’ils « finiraient » ensemble ou non. La conclusion choisie est la meilleure solution possible : bien qu’ils ne soient pas en couple, leur amour est laissé intact, rempli de reconnaissance mutuelle pour le chemin parcouru — en atteste la lettre laissée par Maeve à Otis.
Ce choix évite de nombreux écueils, et notamment celui d’un « endgame » amoureux à la fin de l’histoire, comme si la constitution d’un couple était une fin en soi. Ce serait presque renoncer à tout ce qui a été établi dans la série. Tout à l’inverse, Sex Education intègre l’amour dans un continuum de vie. Maeve choisit ses rêves en partant étudier la littérature aux États-Unis et en quittant Moordale, Otis choisit son bien-être mental en refusant une relation à distance. Peut-être se retrouveront-ils, peut-être pas : qu’importe, leur relation aura été une brique déterminante, positivement, dans leurs vies. L’approche est saine, libératrice, et ainsi, puissante.
En définitive, Sex Education aura tenu jusqu’au bout sa promesse d’œuvre cosy. En étant toujours aussi chamallow, la série imaginée par Laurie Nunn ne fait pas seulement office de bonbon agréable à regarder, entre humour et émotion. Elle nous envoie aussi un message fort, jusqu’à sa fin. Tout commence dans l’intimité — au sens large. C’est là que l’on se sécurise, que l’on se découvre, que l’on se transforme. Puis cette bulle peut ensuite s’étendre à différents cercles sociaux autour de nous. Sex Education diffuse ainsi son optimisme : en étant bienveillant envers soi, on l’est envers les autres, ce qui, au bout du compte, améliore rien qu’un peu le monde. Ce qui est réparateur pour les personnages l’est aussi pour nous. Donc, merci Sex Education.
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