Le PlayStation Portal, ex-Project Q, a l’allure d’une console portable. Mais, il n’en est pas une. Sur la boîte, Sony décrit cet accessoire comme un « lecteur à distance », soit un périphérique qui permet d’accéder à ses jeux installés sur PS5 depuis n’importe où. Le produit, intriguant depuis son officialisation, est né dans un message marketing trouble, la firme japonaise ayant d’abord mis exclusivement en avant une utilisation à domicile. La réalité est tout autre : on peut utiliser le PlayStation Portal à l’extérieur, sous couvert d’avoir une connexion internet assez solide.
Cet astérisque ne rend pas l’objet, facturé tout de même 220 €, plus intéressant. En fait, Sony ne fait que monétiser une fonctionnalité qui existe depuis la PlayStation 3 : le Remote Play, soit la possibilité de jouer à distance depuis un autre appareil que la console. La multinationale a attendu trois générations pour lancer un périphérique dédié, alors que le Remote Play est aujourd’hui compatible avec un smartphone, une tablette ou un PC. De quoi se demander à quoi sert vraiment le PlayStation Portal, sinon remplir un peu le catalogue hardware.
Points forts
- Ergonomie au top
- Simplicité d’utilisation
- Jouer sur un écran de 8 pouces, c’est cool
Points faibles
- Pas d’écran OLED
- Ne sait rien faire en-dehors du Remote Play
- Il faut une PS5 et une bonne connexion internet
L’ergonomie du PlayStation Portal est un (vrai) plus
Autonomie
Le PlayStation Portal peut tenir environ 6 heures en une seule charge, ce qui est très bien.
En termes d’expérience utilisateur, le PlayStation Portal est difficile à attaquer. Comme il n’est voué qu’à se connecter à votre PS5, il facilite tout. On allume, on renseigne ses identifiants PlayStation, on choisit une console à associer et le tour est joué. Ensuite, il suffira de réveiller le périphérique et d’appuyer sur la touche PlayStation pour qu’il se connecte automatiquement (il faut entre 30 et 60 secondes pour que le menu s’affiche quand même, soyez patient). Sur un smartphone ou une tablette, le chemin est un peu moins direct, puisqu’il faudra télécharger une application et associer une manette Bluetooth.
En prime, comme le PlayStation Portal est un produit conçu par Sony, il dispose de toutes les fonctionnalités d’immersion chères à la PS5. Il ressemble à une tablette de huit pouces sur laquelle on a greffé deux moitiés d’une DualSense. Cette transformation de la manette n’aboutit à aucun sacrifice sur les technologies, comme le retour haptique ou les gâchettes adaptatives. Tout juste les sticks sont-ils un peu plus petits, en espérant qu’ils n’aient pas hérité de leur fragilité (phénomène du Drift), et certaines touches importantes sont moins bien placées (le bouton PlayStation, trop positionné à l’intérieur). Le trackpad, remplacé par l’écran, est scindé en deux zones tactiles de chaque côté.
D’ailleurs, le PlayStation Portal dispose d’une excellente ergonomie, héritage de la meilleure manette imaginée par Sony. Il n’est pas assez lourd pour qu’on ressente une gêne, tandis que l’écran de huit pouces apporte un confort visuel indéniable. Disposer d’une telle surface d’affichage pour jouer à ses jeux en mobilité est très appréciable. Il est simplement dommage de voir Sony se contenter d’une dalle LCD (1080p, 60 Hz) plutôt qu’OLED. On gagne en luminosité (veillez à l’atténuer un peu, car elle est puissante) mais on perd sur les contrastes. Les noirs ne sont jamais noirs et une expérience totale aurait mérité la meilleure technologie d’affichage. Surtout quand on connaît les qualités visuelles des jeux produits par Sony.
Un produit bêtement limité
Puis-je connecter mon casque Bluetooth ?
Eh bien, non. On ne peut pas connecter n’importe quel accessoire audio sans fil au PlayStation Portal. Seuls les accessoires PlayStation Link sont compatibles. C’est mesquin. Heureusement que le son des haut-parleurs est satisfaisant.
Vous ne possédez pas de PS5 ? Le PlayStation Portal ne vous servira à rien. Vous n’avez pas une connexion internet décente ? Le PlayStation Portal ne vous servira rien. Ce périphérique ne sait rien faire d’autre qu’accéder à vos jeux installés sur une PS5, qui devient alors un serveur. Il est donc très dépendant de deux paramètres cruciaux. Être propriétaire d’une console est une chose, disposer d’une couverture Wi-Fi en est une autre. Dans nos conditions de test (une maison à la campagne avec la Fibre Orange à 500 Mb/s), l’expérience a d’abord été compliquée. La PS5, connectée en Wi-Fi, était pourtant placée près de la box. Il a fallu brancher la console en Ethernet pour avoir un rendu acceptable, c’est-à-dire net.
Quand tout marche bien, le PlayStation Portal fait exactement ce qu’on attend de lui et on peut jouer sans se poser de question. Pour preuve, j’ai pu battre l’un des derniers boss de Lies of P — jeu vidéo exigeant qui demande des actions précises — sur le « lecteur à distance » de Sony. Avec une latence élevée, cela n’aurait pas été possible. Je n’ai pas eu à déplorer de déconnexion totale, même s’il arrive que le signal soit faible (ce qui se traduit par une dégradation de l’image et des ralentissements). Sony préconise une connexion minimum de 5 Mb/s (15 Mb/s), ce qui est très peu quand on sait que Netflix réclame 25 Mb/s pour un film ou une série en 4K UHD. « La qualité et le bon état de la connexion durant votre expérience de jeu peuvent varier en fonction de votre environnement », indique le constructeur. Bref, d’une pièce à l’autre, le PlayStation Portal peut procurer une expérience différente. En 2023, le streaming n’est toujours pas d’une fiabilité absolue, et il est par conséquent impossible de prédire si le Remote Play fonctionnera bien chez vous.
Bon à savoir : à l’extérieur, avec le partage de connexion mobile ou un Wi-Fi public, la liaison avec la PS5 fonctionne. Toutefois, le PlayStation Portal n’est pas un appareil très portable. Au mieux, il est transportable. Mais, sa fragilité (la partie tablette est peu épaisse) ne donne pas envie de le sortir de chez soi. Sony ne semble pas y croire non plus, puisqu’aucune pochette n’est commercialisée. Dans l’esprit de l’entreprise, le PlayStation Portal, c’est à la maison, et uniquement à la maison.
Que fait un PlayStation Portal que ne fait pas déjà un smartphone, une tablette ou un ordinateur compatible avec le Remote Play ? Rien. Il fait même moins de choses. Qu’il soit incapable de téléphoner ou d’accéder à une page web, soit. Mais, qu’il n’offre même pas un accès aux plateformes de SVOD pour varier les plaisirs reste une aberration (spoiler : on ne peut pas lire une vidéo YouTube ou autre via le Remote Play). Sans Wi-Fi, le PlayStation Portal est juste une brique inutile ornée de deux manches d’une manette. Son intérêt est hyper limité et la cible visée par Sony très difficile à cerner. À moins de passer ses soirées à se battre avec un membre de sa famille pour utiliser la télévision, on n’aura que faire du PlayStation Portal. Au pire, on pourra toujours acheter une deuxième télévision.
Il y a en tout cas un potentiel gâché derrière le PlayStation Portal. Sony pourrait proposer tellement plus de fonctionnalités intéressantes avec cet écran déporté. Par exemple, il pourrait être le digne successeur de la Wii U, en devenant une super manette capable d’afficher des informations — comme la carte affichée en permanence dans un jeu qui en a besoin. La console de Nintendo a été un échec cuisant. Cependant, elle a quand même innové avec des interactions inédites, que pourrait reproduire le PlayStation Portal. Sony se contente de si peu avec son produit, et c’est vraiment dommage.
Prix et disponibilité du PlayStation Portal
Le PlayStation Portal est disponible depuis le 15 novembre 2023, au prix de 219 €.
Le verdict
PlayStation Portal
Voir la ficheOn a aimé
- Ergonomie au top
- Simplicité d’utilisation
- Jouer sur un écran de 8 pouces, c’est cool
On a moins aimé
- Pas d’écran OLED
- Ne sait rien faire en-dehors du Remote Play
- Il faut une PS5 et une bonne connexion internet
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