Voilà une étude qui devrait inciter les fournisseurs d’accès à Internet britanniques à y réfléchir à deux fois avant de s’opposer à toute solution anti-piratage. Selon une enquête menée par Ovum pour le compte d’Universal Music et la British Phonographic Industry (BPI), l’association chargée de défendre les intérêts de l’industrie britannique du disque, les FAI pourraient – dans le meilleur des cas – gagner jusqu’à 223 millions d’euros d’ici 2013 grâce à la vente légale de fichiers musicaux.
Comment ? En associant tout simplement des offres commerciales avec des mesures de lutte contre le téléchargement illégal. C’est d’ailleurs ce que prévoit le Digital Economy Bill, la version anglaise de la Hadopi, en page 7 du rapport : les FAI pourront personnaliser le message d’avertissement envoyé aux internautes suspectés d’enfreindre les droits d’auteur, en proposant par exemple des liens menant vers des services payants proposant des contenus musicaux et cinématographiques.
Dès lors, en ayant la possibilité de promouvoir leurs propres services, les fournisseurs d’accès à Internet seront inévitablement tentés d’être moins regardants sur le respect de la procédure ou sur le bienfondé de chaque avertissement. D’ailleurs, l’étude souligne que même en cas d’absence d’euphorie, les gains resteront assez importants. On parle de 123 millions d’euros d’ici 2013 en cas de succès mitigé.
Selon Adrian Drury, co-auteur de l’étude et principal analyste chez Ovum, « les opportunités de revenus pour les services de musique intégrés aux offres des FAI britanniques augmenteraient si ces services étaient proposés aux consommateurs en association avec des mesures significatives pour lutter contre le téléchargement illégal de musique« . L’autre avantage serait la fidélisation des abonnés, évitant ainsi un quelconque départ vers la concurrence.
« Un gros FAI avec 3,5 millions de clients pourraient générer indirectement plus de 22 millions d’euros par an si son service de musique parvient à réduire le taux de désabonnement d’à peine de 10 % » estime l’étude d’Universal Music et de la BPI. De quoi persuader les FAI et surtout de tester l’idée au Royaume-Uni, avant de l’exporter à l’étranger pour mieux faire passer la pilule.
Rappelons qu’en France, la loi Hadopi première du nom prévoit que le message d’avertissement est envoyé par l’Hadopi, « sous son timbre et pour son compte« , mais « par l’intermédiaire » des FAI. De plus, elle précise que le message « contient une information de l’abonné sur l’offre légale de contenus culturels en ligne », qui devrait être un lien vers une page du site officiel de l’Hadopi listant les offres labellisées. L’idée britannique serait alors bien plus intéressante, puisque les FAI français pourraient alors proposer leurs propres offres et services.
Pour le patron de la British Phonographic Industry, c’est une opportunité à prendre. « Les sociétés britanniques dans le secteur de la musique veulent innover et développer de nouvelles offres attractives. Les FAI comme Virgin Media ont reconnu que les services de musique numérique légaux offrent un avenir bien plus intéressant et rentable que le piratage continu et global« .
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