Le temps file comme une Ferrari 499P sur la ligne droite des Hunaudières. Voilà déjà six ans que Forza Motorsport ne s’était pas aventuré sur la piste, patientant scrupuleusement dans son atelier pour revenir plus rutilant que jamais. C’est tout du moins ce que l’on imaginait, échauffé par la disparition de sa numérotation semblant symboliser un tout nouveau départ et une refonte massive du jeu. Se serait-on un peu vite enflammé ?
Inutile de créer un faux suspense, Forza Motorsport assure sur l’essentiel. En piste, c’est un véritable régal. On est bien sûr rapidement étourdi par ses graphismes, notamment le rendu des voitures dont le niveau de détails est assez sidérant. Pas peu fier de sa réalisation, le jeu ne perd d’ailleurs jamais une occasion d’enchaîner les gros plans sur un tableau de bord, un bout de pot d’échappement ou de parechoc sur fond de voix-off faussement suave et grandiloquente à la limite de l’érotisme mécanique. Mais honnêtement, on a du mal à lui en vouloir d’exposer à ce point ce travail méticuleux qui prend d’ailleurs magnifiquement vie durant les courses. Où les lumières et les effets atmosphériques posent sur les pistes un voile réaliste vraiment spectaculaire et moins clinquant que ses prédécesseurs.
Points forts
- Techniquement impressionnant
- Pilotage délectable
- Beaucoup de réglages de difficulté et accessibilité
Points faibles
- La surcouche RPG inutile
- Un solo trop plan-plan
- Un poil chiche côté circuit (pour l’instant)
Visuellement, c’est de l’orgasme automobile
Et au volant, ça donne quoi ?
Jadis un des outils de séduction de Forza Motorsport, la manette Xbox est désormais un peu dépassée par la DualSense et ses gâchettes magiques. Qu’à cela ne tienne, on a pu goûter à une conduite bien plus sensationnelle grâce au volant Logitech G923 entièrement compatible avec les Xbox Series. Sans forcément égaler Thrustmaster en termes d’efficacité et un poil trop porté sur les vibrations, il permet de découvrir le jeu d’une toute nouvelle manière en délivrant bien plus d’informations sur la conduite et surtout en gagnant énormément en précision dans ses trajectoires (sans parler de l’évident bond en avant côté immersion). Il faut un peu pousser les meubles et avoir le budget pour, mais cela reste la meilleure manière de déguster Forza Motorsport. Avec l’orientation à long terme que semble prendre le jeu, c’est en plus un investissement qui devrait être rentable pour les pilotes les plus tenaces et accros.
Bref, Turn 10 met littéralement des paillettes dans nos yeux (surtout sur Xbox Series X et PC), mais aussi dans nos oreilles. En course, l’ambiance sonore est tout simplement exemplaire avec un bel équilibrage entre les vrombissements rageurs de nos moteurs et l’accumulation de bruitages environnants (souffle de l’air, crépitement de l’asphalte, crissements de pneu, rugissements des autres concurrents). Le tout renforce l’immersion tout en livrant de précieuses informations sur le pilotage.
De ce point de vue encore, on ne peut que s’incliner devant le travail réalisé. Si l’on excepte quelques mini aléas — notamment sur des transferts de charge un poil exagérés (et des pertes d’adhérence brutales) pour un coup de volant pourtant anodin –, le comportement des voitures est délectable. Le moteur physique retravaillé, affiné, fait vraiment des merveilles et nourrit un challenge qui peut toujours se moduler complètement en fonction des envies et attentes des joueurs, débutants ou pilotes aguerris. On découvre ainsi des courses disputées, avec sa propre voiture dès lors que sa puissance le permet, mais aussi avec des adversaires au comportement très correct. Ils sont tenaces, sans être bêtement agressifs et surtout retors quand on cale leur difficulté sur un niveau élevé.
On tourne un peu en rond…
Tout pourrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes automobiles si l’enrobage de cet épisode n’était pas si bancal et paradoxal. Car oui, dans un jeu de course, il y a ce qui se passe sur la piste, mais il y a aussi tout ce qui se passe en dehors. Si puissantes et séduisantes soient les sensations en course, on est en droit d’attendre d’un jeu vidéo qu’il sache trouver par sa mise en scène ou sa structure un moyen de réveiller notre instinct de compétition pour nous motiver à déguster ses courses. Malheureusement, en l’état, Forza Motorsport a un certain mal à le faire — contrairement à Forza Horizon 5.
En guise de mode Carrière, cet épisode propose un Championnat des Constructeurs qui se divise en cinq « Tours », des groupements de cinq compétitions qui s’étalent parfois sur cinq ou six courses différentes. Elles sont bien évidemment thématiques et donnent accès à des voitures de plus en plus performantes, mais pas trop. Et c’est un premier problème. Malgré les heures de jeu qui s’accumulent, Forza Motorsport rechigne à nous confier des voitures vraiment puissantes et peine de ce fait à nous motiver. Pour cela, il compte plutôt sur une facette ‘CarPG’ d’une fadeur absolue.
Sur le principe, elle partait d’une bonne intention : faire gagner de l’XP à nos voitures en fonction de nos performances, notamment en prenant part aux essais avant course pour mieux apprendre les circuits et le comportement de nos montures. Hélas, ces gains de points sont extrêmement machinaux et débloquent des pièces mécaniques (à chaque montée en niveau) dont on se fiche. Une simple fenêtre s’affiche en fin de course, puis on se rend dans un menu gris où il suffit de cliquer sur une option d’amélioration automatique pour que tout soit installé de manière optimale. Cela ne suscite et ne demande aucune implication de notre part. Comme derrière, les championnats se succèdent bêtement, sans grande mise en scène et qu’on ne peut même pas compter sur un véritable gain de puissance des voitures… Bah, on s’ennuie un peu.
ForzZZZzzza
De guerre lasse, on se tourne vers le mode Jeu libre qui a la gentillesse de nous donner accès à tout le contenu du jeu pour concocter quelques courses intéressantes. Mais là encore, on est rattrapé par les limites du système : un nombre de circuits pas encore fou (seulement 20, dont certains anecdotiques), pas de possibilité de créer de championnat, un passage fastidieux par le menu entre chaque course… C’est dingue tout l’effort que le jeu nous demande de fournir pour créer les bonnes conditions pour profiter de son pilotage et ses courses haletantes.
Heureusement que l’on peut compter sur des courses en ligne très satisfaisantes et surtout la promesse de compétitions temporaires qui déjà nous font de l’œil dans le menu. On sent en fait que cette mouture n’est qu’un socle qui saura probablement évoluer au fil des mois et devrait être rapidement enrichi. La disparition de la numérotation suggère même la mue de Forza Motorsport en véritable jeu-service et sa présence au Game Pass le rend d’autant plus attractif. Patience, donc. Pour l’heure, une petite pointe de déception vient gâcher ces retrouvailles prometteuses, mais gageons que cela ne sera vite qu’un mauvais souvenir.
Le verdict
Forza Motorsport
Voir la ficheOn a aimé
- Techniquement impressionnant
- Pilotage délectable
- Beaucoup de réglages de difficulté et accessibilité
On a moins aimé
- La surcouche RPG inutile
- Un solo trop plan-plan
- Un poil chiche côté circuit (pour l’instant)
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