Porté par des graphismes incroyables, Avatar: Frontiers of Pandora donne envie de se balader dans les environnements imaginés par James Cameron. Mais le plaisir s’arrêtera là.

J’ai toujours pensé que les deux films Avatar étaient de mauvais jeux vidéo, dans le sens où ils ne permettent pas d’être acteur au sein de l’univers de James Cameron. En restant simplement spectateur, on ne fait qu’effleurer le potentiel de tout ce qu’il peut offrir. Ce qui veut dire, par ricochet, que le monde de Pandora est naturellement pensé pour le jeu vidéo. Un paradoxe quand on sait qu’il a fallu attendre qu’Ubisoft, toujours là pour surfer sur des réussites, signe un deal avec la Fox pour voir naître une adaptation ambitieuse des blockbusters Avatar.

Et encore : le bien nommé Avatar: Frontiers of Pandora est sorti le 7 décembre 2023 sans réellement faire de bruit, comme si Ubisoft n’y croyait pas vraiment. On devrait peut-être rappeler à la firme française que les longs métrages de James Cameron ont rapporté plus de 5 milliards de dollars au box office mondial. Sorti en 2009, le premier Avatar est encore aujourd’hui le plus gros succès de tous les temps. Bien sûr, Avatar: Frontiers of Pandora ne deviendra pas le plus gros succès — vidéoludique — de tous les temps. Mais il mérite qu’on s’attarde dessus pour un argument simple : les balades apaisantes au sein de Pandora.

Il n’y a pas d’offres pour le moment

Avatar: Frontiers of Pandora est visuellement époustouflant

Ubisoft n’a pas confié la patate chaude à n’importe qui. C’est Massive Entertainment qui s’est chargé de développer Avatar: Frontiers of Pandora. Ce studio a prouvé qu’il savait y faire avec The Division et, surtout, The Division 2. Il a surtout étalé son savoir-faire technique avec son moteur graphique Snowdrop. Mobilisé pour l’adaptation, il fait de véritables merveilles en rendant honneur à Pandora. Car si on peut douter du design des Na’vi (de longues tiges bleus qui adorent chanter leur amour pour la nature et font l’amour avec leur tresse), il est difficile de ne pas rester pantois devant leur habitat. Pandora est d’une richesse visuelle époustouflante, qui prend tout son sens dans un jeu vidéo aux graphismes soignés.

Tout renvoie à la notion d’extase

On sent que Massive Entertainment a d’abord voulu offrir un bel écrin aux fans d’Avatar. La réussite est totale : sa vision de Pandora est généreuse, envoûtante et à la hauteur des travaux de James Cameron. On a envie de s’y aventurer pour le simple plaisir des yeux, se délectant d’une faune et d’une flore atypiques, colorées, surprenantes. Rien ne ressemble plus à Pandora que le Pandora des développeurs, qui se sont retroussés les manches pour garantir une immersion palpable. Plonger en plein coeur d’environnements garnis de végétations fluo vaut toutes les lunettes 3D du monde. C’est luxuriant, vivant, presque exténuant de détails. Chaque centimètre de l’écran attire le regard, que ce soit pour admirer les particules qu’on imagine toxiques ou pour contempler une plante extraterrestre étrange. Tout renvoie à la notion d’extase, un extase qui provoque l’enthousiasme.

Avatar: Frontiers of Pandora // Source : Capture PS5
Ce plan est incroyable… // Source : Capture PS5

C’est d’autant plus vrai que Avatar: Frontiers of Pandora ne se contente pas d’une beauté plastique figée. Tout est en mouvement dans le jeu, avec des effets climatiques saisissants qui font s’agiter la moindre feuille. J’ai beau ne pas aimer les films, je dois bien reconnaître que la proposition de Massive Entertainment donne envie d’explorer et que les arguments immersifs sont difficilement contestables (les bruitages constituent la cerise sur le gâteau…). Cela tombe bien, car quand il faut vraiment jouer, la réalité finit par rattraper le rêve.

Avatar: Frontiers of Pandora // Source : Capture PS5
Panorama immense, végétation touffue // Source : Capture PS5

Derrière le voyage, un jeu aux mécaniques insipides

Quand on a vu les premières images de gameplay d’Avatar: Frontiers of Pandora, nous sommes beaucoup à avoir imaginé une copie de Far Cry déguisé en bleu. S’il y a bien des traits communs avec l’une des sagas fortes d’Ubisoft (le monde ouvert, la possibilité de jouer en coopération, la progression linéaire…), le titre de Massive Entertainment parvient à s’en distinguer suffisamment pour ne pas avoir un goût de redite en bouche. La direction artistique doit aider, mais il y a aussi le fait qu’on incarne un Na’vi. Le gameplay se révèle beaucoup plus vertical, en raison des capacités physiques différentes de celles des humains. Il est grisant de virevolter entre les arbres ou encore de voler à dos d’Ikran, sorte de dragon qui procure un vrai sentiment de liberté dans les cieux. Le côté « Je joue un Na’vi » fonctionne très bien, avec une mise en avant des us et coutumes du peuple.

Néanmoins, en dépit de bonnes sensations dans la navigation et de la fidélité au lore, Avatar: Frontiers of Pandora peine à convaincre sur sa proposition au global. Censé faire la jonction entre Avatar et Avatar : La Voie de l’Eau, il ne s’appuie pas sur un récit très marquant. Les ressorts narratifs, simples prétextes pour rallier des tribus autour d’une cause commune (repousser les envahisseurs), sont maigres. Aucune rencontre ne sort du lot. Aucun moment n’est assez épique pour qu’on en ressorte avec l’impression d’avoir participé à une épopée grandiose. Comme si Massive Entertainment s’était trop concentré sur la forme au détriment d’un fond solide. On prend parfois plaisir à libérer Pandora, avec le twist des objectifs génériques (détruire les installations de la RDA) qui assainissent les environs. Mais même cette motivation écologique peine à s’installer sur la durée.

Avatar: Frontiers of Pandora // Source : Capture PS5
Le méchant a une tête de méchant // Source : Capture PS5

Avatar: Frontiers of Pandora se heurte aussi à de vrais soucis sur la partie action. Les ennemis compensent leur intelligence défaillante par une agressivité pénible. Quand vous faites face à plusieurs robots en même temps, les combats deviennent un véritable enfer : on se fait canarder et la vulnérabilité d’un Na’vi n’aide pas toujours à s’en sortir. À cela s’ajoutent des humains qu’on peine à distinguer en raison de leur petite taille (la richesse visuelle nuit à la lisibilité). L’astuce consisterait alors à opter pour l’infiltration, mais on n’a pas vraiment les outils pour miser à 100 % sur cette approche et la manière dont sont construits les niveaux n’est pas toujours adaptée.

Avatar: Frontiers of Pandora // Source : Capture PS5
Il faut détruire les installations de la RDA pour éradiquer la pollution sur Pandora // Source : Capture PS5

En somme, on déteste vite prendre les armes dans Avatar: Frontiers of Pandora, sachant que le système de progression est opaque. Il est autant lié à des points de compétence qu’on gagne on-ne-sait-trop-comment qu’à l’équipement porté. Ce qui permet aux développeurs d’étaler tout un tas de mécaniques facultatives, comme l’artisanat, la cuisine, la chasse ou encore la cueillette pour nous faire gagner en puissance. Cela transforme l’expérience en immense fourre-tout qui coche les cases d’une formule bateau. L’exotisme de Pandora permet d’avaler la pilule, mais on n’est jamais très loin de l’indigestion alors qu’on aimerait juste se balader tranquillement.

Avatar: Frontiers of Pandora // Source : Capture PS5
Ikran = le sang // Source : Capture PS5
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Le verdict

Avatar: Frontiers of Pandora // Source : Ubisoft
7/10

Avatar : Frontiers of Pandora

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Il n’y a pas d’offres pour le moment
Avatar: Frontiers of Pandora est une expérience perfectible. Mais on ne peut s’empêcher de penser que cela aurait pu être bien pire. On sent que le studio Massive Entertainment a voulu faire les choses bien sur le travail d’adaptation. En résulte une reproduction assez incroyable de Pandora, qui prend vie avec des graphismes vertigineux. La forme de Avatar: Frontiers of Pandora est suffisante pour donner envie de se balader dans des environnements généreux et variés, sur une carte immense. Néanmoins, passées les quelques heures de découverte, on finit par se décourager face au manque d’entrain du gameplay et de l’histoire. On aime incarner un Na’vi, mais on a juste envie de chiller dans Pandora.
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