D’une manière ou d’une autre, on est toutes et tous liés à Spider-Man. Certains l’ont découvert avec le dessin animé diffusé sur TF1. D’autres se sont pris d’affection pour Tobey Maguire, premier interprète du super-héros au cinéma, qui a ensuite arraché une petite larme avec son retour dans le film Spider-Man: No Way Home. Quant aux fans les plus mordus, ils dévorent les comics depuis maintenant des décennies. Spider-Man, c’est ce personnage cool qu’il est difficile de détester. S’il pouvait être élu personnalité préférée des Français, il rejoindrait sans trop de problème Jean-Jacques Goldman ou Yannick Noah au palmarès.
Dans le monde vidéoludique, l’Homme-Araignée a connu diverses fortunes. Sous pavillon Activision, il n’a jamais vraiment offert la mesure de son plein potentiel. Mais les choses ont changé depuis que le super-héros est devenu la propriété de Sony, qui a confié les adaptations en jeux vidéo à Insomniac Games. Le premier titre, d’abord sorti sur PS4, donnait le ton avec une aventure aussi scolaire que spectaculaire. Pour Marvel’s Spider-Man 2, le studio passe sur PS5, une console qui lui permet d’obtenir les moyens de ses ambitions. Et de voir double, puisqu’il n’y a pas un, mais deux Spider-Man : Peter Morales. Voire trois, si on ajoute Venom, principal argument d’un jeu qui ronronne avant de définitivement tisser sa toile.
Points forts
- Que c’est beau…
- Venom
- La DualSense employée avec intelligence
Points faibles
- Première moitié qui ronronne trop
- Monde ouvert générique
- Trop de costumes
Sans Venom, Marvel’s Spider-Man 2 ronronne
Les premières heures de Marvel’s Spider-Man 2 s’avèrent déconcertantes. Après une introduction qui démarre sur les chapeaux de roues, l’exclusivité PS5 s’installe dans un rythme de seigneur, qui attend que son tour vienne. D’un coup, la narration se resserre sur des problématiques plus intimes, liées aux difficultés rencontrées par Peter et Miles dans la vie. On rappelle quand même qu’ils ont tous deux enterré des proches, ce qui n’aide pas à avancer dans les meilleures dispositions. D’aucuns y verront des ressorts émotionnels intéressants, chargés de renforcer l’empathie. « Être Spider-Man c’est pas évident si tu veux garder un taff », entendra-t-on, alors que Peter a du mal à joindre les deux bouts. Comme quoi, l’argent est un enjeu universel. Un grand pouvoir implique aussi de grandes économies ?
On finit vite par se demander où sont les boss épiques, les situations qui scotchent la mâchoire. Même l’apparition de Kraven, pourtant effrayant par la puissance qu’il dégage, n’y fait rien. Il manque quelque chose à ce Marvel’s Spider-Man 2 pour décoller, une bonne fois pour toutes et rompre avec ce statut d’expérience qu’on a déjà vécu auparavant. Les craintes qu’on pouvait avoir devant un tel projet se révèlent confortées dans des habitudes un tantinet trop nécessaires.
Puis arrive Venom.
Comme on pouvait s’y attendre, le symbiote change tout dans Marvel’s Spider-Man 2. Il apporte des enjeux majeurs, tout en conservant cette course à l’émotion. Il modifie — un peu — le gameplay du Spider-Man version Peter Parker, qui se retrouve contaminé. Il est à l’origine de nombreuses scènes qui font franchir un vrai cap au jeu dans son argument de grand spectacle, soit exactement ce qu’on attend d’une suite censée faire tout mieux. Il y a un avant et après Venom, comme si Insomniac Games avait sciemment voulu nous endormir, pour mieux nous réveiller en sursaut ensuite, dans un cauchemar comme seul le super-vilain emblématique en a le secret. De ce point de vue, c’est réussi. Mais les premières heures auraient quand même pu être moins ennuyantes.
D’autant que le gameplay de Marvel’s Spider-Man 2 n’a rien de profondément surprenant. On ne peut pas vraiment en vouloir à Insomniac Games sur ce point, tant Marvel’s Spider-Man et Marvel’s Spider-Man: Miles Morales sont assez irréprochables en matière de sensations. On est toujours dans ce qui se rapproche le plus d’une simulation ultime dans le(s) costume(s) de Spider-Man. Qu’il est plaisant de virevolter entre les buildings de New-York avec l’aisance d’un voltigeur. Qu’il est grisant de se débarrasser d’une horde d’ennemis avec rapidité, agilité et style.
Bon point : Miles Morales et Peter Parker ne se jouent pas tout à fait de la même façon, malgré un tronc de mouvements communs. Ils ont d’ailleurs un arbre de compétences propre, lié aux pouvoirs électriques de l’un (Miles) et aux compétences technologiques/symbiotiques de l’autre (Peter). On peut passer de l’un à l’autre à l’envi, mais certaines missions sont exclusives. À ce propos, il arrive que Miles soit un peu plus délaissé, Venom étant davantage lié à Peter.
En revanche, force est de reconnaître qu’Insomniac Games aurait pu faire beaucoup mieux dans la structure de son monde ouvert. On retrouve alors les mêmes ressorts qu’avant, articulés autour de missions principales variées (avec plein de mini-jeux au passage) et des objectifs qui se répètent d’un quartier à l’autre. Certes, les développeurs sont piégés par le fait que Marvel’s Spider-Man 2 n’a pas changé d’unité de lieu (New York). Mais il y avait d’autres pistes à creuser que de faire du copier-coller, à quelques variations près. On en a vite marre de combattre les mêmes sbires de l’Homme-sable, de partir en quête de petits robots cachés ou de répéter les mêmes tâches, encore et encore. Insomniac Games a privilégié la routine et l’efficacité à l’audace et, à l’arrivée, le New York de Marvel’s Spider-Man 2 est un terrain de jeu paresseux qu’on a déjà vu 100 fois, en prime assez chiche en contenu (comptez 25/30 heures pour les 100 %). S’il n’était pas aussi satisfaisant de s’y balader, on serait sans doute moins indulgent. L’effet Spider-Man.
Autre argument massue de Marvel’s Spider-Man 2, la partie visuelle est vraiment ébouriffante. Il n’y a aucun mot qui pourrait qualifier assez la générosité dont fait preuve Insomniac Games, qui en avait déjà mis plein la vue avec Ratchet & Clank: Rift Apart (un film d’animation interactif). Les effets, liés aux éclairages comme aux super-pouvoirs, sont hallucinants de précision et de détails. Ils viennent renforcer une mise en scène pensée pour offrir un vrai blockbuster, doublé d’une vitrine technique pour la PS5 (le statut ultime reste l’apanage d’Horizon Forbidden West, dont les environnements luxuriants restent difficiles à égaler). Les animations, forcément, sont ahurissantes de réalisme, et le ray tracing activé en permanence, qu’importe le mode d’affichage choisi, prouve que les miracles existent. Cette technologie, qu’on pensait illusoire sur console, permet d’obtenir des reflets saisissants. Au rang des petites déceptions, on pourra citer certaines animations faciales, qui manquent de naturel par rapport au reste.
On ne tarira pas d’éloges non plus devant l’optimisation parfaite des capacités de la DualSense, manette bardée de technologies qu’on adore, mais qu’on adorerait surtout mieux sollicitée. Insomniac Games n’a rien oublié en route : haut-parleur employé pour renforcer l’immersion, retour haptique géré de manière très fine dans des situations étonnantes, gâchettes adaptatives qui ne tombent pas dans la surenchère fatigante… Même le gyroscope n’a pas été mis de côté, preuve que le studio tient d’abord à faire de Marvel’s Spider-Man 2 une expérience uniquement possible sur PS5. La console aurait rêvé d’un jeu avec de tels arguments techniques à son lancement, à la place d’un Marvel’s Spider-Man: Miles Morales trop sage il y a bientôt trois ans.
Le verdict
Marvel’s Spider-Man 2
Voir la ficheOn a aimé
- Que c’est beau…
- Venom
- La DualSense employée avec intelligence
On a moins aimé
- Première moitié qui ronronne trop
- Monde ouvert générique
- Trop de costumes
Marvel’s Spider-Man 2 est un jeu vidéo schizophrène, un comble sachant qu’il permet d’incarner deux super-héros. Les premières heures sont ennuyantes, trop scolaires et presque trop routinières. Et puis l’expérience finit par décoller et assumer son vrai statut d’exclusivité PlayStation 5 incontournable. Visuellement incroyable, il tisse sa toile avec la réussite attendue, fruit d’une recette plus efficace que vraiment audacieuse. Insomniac Games ne tient pas à revoir sa formule de fond en comble, ce qu’on pourra déplorer sur la structure du monde ouvert.
On prend quand même beaucoup de plaisir à déambuler dans les rues de New York, ville qu’on commence à connaître par cœur. Marvel’s Spider-Man 2 doit beaucoup à la sympathie qui se dégage des deux héros qu’il met en scène. Le super-héros Marvel dispose d’un sacré totem d’immunité sur ce point, et ce titre fait autant honneur au personnage qu’à la PS5, dont les technologies aboutissent à une expérience assez unique.
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