C’est peut-être une situation que vous avez déjà rencontrée. Devant votre téléviseur ou votre PC, vous vous apprêtez à passer une soirée cinéma. Il ne reste plus qu’à choisir le film pour passer un bon moment. Vous avez certes une petite idée, mais voilà qu’un autre souci se manifeste. Vous ne savez pas forcément si le long-métrage que vous voulez visionner est disponible au sein de l’offre légale et, le cas échant, sur quelle(s) plateforme(s) il se trouve.
C’est là que la plateforme JustWatch, fondée par une startup berlinoise, entre en scène.
Disons-le d’emblée : il ne s’agit ni d’un service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) ni d’une plateforme d’achat ou de location d’œuvres en VOD, mais d’un moteur de recherche de films et de séries télévisées. Particularité du site, il ne s’occupe que de l’offre légale. N’escomptez pas obtenir des résultats provenant de T411, Zone Téléchargement ou C Pas Bien, qui sont des espaces bien connus des pirates.
Le principe de JustWatch est simple : il s’agit de permettre à l’internaute de vérifier la disponibilité de tel ou tel film, de comparer les offres d’accès, d’achat et de location des œuvres en streaming, de bénéficier de promotions et même de recevoir des alertes si jamais un titre jusqu’alors indisponible vient d’être ajouté dans un catalogue.
JustWatch, le moteur de recherche du streaming légal
À l’heure où nous écrivons ces lignes, JustWatch référence 13 622 titres, avec des ajouts quotidiens. Mais comment se passe concrètement l’actualisation du site ?
« Cela dépend de la plateforme », nous précise Roman Ullrich, qui est en charge du lancement de JustWatch en France. « Pour certaines d’entre elles, nous collectons les informations directement via un data feed tandis que pour d’autres, nous crawlons automatiquement et continuellement leur site. Ces données sont mises à jour plusieurs fois quotidiennement afin de disposer du contenu le plus à jour possible ».
Netflix, CanalPlay, OCS, iTunes…
Dans le cadre de la France — le service est présent dans neuf pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore le Brésil –, dix services sont passés au crible : Netflix, CanalPlay, OCS, iTunes, Google Play, CanalPlay VOD, BBox VOD, Orange VOD, Wuaki et Mubi. D’autres sites seront prochainement pris en compte, nous précise JustWatch, comme Arte et FilmoTV, mais pour l’instant la priorité est donnée à la promotion du service et à l’amélioration des pages de présentation.
Comme tout bon moteur de recherche qui se respecte, des filtres sont bien entendu présents pour affiner les résultats : plateforme, type de contenu (film ou série), année de sortie, genre, prix et note. Aspect pratique, JustWatch peut aussi chercher le nom d’une œuvre que celui d’un membre du casting ou de l’équipe technique, pourvu que son rôle soit important (comme le réalisateur ou le scénariste).
Sur la page de présentation, des éléments additionnels sont renseignés. On peut connaître l’avis du public et des critiques via des notes provenant d’IMDb, de Rotten Tomatoes et même du site lui-même, la durée de l’œuvre, son synopsis, la date de sortie, et ainsi de suite. Des vidéos promotionnelles (trailers, teasers, featurettes) figurent aussi sur la page, afin de renseigner en quelques minutes le spectateur sur la teneur du film.
Mais comment les éditeurs de services de VOD et de SVOD accueillent-ils le fait d’être ainsi mis en concurrence par JustWatch ? À en croire Roman Ullrich, les retours sont positifs. « Nous avons un contact privilégié avec les plates-formes présentes sur JustWatch ; nous savons qu’elles apprécient notre service et le trouvent utile. Certaines sont aussi nos clientes ».
Plus généralement, JustWatch entretient des relations avec le milieu du cinéma. Le service « permet aux studios de pouvoir communiquer auprès de leurs groupes-cibles qui se trouvent maintenant en ligne et de plus en plus mobile », explique Roman Ullrich. « Notre modèle économique est orienté B2B. Nous gérons des campagnes de vidéos mobiles pour promouvoir la sortie de nouveaux films en salle ou la sortie de divertissements à domicile ».
C’est une évolution naturelle, selon le moteur de recherche. « Les abonnés, notamment les profils démographiques les plus jeunes, sont de plus en plus nombreux à abandonner la télévision linéaire. Il devient difficile pour l’industrie du cinéma d’atteindre leur audience avec les moyens traditionnels ». Et il faut croire que ça marche, puisque JustWatch, qui a développé des applications pour Android et iOS, revendique 5 millions d’utilisateurs.
Le projet qu’a loupé la Hadopi
Ironie du sort, JustWatch est en quelque sorte le moteur de recherche du streaming légal que la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) aurait pu mettre sur pied, si ses projets en la matière avaient pu se concrétiser. Hélas pour l’institution publique, cette piste n’a jamais vu le jour. En tout cas, pas sous cette forme-là, qui est bien plus aboutie.
Rappel des faits. En 2011, la société MySkreen avait été pressentie pour réaliser le moteur de recherche de l’Hadopi, mais finalement cette piste avait été abandonnée, faute de réussir à obtenir l’accès aux catalogues (et peut-être aussi parce que le marché public qui leur tendait les bras paraissait un peu trop téléphoné pour être honnête ?).
Du coup, la Haute Autorité s’est rabattue sur un autre projet, plus modeste,avec l’initiative visant à mettre les catalogues en open-data. Par ailleurs, elle a lancé le projet consistant à permettre aux internautes de signaler une œuvre réputée introuvable, puis de laisser l’autorité publique indépendante faire les recherches qui s’imposent auprès des ayants droit.
Aujourd’hui, c’est un formulaire dédié qui est mis à disposition de l’internaute qui doit alors renseigner divers champs : nom de l’œuvre, nom du créateur catégorie (film, musique, série, jeu vidéo, livre) et description. Une fois le formulaire envoyé, la Hadopi vérifiera sur les plateformes légales si l’œuvre est effectivement manquante ou si la recherche menée par l’internaute s’avère incomplète.
Ce service est complété par un autre volet, qui consiste non pas à proposer un moteur de recherche des œuvres, mais un moteur de recherche des plateformes d’offres légales disponibles sur le marché. C’est ainsi que le portail Offre Legale a vu le jour, édité par l’autorité administrative. Il compte aujourd’hui 424 sites de VOD, dont 57 labellisés, et fournit des critères de tri pour trouver le services le plus adapté à ses besoins.
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