Les Français d’Amplitude, on commence à bien les connaître. Leur nom traîne depuis plus de dix ans dans les cercles de mordus de stratégie. Ils ont pour beaucoup déjà entendu parler de jeux comme Endless Space, Endless Legend ou le plus récent Humankind, un gros appel du pied aux fans de Civilization qui cherchaient de quoi rafraîchir une formule vieille de 30 ans. Mais Amplitude, on les connaît aussi pour un autre titre, peut-être un peu plus discret : Dungeon of the Endless. Un jeu génial, mais aussi bien différent des précédentes productions du studio. Exit le genre du 4X et la stratégie au tour par tour, ici on ouvre des portes.
Bientôt dix ans après la sortie de Dungeon of the Endless, le studio parisien décide de sortir un nouveau jeu, qui a en plus un titre vraiment simple à retenir, et qu’on ne risque pas du tout de confondre avec un autre jeu. Non, c’est faux, il s’appelle Endless Dungeon.
Points forts
- Un mélange de tactique et d’action bien dosé
- Cette ambiance visuelle, purée
- La tension, présente du début à la fin
Points faibles
- Parfois trop dépendant de l’aléatoire
- Encore un peu de problèmes techniques visibles
- Y jouer seul n’a que très peu d’intérêt
Oh non, encore du porte-à-porte
Endless Dungeon, c’est un peu le petit frère branché de Dungeon of the Endless. Il va tout faire comme lui, mais il porte des fringues plus stylées, il bouge mieux et il veut se la jouer plus cool, en incorporant un peu plus d’action à la formule. L’histoire est celle d’un équipage qui s’écrase dans une station spatiale abandonnée. Le seul moyen d’en sortir est d’atteindre le Noyau de la station en escortant un petit cristal orange sur pattes, une sorte de petit robot qui nous suit partout et qu’on doit protéger comme si notre vie en dépendait. Ça tombe bien parce que justement, notre vie en dépend.
À chaque nouvelle expédition (oui, c’est un rogue-lite), c’est la même rengaine. On débarque dans une station répartie sur plusieurs étages, eux-mêmes composés de plusieurs pièces cachées derrière des portes. Le but du jeu ? Ouvrir suffisamment de portes pour trouver la sortie, quitter l’étage et descendre au suivant jusqu’à arriver au Noyau. Dit comme ça, le jeu peut sembler facile mais ce serait oublier l’un des gros risques encourus en ouvrant une porte. On ne sait jamais ce qu’il y a derrière.
Quand on ouvre une porte dans Endless Dungeon, on est récompensé par quelques ressources. De l’Industrie, de la Science et de la Nourriture (les mêmes que dans les autres jeux de la licence Endless), que l’on va dépenser pendant notre expédition pour acheter des améliorations, de l’équipement ou des tourelles pour se défendre. Il est donc vital d’ouvrir un maximum de portes pour accumuler des ressources, tout en gardant en tête que chaque porte ouverte s’accompagne d’une chance de voir débarquer des dizaines de monstres à l’écran.
Ils sont de toutes les formes, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, et attendent sagement derrière certaines portes que l’on vienne les déranger. On trouve tout un tas de menaces dans Endless Dungeon, rangées dans plusieurs archétypes allant des Insectes aux Robots, jusqu’aux Spectres. Rien de réellement dangereux en petit nombre, mais toutes ces petites bestioles peuvent vite devenir un problème de taille si on n’installe pas des défenses suffisantes. C’est là qu’on touche du doigt l’une des plus grosses qualités du jeu, à savoir que c’est un formidable tower-defense.
Plus d’une tour dans mon sac
Quand la chance n’est pas de notre côté, une salle nouvellement ouverte peut abriter un nid, d’où sortira une quantité ahurissante de monstres lorsqu’une vague se déclenchera. Pour contenir l’invasion, il faut poser des tourelles dans les différentes salles et prier pour qu’elles arrivent à tuer le plus gros de la vague sans finir détruites. Exactement comme dans un tower-defense classique, il va falloir étudier la disposition des salles et l’agencement global du niveau pour placer ses défenses au meilleur endroit.
C’est clairement ce calque tactique qui ajoute de la densité à Endless Dungeon, qui passe d’un simple jeu où « on tire sur des trucs » à un jeu certes très orienté action, mais qui mise aussi sur notre capacité à anticiper tous les problèmes qui finissent inlassablement par arriver. À plusieurs, on va commencer à étudier les probabilités et faire des paris sur les nouvelles salles, en préférant ouvrir une porte plutôt qu’une autre pour entasser tous les monstres dans un couloir qu’on a préalablement rempli de tourelles.
Néanmoins, on aura beau essayer de tout prévoir, même un plan qu’on pense bien huilé laisse de la place à l’improvisation quand le jeu décide de déclencher une vague aléatoire au pire moment. Ouvrir des portes fait en effet monter une jauge de danger, constamment affichée en bas à droite de l’écran. Plus elle est élevée, plus on encourt le risque de subir une nouvelle vague, et c’est à ce moment qu’il faut se coordonner avec son équipe pour sortir l’artillerie lourde.
Une dernière tournée pour le patron
Endless Dungeon propose un casting de huit personnages jouables, disposant chacun de capacités et d’armes uniques qu’il faut apprendre à combiner pour en tirer le maximum. Certains héros comme Bunker pourront encaisser beaucoup de dégâts ennemis, d’autres peuvent soigner les joueurs ou poser des pièges, ou utiliser des capacités actives qui peuvent sortir une équipe de la panade si elles sont lancées au bon moment. Couplées aux tourelles spécialisées (qui projettent du feu, de l’acide ou de l’électricité sur les monstres), les compétences des héros peuvent permettre d’exploiter les faiblesses élémentaires des créatures et sont clairement la clé d’une expédition réussie.
En mêlant des phases d’action plutôt réussies avec un calque tactique bien dosé, Endless Dungeon arrive à moderniser la très bonne structure de son aîné Dungeon of the Endless. C’est toujours une affaire de choix et de travail d’équipe, ici portée par une direction artistique faite de couleurs vives et d’explosions qui font splash à l’écran.
Mais surtout, c’est un jeu qui se rit de nous. Il adore nous mettre dans cet état de tension permanente, qui pousse à être aux aguets à la moindre décision et fait sortir d’une session de jeu avec un peu de sueur sous les doigts. Alors qu’on pense être tranquillement en train de poser des tourelles en sifflotant, on va se farcir une vague gigantesque et, en quelques secondes, toute l’escouade va entourer le cristal pour le protéger en tirant dans tous les sens. Ces changements de rythme font le sel de l’expérience et créent des moments très Starship Troopers qui restent en mémoire une fois la partie terminée.
Il y a malgré tout quelques aspects que le jeu gère moins bien, notamment dans sa partie rogue-lite qui sous-entend forcément un facteur aléatoire assez présent, parfois un peu trop. La réussite d’une partie va pas mal dépendre de la disposition des salles et de la génération aléatoire, ce qui peut s’avérer frustrant quand on sait qu’une run complète peut durer plus de trois heures et que les derniers étages sont particulièrement hostiles, juste parce que l’aléatoire nous veut du mal.
Et surtout, c’est un jeu qui perd une grande partie de sa saveur si on y joue seul. Nos coéquipiers sont alors contrôlés par l’IA (avec possibilité d’alterner de l’un à l’autre à tout moment) et rendent l’organisation très compliquée parce qu’ils n’en font qu’à leur tête. Les parties en solo ne sont pas désagréables, mais beaucoup plus chaotiques — malheureusement jamais pour les bonnes raisons.
S’ajoute à cela une batterie de petits problèmes techniques, pas suffisamment importants pour gâcher l’expérience ou faire d’Endless Dungeon un jeu cassé, mais qu’il arrive de voir surgir à plusieurs reprises pendant de longues parties. On retrouve des personnages bloqués derrière une porte fermée, des soucis de désynchronisation en multijoueur ou des couacs ponctuels liés au confort de jeu.
Pour profiter de ce que le donjon a de meilleur à offrir, on vous conseille donc d’embarquer deux potes avant de vous lancer dans l’aventure. Vous tiendrez alors un très bon jeu coopératif, qui aura tout d’un grand une fois qu’il aura réglé ses problèmes techniques et travaillé un peu son équilibrage.
Le verdict
Endless Dungeon
Voir la ficheOn a aimé
- Un mélange de tactique et d’action bien dosé
- Cette ambiance visuelle, purée
- La tension, présente du début à la fin
On a moins aimé
- Parfois trop dépendant de l’aléatoire
- Encore un peu de problèmes techniques visibles
- Y jouer seul n’a que très peu d’intérêt
Endless Dungeon n’est pas qu’un reboot d’un jeu sorti en 2014, c’est une réinterprétation intelligente qui lorgne autant du côté du tower-defense tactique que du jeu d’action explosif. Un plaisir à découvrir entre amis, à condition de bien se coordonner et d’être préparé à des parties pouvant parfois flirter avec les trois heures. On peut déjà s’y plonger sans crainte, et donner quelques semaines à Amplitude pour corriger les soucis mineurs qui l’empêchent parfois de briller comme il le mérite.
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