Quand on parcourt le Metacritic des jeux Call of Duty, on peut observer une anomalie. Avec 33 sur 100, l’opus Black Ops: Declassified, paru en 2012 sur PS Vita, est le pire de la saga. Arrive ensuite Call of Duty: Modern Warfare III avec 56 sur 100. Pour une marque mastodonte habitué à inonder régulièrement le marché, tomber dans des scores aussi bas est inhabituel. Et c’est encore plus grave quand cela concerne le dernier opus en date. Lancé le 10 novembre 2023, Call of Duty: Modern Warfare III, donc, ne séduit pas, contrairement à ses prédécesseurs (75 pour Modern Warfare II, 80 pour Modern Warfare).
Personnellement, et je ne dois pas être le seul dans ce cas-là, Call of Duty est mon petit rendez-vous annuel pop-corn. Je n’y joue pas en multijoueur, mais la campagne solo me permet de déconnecter le cerveau pendant une poignée d’heures. Je n’attends jamais rien de révolutionnaire, simplement une expérience efficace et bien réalisée. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que l’histoire de Call of Duty: Modern Warfare III est une catastrophe de la première à la dernière seconde. Un raté sur quasiment toute la ligne qui explique, en partie, ces dégringolades dans les suffrages.
Call of Duty: Modern Warfare III est une catastrophe
Il n’est pas nécessaire d’être très exigeant avec un jeu Call of Duty, tout du moins du côté de son mode solo. C’est comparable à un film d’action dont l’objectif premier est d’en mettre plein les yeux (à la Michael Bay). On doit en avoir pour son argent, sans pour autant en attendre monts et merveilles. Sauf que Call of Duty: Modern Warfare III ne remplit même pas ce rôle. Sledgehammer Games, en charge du développement et déjà derrière la piètre campagne de Call of Duty: Vanguard, a tout bâclé. Même les arguments habituels — mise en scène, variété des situations — sont absents. Tout est balayé. Le scénario est risible à souhait (on chasse un terroriste). La durée de vie est une blague (moins de quatre heures et c’est plié). Certaines missions ne durent même pas 10 minutes (sachant qu’il y en a 14…). Les ennemis se ressemblent tous. Et la fin n’est même pas une fin.
Pire, la seule nouveauté de Call of Duty: Modern Warfare III — les fameuses missions « ouvertes » — ne fonctionne pas. On se retrouve lâché dans des environnements plus étriqués qu’ils n’en ont l’air, à remplir des objectifs basiques, le tout en ayant l’impression de se faire canarder tout le temps. On dirait parfois un très mauvais jeu d’infiltration. La force des histoires de Call of Duty a toujours été leur capacité à rester sur des rails pensés pour le grand spectacle. Offrez de la liberté aux joueuses et aux joueurs et c’est le déraillement sans aucun ménagement. Ces missions « ouvertes » constituent vraiment une fausse bonne idée, qui éclipse malheureusement les bonnes sensations de tir.
Comme un symbole, le meilleur niveau de Call of Duty: Modern Warfare III est un flashback de la trilogie Modern Warfare. Elle se déroule dans un stade, alors qu’on doit capturer le fameux terroriste (oui, il est doué pour échapper aux gentils). On y retrouve tout ce qui fait le charme de Call of Duty avec une situation tendue où les ennemis se cofondent avec les civils. On se laisse porter par l’urgence, cramponné à ce gameplay simple et redoutable. Call of Duty n’a rien besoin de plus pour captiver, simplement de savoir enchaîner les moments forts avec un rythme bien réfléchi. Sur ce point, Call of Duty: Modern Warfare III semble tout droit sorti de Wish, tant tout est plat.
Selon un rapport de Bloomberg publié le 9 novembre, le développement de Call of Duty: Modern Warfare III aurait été chaotique. Alors qu’un épisode de la saga a normalement besoin de trois ans de production avant de voir le jour, il aurait été pondu en deux fois moins de temps avec l’idée d’en faire une simple extension. Plusieurs membres de Sledgehammer Games ont mis en avant des conditions de travail extrêmes, articulées autour d’une forte culture du crunch (des horaires interminables, étendus la nuit voire les week-ends). Le studio s’en est défendu mais, quand on voit le résultat, ces coulisses paraissent crédibles.
À l’arrivée, Call of Duty: Modern Warfare III ressemble au mauvais troisième film d’une trilogie qui avait pourtant si bien démarré. En 2019, Activision lançait un nouveau chapitre pour Call of Duty, avec un moteur graphique flambant neuf et des ambitions scénaristiques inédites. Le reboot Modern Warfare avait placé la barre très haut (quitte à choquer l’audience en allant très loin dans la violence morale). Modern Warfare II, lancé en 2022, était un peu plus sage, mais toujours efficace. Aujourd’hui, Modern Warfare III vient tout ruiner.
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