Le chef-d’œuvre de la réalisatrice française Céline Sciamma est enfin disponible sur Netflix, depuis le début du mois d’octobre 2023. On vous donne donc 4 raisons de vous (re)plonger dans Portrait de la jeune fille en feu, sommet de romantisme en costumes, tout en délicatesse et en sensualité, magnifié par les performances d’Adèle Haenel et de Noémie Merlant.

En septembre 2019, le cinéma tout entier était bouleversé par l’arrivée d’un monument, qui redonnait enfin aux lesbiennes la lumière flamboyante qu’elles méritent : Portrait de la jeune fille en feu. Réalisé par Céline Sciamma (Tomboy, Ma Vie de Courgette), cette histoire d’amour nous incitait à remonter le temps, à la fin du 18e siècle, pour assister à la romance naissante entre Héloïse, promise à un mariage arrangé avec un homme qu’elle ne connaît pas, et Marianne, artiste de talent qui doit peindre son portrait en secret.

Ces deux figures lesbiennes, incarnées par Adèle Haenel (120 battements par minute) et Noémie Merlant (L’Innocent) ont durablement marqué le septième art de leur empreinte aussi discrète qu’ardente. Quatre ans après la sortie de Portrait de la jeune fille en feu sur le grand écran, Netflix offre enfin la possibilité de (re)découvrir cette merveille de douceur poétique. Voici donc 4 raisons de vous laisser porter par la passion d’Héloïse et Marianne, le long des côtes bretonnes. Si, après avoir regardé Portrait de la jeune fille en feu (et pleuré devant), vous voulez regarder plus de films avec des héroïnes lesbiennes, plongez dans notre sélection des meilleurs films lesbiens disponibles en streaming.

1. Adèle Haenel et Noémie Merlant forment le duo le plus incandescent du septième art

Ne cherchez pas plus loin : les deux actrices françaises forment clairement le couple lesbien ultime. Leur alchimie crève l’écran, alors même que leurs émotions sont constamment à fleur de peau. L’évidence de l’amour entre les deux personnages repose pourtant sur de nombreux non-dits, qui seront dévoilés au fur et à mesure que leur désir s’embrase. Mais c’est justement tout ce qui fait la force de ce récit si beau : un mélange entre retenue et fougue non dissimulée.

L'alchimie à l'état pur // Source : Pyramide Distribution
L’alchimie à l’état pur // Source : Pyramide Distribution

Et les deux comédiennes donnent vie avec tant de justesse à ces femmes tiraillées entre leurs obligations, imposées par le patriarcat, et l’appel de leurs cœurs qui battent à l’unisson. Si, depuis, Adèle Haenel a décidé de quitter le cinéma pour se consacrer au théâtre et à ses combats politiques, on ne peut que se sentir chanceux et chanceuses d’avoir pu être témoins de son rôle bouleversant dans Portrait de la jeune fille en feu.

2. Une réalisation digne des plus grands tableaux

Une jeune femme dont on n’a encore jamais vu le visage marche de dos, une capuche bleu nuit couvrant ses cheveux, jusqu’à ce que le vent ne dévoile sa chevelure blonde, attachée en un rapide chignon. Puis, tout s’accélère alors qu’elle se met à courir vers le large avant de s’arrêter de justesse, à flanc de falaise, face au vide. On découvre alors enfin le visage souriant d’Héloïse, destiné à être peint secrètement par Marianne dans quelques heures. Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la réalisation à la fois délicate et brûlante de Céline Sciamma.

Pour donner vie à son drame en costumes au 18e siècle, un genre très codifié, la cinéaste convoque notamment la lueur romantique de Jane Campion et de sa Leçon de piano iconique. De la même façon qu’Ada plonge dans l’océan pour retrouver son instrument dans le drame de 1993, Marianne saute à l’eau dès les premières minutes de Portrait de la jeune fille en feu pour récupérer un tableau naufragé.

De vrais tableaux, on vous le dit // Source : Pyramide Distribution
De vrais tableaux, on vous le dit // Source : Pyramide Distribution

On pense aussi à Titanic de James Cameron ou aux films de Sofia Coppola (Lost in Translation, Virgin Suicides) devant ces plans somptueux, dignes des plus grands tableaux. La lumière, qui oscille entre ténèbres éclairées à la bougie et séquences éblouissantes en bord de mer, est somptueuse, tant elle complète une photographie déjà majestueuse. On gardera longtemps en tête la vision d’Adèle Haenel, de dos, qui contemple les vagues s’écrasant sur le rivage, ou bien vêtue d’une robe qui prend littéralement feu au milieu de la nuit, telle celle de Katniss Everdeen dans Hunger Games.

3. La romance lesbienne dont le monde avait besoin

Si Portrait de la jeune fille en feu a tant marqué les esprits, c’est en grande partie grâce à l’importance de sa thématique centrale. Mettre en scène une romance lesbienne au cinéma, avec toute la légitimité qu’elle mérite, dans le genre très fermé des films en costumes, et avec un succès aussi retentissant, autant dire que cela se rapprochait plutôt du miracle. Et pourtant, Céline Sciamma a relevé le défi haut la main, offrant au passage au monde, mais surtout aux lesbiennes, l’une des plus belles histoires d’amour jamais racontées. Et en termes de représentations, cette nouvelle pierre à l’édifice signifie tellement, dans une société où les relations non-hétéros sont encore trop souvent l’objet de haine et de violences.

Tant d'amour en un regard // Source : Pyramide Distribution
Tant d’amour en un regard // Source : Pyramide Distribution

Devenu, depuis, un symbole des luttes féministes et LGBTQIA+, le film a également inspiré d’autres tentatives cinématographiques moins réussies, comme Ammonite avec Kate Winslet (Titanic, Mare of Easttown) et Saoirse Ronan (Les Filles du Docteur March). Il faut dire qu’il est difficile d’arriver à la cheville de la passion sensible et sensuelle qui prend vie entre Héloïse et Marianne, le tout sur fond des Quatre saisons de Vivaldi, que vous n’entendrez vraiment plus jamais de la même façon.

4. Une masterclass féministe

Le « male gaze », ce regard masculin qui objectifie bien trop souvent les femmes au cinéma (ou dans bien d’autres pans de la culture), inonde nos écrans depuis la nuit des temps. Mais avec Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma illustre parfaitement l’antithèse de cette traditionnelle vision : le « female gaze ». Le « regard féminin », détaillé par Iris Brey dans son ouvrage du même nom en 2020, reprend ainsi le pouvoir, mettant en scène les corps des femmes nues avec tellement de délicatesse et de beauté. Véritable ode à l’art, enfin libéré des carcans imposés par le patriarcat, Portrait de la jeune fille en feu nous offre une narration remplie de sororité, dans laquelle les femmes se soutiennent dans des épreuves comme l’avortement, et se tirent vers le haut avec bienveillance, quoi qu’il arrive.

Céline Sciamma propose ainsi une façon unique de filmer les corps féminins, avec tellement d’intelligence. On pourrait parler pendant des heures de la scène où Marianne dessine son auto-portrait, grâce à un miroir placé devant le sexe de son amoureuse, séquence si importante pour la représentation des femmes et de leur désir au cinéma. Portrait de la jeune fille en feu est ainsi une masterclass féministe de tous les instants, qui permet enfin aux personnages féminins d’exister dans toute leur complexité, mais surtout libres et amoureuses comme jamais.

Source : Montage Numerama

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