« Inutile de dépenser de l’argent pour obtenir les meilleurs skins. La gendarmerie est disponible depuis 300 ans », peut-on lire dans ce tweet diffusé le 18 novembre par la Gendarmerie nationale. La force armée recrute, ce qui n’a rien de très étonnant. En revanche, la voir utiliser les jeux vidéo pour communiquer est, au mieux, maladroit, au pire, cringe à souhait.
Car, sur la forme, rien ne va. En dépit d’une bonne volonté de reproduire les menus d’un jeu vidéo, ce très court spot tourne vite au ridicule. On y voit différents gendarmes appartenant à différentes classes. Ils défilent sous nos yeux comme quand on doit choisir son soldat avant de lancer une partie de Call of Duty. La Gendarmerie nationale est allée jusqu’au bout des choses en indiquant, à la fin de la séquence, qu’un Pack gendarmerie sera bientôt disponible.
Rien ne va dans cette pub de recrutement pour la Gendarmerie nationale
Que la forme soit un peu gênante, à l’arrivée, ce n’est pas très grave. En revanche, le fond est beaucoup plus problématique. Il y a quelques mois, Emmanuel Macron ne manquait pas de diaboliser les jeux vidéo pour dénoncer les violences dans les rues (il s’en est excusé depuis). Dès lors, voir la Gendarmerie nationale s’en servir aujourd’hui à des fins promotionnelles est cocasse. Il y a un double discours qui passe mal.
Au-delà de cette appropriation opportuniste, le message est catastrophique : il revient à dire que rejoindre l’Armée est comparable à jouer à un jeu vidéo de guerre. En associant le réel et le virtuel, la Gendarmerie nationale se trompe totalement et, en prime, alimente les débats sur la violence policière. Même si on comprend l’idée de séduire les plus jeunes (qui adorent les jeux vidéo, particulièrement ceux où on se tire dessus).
À en juger par la réaction des uns et des autres, cette initiative n’était clairement pas une bonne idée. « Publicité très maladroite — la pire comparaison : monde réel/monde virtuel ! Je n’ai pas hâte que les gendarmes se comportent comme des joueurs de FPS », commente Seb Midori Klavier. Grégory Fauchille abonde : « Non mais sérieux ? On passe notre temps à dire à nos gosses de prendre du recul par rapport à ce qu’ils voient dans les films et ce qu’ils font dans les JV, et vous arrivez avec ce genre de messages ? »
Au passage, la Gendarmerie nationale s’appuie sur l’un des pires leviers du jeu vidéo : les microtransactions. Elles permettent aux éditeurs de s’enrichir en offrant la possibilité aux joueuses et aux joueurs d’acheter des tenues pour personnaliser les personnages qu’ils incarnent. Un titre très fréquenté comme Fortnite a été condamné pour cette économie opaque susceptible de tromper les personnes les moins prudentes (comme les enfants). Il n’est donc pas très malin de s’en servir dans le but de promouvoir, comme le fait la Gendarmerie nationale.
Enfin, les « jeux vidéo » s’écrit « jeux vidéo », non pas « jeux vidéos ». Mais on n’est plus à une faute d’orthographe près.
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