L’utilisation des outils d’intelligence artificielle est actuellement très discutée dans la sphère culturelle. Certains artistes craignent pour leur avenir professionnel, à l’image de ce que l’on a pu voir lors de la grève des scénaristes. Cette technologie offre aussi des possibilités spectaculaires, comme l’indique Bloomberg dans un article publié le 12 octobre.
En effet, le studio polonais CD Projekt Red n’a pas hésité à faire appel à une IA pour créer les dialogues d’un personnage de Cyberpunk 2077 dont le doubleur original est décédé en 2021.
Dans la version polonaise de Cyberpunk 2077, Milogost Reczek prête sa voix à Viktor Vektor, un « charcudoc » qui fait son retour dans l’extension Phantom Liberty. Les développeurs se sont toutefois retrouvés dans une impasse : avec la mort de l’acteur, comment enregistrer les nouvelles lignes de dialogue ? Ils ont décidé de faire appel à une IA, en accord avec la famille. En l’occurrence, c’est avec le logiciel Respeecher — conçu pour « cloner » une voix. Le site de cet outil vante de pouvoir « créer une réplique qui est imperceptible par rapport à l’original. »
Une IA qui sert à honorer la mémoire
Les fils de Milogost Reczek ont apporté tout leur soutien à CD Projekt Red quant à la reproduction de la voix de leur père grâce à une IA. À leurs yeux, cela permet d’honorer la performance de l’acteur et d’assurer un travail de préservation. En charge de la localisation de Cyberpunk 2077, Mikołaj Szwed a indiqué que la performance de Milogost Reczek, « un grand talent en Pologne », était « incroyable ».
Pour CD Projekt Red, l’alternative aurait été de faire incarner Viktor Vektor par une autre personne. Elle aurait néanmoins forcé le studio à réenregistrer les dialogues pour l’intégralité du jeu, afin d’assurer une pleine continuité entre le contenu de base et l’extension. Elle aurait alors totalement effacé Milogost Reczek de Cyberpunk 2077, ce qui pourrait être perçu comme un manque de respect pour l’héritage du défunt.
Respeecher est un logiciel qui a déjà servi pour la série Obi-Wan Kenobi, afin de créer une voix plus jeune à Dark Vador — l’acteur américain James Earl Jones, dont la voix a donné vie à Dark Vador pendant 45 ans, ayant accepté que son travail puisse servir à des projets sur Star Wars. Mais l’émergence de ces outils fait peur au monde de doublage, qui craint d’être écarté au profit de voix synthétiques.
Ce n’est pas la première fois qu’on utilise des technologies de pointe pour « ressusciter » quelqu’un. Dans le film Rogue One: A Star Wars Story, le réalisateur Gareth Edwards et ses équipes ont exploité des images de synthèse pour faire apparaître Peter Cushing, interprète original du Grand Moff Tarkin mort en 1994, 20 ans avant la sortie du film. Un traitement qui a été refusé à Carrie Fisher pour Star Wars : L’Ascension de Skywalker.
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