À quoi aurait pu ressembler la troisième trilogie de Star Wars sans le décès de l’actrice Carrie Fisher, qui incarne la princesse Leia ? Si le personnage de Luke Skywalker, joué par Mark Hamill, avait bénéficié d’un traitement différent ? Si John Boyega n’avait pas été progressivement relégué au second plan avec Finn ? Et si, et si, et si.
Et si Kylo Ren avait également été écrit autrement tout au long des trois films de la postlogie ? Voilà le cœur d’un bref échange auquel a participé l’acteur américain Adam Driver, qui s’est vu confier le rôle en 2014 — plus d’un an avant la sortie du premier volet, Le Réveil de la Force. L’intéressé participait le 12 décembre à une émission de radio, The Rich Eisen Show.
Attention : la suite va contenir des spoilers sur les films de Star Wars.
Un autre destin pour Kylo Ren
Personnage essentiellement maléfique, Kylo Ren était au départ appelé à un tout autre destin. Fruit de l’union entre Leia et Han Solo, ce personnage — dont le nom à la naissance était Ben Solo, en hommage à Obi-Wan Kenobi — devait devenir un chevalier Jedi. Il avait reçu l’enseignement de Luke Skywalker et était appelé à être, avec d’autres, la nouvelle génération Jedi.
Les choses, évidemment, ont mal tourné. Ben Solo a fini par embrasser le côté obscur de la Force et à marcher dans les pas de Dark Vador. Il a tué son père, Han Solo, et a constitué une menace pour la galaxie entière. Ce n’est qu’à la toute fin du dernier film, L’Ascension de Skywalker, que Kylo Ren a eu droit à sa rédemption. Au crépuscule de sa vie, il est redevenu Ben Solo.
Une autre écriture pour cet épilogue aurait pu être envisagée, néanmoins. C’est ce que révèle Adam Driver durant sa discussion radiophonique. L’acteur imaginait à propos de son rôle une trajectoire autrement plus sombre pour Ben Solo / Kylo Ren. Dans la construction qu’il se faisait de son personnage, l’intéressé l’imaginait être pour toujours livré au côté obscur.
Cet arc plus ténébreux a été impulsé initialement par le premier réalisateur, à savoir J.J. Abrams. « Son idée était presque le parcours inverse de Vador, lorsque celui-ci commence le plus confiant, le plus engagé dans le côté obscur, et à la fin du dernier film [Le Retour du Jedi, NDLR], il est le plus vulnérable et le plus faible », raconte l’acteur au micro de Rich Eisen.
J.J. Abrams « voulait commencer à l’opposé, où ce personnage était le plus confus et le plus vulnérable, et à la fin des trois films, il serait le plus engagé dans le côté obscur », poursuit-il. Et puis le film suivant a été confié à Rian Johnson, qui a apposé sa propre vision et n’a pas forcément prolongé toutes les idées déployées dans le film précédent.
Adam Driver note toutefois que si Rian Johnson « a pris une direction différente », il est resté fidèle au personnage — l’épisode VIII, Les Derniers Jedi, dépeint encore un Kylo Ren globalement malfaisant. Puis le troisième film est arrivé, dont la réalisation a été confiée à J.J. Abrams. Loin de suivre son idée initiale, le cinéaste a choisi la voie de la délivrance pour cet antagoniste.
Pourquoi un tel revirement, alors que J.J. Abrams avait manifestement l’occasion de reprendre le fil de son idée ? Adam Driver n’a pas d’explication particulière. Peut-être que le changement de réalisateur en cours de route — au départ, il devait s’agir de Colin Trevorrow — a pesé dans la balance, comme la succession de scénaristes et de réécritures du script.
Est-ce que un Kylo Ren plongeant toujours plus dans le côté obscur aurait abouti à un récit plus attrayant pour The Rise of Skywalker (qui a failli s’appeler Duel of the Fates si Colin Trevorrow était resté) ? On ne le saura jamais. On peut uniquement spéculer. Seules des bribes du projet sont connues, suite à une fuite survenue en 2020. Son contenu est à prendre avec des pincettes.
On peut toutefois se dire qu’un grand final avec un combat décisif entre Rey et Kylo Ren aurait pu être grandiose — ce qui aurait donné corps au titre, Le duel des destins. Et on se serait épargné le retour bancal de l’Empereur Palpatine, avec une résurrection venue de nulle part pour en faire le méchant secret et final de la postlogie, alors qu’on avait eu aucun indice avant.
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