Tout le monde a déjà joué au moins une fois à Tetris. Le jeu a été créé en 1984 par le russe Alexei Pajitnov, et a fait depuis l’objet d’innombrables adaptations. Ses droits sont toujours gérés par la société Tetris Company, qui a comme principale activité de s’assurer que personne ne puisse reprendre le concept de Tetris sans lui payer des droits. Electronic Arts, Nintendo, Capcom, Sega et THQ font ainsi partie de ses plus prestigieux clients, qui attendent aussi en retour de leur paiement que Tetris Company mette tout en œuvre pour écarter la concurrence.
Dès la fin des années 1990, la société a commencé à envoyer des mises en demeure aux clones de Tetris distribués sous forme de sharewares ou freewares. A la sortie de l’iPhone, elle a mis en demeure Apple de retirer le jeu Shaker, jugé trop proche de Tetris même s’il n’en reprenait ni le nom ni le graphisme. Au mois de mars de l’année dernière, elle a déposé plainte contre la société Biosocia, parce qu’elle proposait sur un portail de jeux Flash un clone de Tetris baptisé Blockles.
A chaque fois, Tetris Company l’a emporté sans avoir à aller jusqu’au jugement d’un tribunal. On pouvait espérer que Google, qui se présente régulièrement comme un défenseur du fair use et d’un droit d’auteur équitable, se montre moins discipliné, et pousse Tetris dans ses retranchements. Mais non. La firme de Mountain View a accepté de retirer de l’Android Store 35 jeux inspirés du concept de Tetris, mais qui n’utilisaient apparemment ni le nom ni les graphismes de Tetris.
Il est pourtant difficile de justifier qu’un simple concept de jeu vidéo inventé il y a 25 ans puisse toujours donner lieu à une appropriation exclusive. Même les tétraminos n’ont pas été inventés par Pajitnov.
Comment l’idée d’un jeu peut-elle être appropriée de manière quasi perpétuelle, alors qu’une invention industrielle bénéficie par le brevet d’une protection de 20 ans maximum ?
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