Cette semaine le Copyright Madness revient sur la bataille pour la langue klingon, la pression de la MPAA sur un projet né des cendres de Popcorn Time, la tactique de Twitter pour promouvoir et protéger le terme de dronie et le brevet d’Amazon pour payer en ligne avec des selfies. Bonne lecture, et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
DésEsperanto. CBS et Paramount ne font pas dans la dentelle. Les studios de cinéma sont prêts à recourir aux plus curieuses stratégies pour protéger leurs licences. Cette fois-ci, les deux géants du divertissement se sont attaqués à un projet de fans de Star Trek qui souhaitaient réaliser un film autour de cet univers. Les avocats des fans ont demandé quelques précisions afin de savoir quels sont les éléments de la série protégés par un copyright. Évidemment, on apprend que l’usage des personnages, des costumes et des planètes est verrouillé. Cela n’est pas si surprenant. En revanche, on tombe un peu de haut quand on découvre que les oreilles pointues de Spock sont intouchables à cause d’un copyright. Pire encore, la langue klingon, qui est une langue inventée qui n’existait pas avant la série, dispose également d’une protection ! Il y a pourtant toute une communauté de fans qui l’utilise, la parle et l’enseigne ! On nous a signalé que les titulaires de droits de la langue des Télétubbies voudraient porter plainte contre les bébés accusés d’employer le même langage !
Avarice. L’avidité de certains descendants d’auteur nous étonnera toujours. Aux États-Unis, le livre To Kill A Mockingbird (Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur) est un très gros succès de librairie, dont l’auteur Harper Lee est décédée en février 2016. L’ouvrage fait notamment partie de ceux qui sont les plus lus dans les écoles américaines. Mais cela risque de ne pas durer, car les héritiers de l’auteur ont obtenu de la justice que la commercialisation de la version de poche bon marché cesse au profit d’une édition plus chère. Le risque est que bien des écoles n’auront plus les moyens de l’acheter pour leurs élèves. Et le pire, c’est que ces héritiers vont garder les droits encore pendant 70 ans…
Le beurre et l’argent du beurre. Nous sommes rassurés de constater que la Motion Picture Association of America (MPAA) se porte bien. Cela faisait quelque temps qu’elle n’avait pas trempé dans le Copyright Madness. Mais cette semaine, l’association des studios de cinéma a prouvé qu’elle était toujours dans la course en s’attaquant au projet Butter développé par des anciens du service PopCorn Time. À la différence de Popcorn Time, Butter est un outil qui diffuse des contenus libres et gratuits. C’est tellement légal que le ministère de la culture brésilien s’en servirait également pour diffuser des contenus en ligne. Mais la MPAA s’en moque et a exigé le retrait du code source sur GitHub. Ils doivent être un peu rancuniers à la MPAA, c’est la seule raison qui explique cette demande de retrait.
Trademark Madness
Kot-Kot. Attention,vous vous apprêtez à lire quelque chose de surréaliste (mais vrai…). La « Cocotte dépote » est le nom qu’avait choisi un restaurant-traiteur qui est entrain de se lancer à Paris. Or juste avant l’ouverture, l’entreprise Saint-Michel (celle qui fabrique les fameux biscuits bretons) a lâché ses avocats sur ce traiteur, en lui intimant de changer de nom. Le rapport, nous demanderez-vous ? Saint-Michel détient depuis 2011 une marque « Cocottes » dans la classe des biscuits, dans laquelle « La Cocotte dépote » a aussi déposé sa marque. Le pire, c’est que l’INPI qui a été saisi du litige a donné raison à Saint-Michel et le restaurateur n’a pas les moyens d’aller en justice. Une pétition de soutien en faveur de « La Cocotte dépote » existe en ligne.
Obstination. Savez-vous ce qu’est un « dronie » ? Non, ce n’est pas un mélange de drone et de brownie… C’est un terme inspiré du « selfie » pour désigner une photo prise par un drone. Cela fait plus de deux ans que Twitter cherche visiblement faire de « dronie » le nouveau buzzword à la mode (sans trop de succès…), malgré beaucoup d’énergie dépensée en marketing. Dans le même temps, l’entreprise essaie d’obtenir aussi une marque sur le terme, histoire de s’en réserver l’usage s’il devait devenir populaire ! Mais l’enregistrement lui a été refusé, car le bureau des marques des États-Unis considère qu’une marque « dronie » en lien avec les drones est trop descriptif. Twitter s’y est pourtant repris à trois fois pour obtenir quand même la marque et l’affaire va finir devant les tribunaux. C’est beau de persévérer parfois, mais là, ça devient ridicule…
KO. Un coup de massue pourrait s’abattre dans l’univers du jeu vidéo. Quiconque a déjà joué à Street Fighter ou à Mortal Kombat a eu le plaisir de terminer un combat avec un fameux « finishing move ». Cela arrive à la fin d’un duel quand un joueur inflige un coup ultime à son adversaire pour l’achever. Bien souvent la séquence se fait au ralenti avec un positionnement particulier de l’angle de la caméra. Cependant, on ne pourra bientôt plus utiliser l’expression « finishing move » pour mettre un terme à un affrontement car la société Bandai Namco vient de faire une demande d’enregistrement de marque. Bandai Namco édite également des jeux vidéo de combat mais ce n’est pas une raison pour s’arroger une pratique qui est devenue mythique dans les jeux de combat. Ce serait peut-être l’INPI et les autres officines de dépôts de marques qu’il faudrait terminer à grands coups de de « finishing moves » !
Patent Madness
La bonne paye. Et l’on va reparler de selfie dans cette dernière dérive. Amazon s’est déjà rendu célèbre pour avoir déposé un brevet sur le « paiement en un clic », particulièrement borderline puisqu’il revient davantage à protéger une simple idée qu’une véritable invention. Aujourd’hui, la firme de Jeff Bezos annonce qu’elle dépose un brevet sur le paiement… par selfie ! Prenez une photo de vous avec votre smartphone et pouf ! C’est payé ! On attend à présent qu’Amazon dépose un brevet sur le paiement avec de la monnaie pour compléter sa collection…
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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