L’expérience d’utilisation sur YouTube vous semble-t-elle dégradée depuis peu ? Le site a-t-il l’air de « ramer » ? Ce sentiment de navigation saccadée et pénible est manifestement partagé par d’autres internautes, qui ont saisi les réseaux sociaux pour exprimer leur désarroi. C’est le cas de Clément Dumais, une personnalité de YouTube.
« J’avais vu quelque part sur Twitter que YouTube fait ramer à mort son site quand t’as adblock », a-t-il écrit sur X (ex-Twitter) le 15 janvier. « J’ai YouTube Premium ET adblock, j’avais des ralentissements de l’enfer sur le site, j’ai désactivé adblock sur YouTube vu que j’ai le premium et tout remarche nickel. C’est une honte en vrai. »
Cette impression existe aussi chez Numerama. Deux journalistes passant par le navigateur web de Google, Chrome, et l’extension AdBlock ont ressenti le même ralentissement. Un YouTube dans les choux. En désactivant le module, tout est rentré dans l’ordre. Le site a retrouvé sa fluidité, mais au prix du retour des publicités, inévitablement.
AdBlock est un greffon qui sert à bloquer les publicités, « sur l’ensemble des pages web, y compris Facebook, YouTube et Hulu », énonce sa description. Il fonctionne sur les principaux navigateurs, comme Chrome, Edge, Safari et Firefox. En l’utilisant, AdBlock promet aussi une navigation plus rapide, car il y a moins d’éléments (la publicité) à charger.
La publicité étant la principale rentrée d’argent de YouTube, et de loin, une première piste évidente a consisté à mettre en jeu la responsabilité de la maison mère, Google. L’entreprise américaine a des raisons évidentes — ne pas être déficitaire — de vouloir manœuvrer en sous-marin pour dissuader les internautes de se servir d’AdBlock.
Une action inavouée de la firme de Mountain View d’autant plus plausible que la société a justement changé de ton vis-à-vis des bloqueurs de publicité en 2023. Le plan mis en place par Google consiste à diffuser des messages d’avertissement et même à empêcher le lancement des vidéos au bout de quelques visionnages.
En outre, prendre AdBlock pour cible aurait du sens. C’est sans doute le module le plus connu et le plus utilisé dans le monde. Lancé en 2009 par Michael Gundlach, il est décliné dans 30 langues, supporte les plus gros navigateurs web et revendique plus de 40 millions d’utilisateurs dans le monde.
Un problème qui se trouve dans le code d’AdBlock
La réalité est toutefois quelque peu différente. Google ne serait ici pas du tout en cause. Le problème viendrait plutôt d’AdBlock, dont la dernière version serait, pour le dire vite, mal codée. C’est l’analyse de Raymond Hill, le créateur de l’extension uBlock Origin, un module concurrent qui bloque aussi les annonces en ligne.
L’intéressé a publié au cours du week-end un fil sur X dans lequel il partage plusieurs observations d’ordre technique. Il précise que son outil n’est pas du tout affecté par les ralentissements observés avec AdBlock (en version 5.17) et AdBlock Plus (version 3.22), qui a le même souci. Le second est une variante du premier.
« J’ai enquêté un peu sur les régressions de performance, et la cause est de nombreux chemins de code distincts, et [cela] affecte de nombreux sites », écrit-il. Les internautes qui utilisent les deux (AdBlock et Adblock Plus) sont susceptibles d’être touchés encore plus durement, car les deux modules utilisent le même moteur de filtrage.
Dans ses tests, Raymond Hill écarte l’idée d’une sournoiserie de Google. Le souci est lié aux deux versions mentionnées précédemment. Il observe par exemple que plus de 19 secondes sur un total de 41 ont été consacrées au code du script de contenu d’AdBlock Plus injecté dans la page web de YouTube.
Pour appuyer ses dires, il remarque que le problème touche aussi un site comme Yahoo, dans les mêmes proportions, alors que ce domaine n’est en aucune façon lié à Google. « Les problèmes de performance du script d’arrière-plan peuvent affecter d’autres sites web, en particulier ceux dont les pages web sont mises à jour de manière dynamique. »
Des mesures faites par BleepingComputer ont mené à la même conclusion. Le site a partagé une vidéo montrant la mise en mémoire tampon, avec l’extension installée. « Dans nos tests, uBlock Original n’est pas affecté, et la désactivation d’AdBlock a résolu les problèmes », écrit le média, écartant un peu plus le rôle de Google dans cette histoire.
Dans un fil de discussion lancé le 11 janvier sur Gitlab (une plateforme de développement où l’on peut faire remonter des problèmes logiciels), une alerte avait signalé que « des utilisateurs signalent des lenteurs après la mise à jour vers la version 3.22 d’AdBlock Plus ». Des problèmes admis par les responsables dès le 12.
« Nous avons maintenant une bonne compréhension du problème. Il semble lié à une amélioration des filtres de contenu dans [notre moteur de filtrage des publicités], qui cause par inadvertance des problèmes sur les sites web dynamiques », a reconnu Thomas Greiner, développeur chez eyeo GmbH, la société qui possède AdBlock et AdBlock Plus.
Et maintenant ? De nouvelles versions des extensions AdBlock (5.17.1) et AdBlock Plus (3.22.1) ont été annoncées, avec un correctif pour résoudre les soucis de performance. Celles-ci sont visiblement depuis le 16 janvier. C’est le cas notamment d’AdBlock et d’AdBlock Plus sur le Chrome Web Store qui ont reçu la mise à jour.
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