On aurait pu croire que le prochain film de Star Wars allait être celui centré sur Rey Skywalker, avec une intrigue se passant quinze ans après l’Épisode IX : L’Ascension de Skywalker. En fin de compte, d’autres projets sont visiblement plus prioritaires. Sans crier gare, le studio Lucasfilm — qui gère la licence Star Wars pour Disney — a annoncé autre long-métrage.
The Mandalorian & Grogu est donc le quatrième projet Star Wars à être officialisé, en plus des trois autres annoncés en 2023 — le film sur Rey d’une part, mais aussi celui sur l’aube des Jedi, se déroulant 25 000 ans avant les films, et un autre autour de la Nouvelle République, qui se passerait à la même époque que les aventures du Mandalorien.
Dans l’annonce faite le 9 janvier par Lucasfilm, il a été confirmé que le tournage de The Mandalorian & Grogu démarrera dès 2024, ce qui laisse à penser que le film pourrait arriver au cinéma dès 2025. Si cela se confirmait, cela signerait le retour de Star Wars sur grand écran pour la première fois depuis six ans. La dernière fois, c’était en 2019 avec l’Épisode IX.
Durant cette longue parenthèse, qui pourrait s’allonger quelque peu si jamais le film The Mandalorian & Grogu est retardé à 2026, Lucasfilm n’a évidemment pas laissé dormir sa licence. Star Wars a continué de se développer, principalement sur le petit écran. Des séries ont été tournées et lancées pour alimenter Disney+, dont une sur le Mandalorien, justement.
The Mandalorian & Grogu, une prise de risque certaine pour Star Wars
Or, c’est cette orientation qui interroge aujourd’hui. Si The Mandalorian & Grogu est bien le premier film Star Wars à revenir au cinéma, Disney et Lucasfilm font donc le choix de ne pas capitaliser immédiatement sur le personnage de Rey, alors que sa notoriété est déjà bien établie. Elle a été au cœur de trois films vus des millions de fois à travers le monde.
Au contraire, ils font le choix de mettre en avant un personnage certes bien écrit et plaisant à voir en action, mais dont la célébrité vient du streaming et se limite — en tout cas aujourd’hui — au carcan de Disney+. La série The Mandalorian a beau avoir été très suivie, elle n’a pas le même écho qu’une héroïne figurant non pas dans un, mais trois films Star Wars.
Et c’est là que réside la plus grosse prise de risque pour le studio. The Mandalorian & Grogu ramènera sans aucun doute les fans de Star Wars dans les salles obscures. C’est moins sûr pour le grand public, car c’est un héros qu’il ne connait pas. Ou, en tout cas, moins. C’est différent pour les films avec Rey, parce qu’ils suivent la trilogie de base et rappelait les héros de la vieille époque.
Un héros que le public ne connait pas, ou mal, et qui en plus a la fâcheuse tendance d’être tout le temps casqué, ou presque. Comment, en effet, avoir de l’attachement et de l’empathie pour un héros dont on ne peut jamais lire les mimiques ? Le cinéma, c’est vivre l’aventure des protagonistes et susciter des émotions. Quant à Grogu, son faible champ lexical et sa bêtise peuvent aussi bien susciter la tendresse que générer une profonde irritation.
Qui plus est, The Mandalorian & Grogu exigera un gros préalable pour profiter de l’intrigue pleinement : le visionnage des trois premières saisons déjà diffusées (il n’y a « que » vingt-quatre épisodes). On pourrait même en ajouter une quatrième, dans la mesure où Le Livre de Boba Fett fait office de saison intermédiaire. Une sorte de saison 2,5 de The Mandalorian, en somme.
On ignore aujourd’hui s’il s’agira d’un prérequis insurmontable ou non. On peut supposer que les scénaristes vont tâcher que l’histoire soit rapidement accessible pour celles et ceux qui ne sont pas à jour. On peut aussi être plus machiavélique et se demander si ce n’est pas aussi un moyen, pour Disney, de forcer des spectateurs à s’abonner à Disney+ pour s’actualiser.
Dans tous les cas, ce retour au cinéma de Star Wars est périlleux. Ainsi, le pari est fait de revenir avec un projet qui n’est pas directement rattaché à la saga Skywalker — le film avec Rey est bien plus lié à cet arc, compte tenu de l’épilogue de l’Épisode IX. Ce ne serait certes pas la première fois : Rogue One et Solo en sont la preuve. Mais ils surfaient en pleine vague de la postlogie.
Autre incertitude à ce stade : les objectifs en termes de box office. Historiquement, les trois films de la postlogie ont tous dépassé le milliard de dollars de recettes dans le monde (deux milliards pour l’Épisode VII). Rogue One avait aussi très bien marché (plus d’un milliard). Seule ombre au tableau, Solo, avec moins de 400 millions. À combien parlera-t-on d’échec ou de succès ?
La longue interruption de Star Wars au cinéma conjuguée avec le choix d’un héros dont la renommée dépend d’un abonnement à une plateforme de SVOD constituent aujourd’hui de grosses inconnues dans l’équation. Tout comme la faculté de Disney et Lucasfilm de réussir le passage d’une œuvre du petit au grand écran. Or, cela est susceptible de donner le ton pour la suite.
En effet, nonobstant The Mandalorian & Grogu, un autre projet cinématographique est dans les cartons et celui-ci implique aussi les séries Star Wars. Il concerne Dave Filoni, le directeur créatif de la licence chez Lucasfilm. Le long-métrage, centré sur la Nouvelle République, porterait aussi les personnages d’Ahsoka, The Mandalorian et Le Livre de Boba Fett sur grand écran.
Aujourd’hui, on ignore dans quelle mesure et de quelle façon The Mandalorian & Grogu s’articulera avec le film de Dave Filoni. On ignore également si, après le long-métrage du Mandalorien et de son petit compagnon tout vert, tout ce petit monde retournera ensuite sur Disney+, avec de nouvelles saisons en streaming. Il pourrait aussi s’agir du point final de cette histoire.
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