Je ne peux m’empêcher de penser que mon avis sur Final Fantasy VII Rebirth est forcément biaisé. Comme beaucoup d’autres, ma passion du jeu vidéo est née en partie avec Final Fantasy VII, RPG culte paru en 1997 sur la première PlayStation. À l’époque, on ne comptait pas le nombre de pixels et on se fichait d’incarner un bonhomme composé de polygones voyants. Ces barrières visuelles n’ont empêché personne d’apprécier une aventure immense, théâtre de moments inoubliables. Ces moments que Final Fantasy VII Rebirth respecte et cajole avec un devoir de modernité.
Ainsi, comment le fan de Final Fantasy VII d’autrefois ne pourrait-il pas succomber de nouveau à ces séquences en 4K UHD HDR ? Les polygones d’antan, devenus mignons avec le temps, laissent leur place à des gravures de mode, à la coiffure impeccable, au costume taillé sur mesure et aux expressions faciales bien plus saisissantes encore. Comment ne pas s’émerveiller devant la féérie du Gold Saucer, parc d’attraction dont l’ambiance trouve enfin un écrin à sa stature ? Comment ne pas craindre la disparition inéluctable d’un personnage clé, alors qu’on a déjà vécu la tragédie et dont on a déjà fait le deuil ? Final Fantasy VII Rebirth, c’est tout cela à la fois.
Final Fantasy VII Rebirth est incroyable, malgré ses défauts
Disponibilité
Final Fantasy VII Rebirth est disponible à compter du 29 février, exclusivement sur PlayStation 5.
J’ai passé plus de 40 heures dans Final Fantasy VII Rebirth, y laissant un petit bout de moi. J’en suis ressorti avec un petit sourire aux lèvres, une larme pas loin de poindre au coin de l’œil. J’ai été émerveillé devant cette folle histoire qui n’a pas vieilli, portée par des personnages charismatiques qui semblent survivre à tout. Censés être enfouis depuis des décennies, les souvenirs du Final Fantasy VII original, proposé en un seul bloc sur PlayStation, sont réapparus comme s’ils n’étaient jamais partis. On apprécie alors toute la force d’un récit qui a traversé les âges et a su s’installer comme une évidence, sinon une référence. Final Fantasy VII Rebirth prouve d’abord que Final Fantasy VII a été un grand jeu, en essayant à son tour de l’être.
Il faut reconnaître à Square Enix son désir de faire honneur à son RPG avec un habillage digne de sa générosité. Visuellement, Final Fantasy VII Rebirth sait procurer des plans qui donnent le tournis, avec des décors tout autant luxuriants que variés — ce qui change du gris froid de Midgard de Final Fantasy VII: Remake. Par ailleurs, la modélisation du casting est incroyablement précise, avec un travail immense sur les costumes. Seules certaines textures font vraiment peine à voir (on a vu des pans de montagne avec un rendu digne d’une PlayStation 3), tandis que la gestion des éclairages est parfois étrange (on passe du très sombre au très clair en quelques secondes).
Faut-il avoir joué à Remake ?
Square Enix permet de commencer Rebirth sans aucune sauvegarde de Remake. Mais il est quand même conseillé d’avoir terminé la première partie pour bien tout comprendre.
Autre preuve que Final Fantasy VII Rebirth dispose d’un accueil soigné : la merveilleuse bande son est comme nous l’avions quittée, avec des notes qui font qu’on se sent chez soi. Dès la première musique, on est tout de suite enveloppé par une ambiance savoureuse, qui a le bon goût sucré d’une Madeleine de Proust. Square Enix a compris sur quel levier il fallait tirer pour empoigner les fans et ne plus jamais les lâcher. De toute façon, ils n’auraient pardonné aucune forme de trahison : l’entreprise était dans l’obligation d’exceller sur la forme. Final Fantasy VII est trop apprécié pour tolérer un écart de conduite.
Final Fantasy VII Rebirth se dote en prime d’un système de combat aux petits oignons. Il s’appuie sur les excellentes bases posées par Final Fantasy VII Remake, avec une réadaptation du tour par tour dans un format plus dynamique. On est ravi de constater qu’il fonctionne toujours aussi bien quatre ans plus tard, avec ce mélange intéressant entre action spectaculaire et tactique nécessaire (face aux boss, surtout). La réinvention est totale, d’autant que Square Enix ajoute encore plus d’options pour personnaliser son équipe (plus de personnages jouables, avec chacun leurs moments de bravoure), son arsenal (ajout d’un « sphérier » pour améliorer ses compétences) et son approche. Final Fantasy VII Rebirth est d’une profondeur assez vertigineuse, à tel point qu’on peut se perdre dans son menu aux multiples onglets.
Avec toutes ces qualités, Final Fantasy VII Rebirth a des allures de rêve éveillé, de fenêtre dans une jolie demeure avec vue sur un passé apprécié. Il arrive malgré tout que le jeu soit extrêmement frustrant. Dès qu’il cherche à faire autre chose que ce qu’il maîtrise le mieux (l’action, la narration), il lui arrive de se ridiculiser. En témoignent cette cascade de mini-jeux, pour la plupart optionnels (heureusement), ou ces interactions forcées qui rigidifient le gameplay. On rit encore des séquences d’escalade, puisque les héros affichent un manque de souplesse presque robotique. On fait encore des cauchemars de ces phases d’infiltration complétement à côté de la plaque. On maudit encore ces objectifs qui nous demandent de jouer aux cartes. On peste encore sur ces moments où il faut lancer des objets avec précision, sans être vraiment en mesure de le faire. Quant aux balades en Segway… quel intérêt sinon celui de tomber dans le grand guignolesque.
Square Enix donne le sentiment d’avoir trop voulu en mettre. Les plus extrémistes des aficionados diront que les mini-jeux font partie de l’essence de Final Fantasy VII. Mais un petit nettoyage n’aurait pas fait de mal pour moderniser encore plus le RPG et éviter d’offrir des cartouches à celles et ceux qui reprochent au genre ses écarts. Final Fantasy VII Rebirth n’est jamais aussi bon que quand il aligne tout au service de l’émerveillement. Et il n’est jamais aussi mauvais que quand il nous demande de faire une course de Chocobos ou d’apprendre une chorégraphie pour un défilé (des exemples, parmi tant d’autres). En éliminant ce superflu, le jeu aurait gagné en rythme.
En s’éparpillant moins, Final Fantasy VII Rebirth se serait par ailleurs doté d’une durée de vie moins importante. Il m’a fallu plus de 40 heures pour terminer la dizaine de chapitres (oui, je me répète), sans prendre le temps de visiter toutes les zones ouvertes que propose la carte (bien plus étendue que dans Final Fantasy VII Remake). En termes de contenu, c’est colossal et on pourra facilement atteindre la centaine d’heures si on veut tout faire. À condition, bien sûr, d’être motivé par l’idée d’activer des tours, de capturer des Chocobos, de déterrer des artefacts… D’une zone à l’autre, ces objectifs génériques se répètent, ce qui laisse à penser que Square Enix est tombé dans le remplissage anecdotique. Heureusement que l’histoire de Final Fantasy VII Rebirth se suffit à elle-même. Au bout de 40 heures, quand les émotions retombent, on a envie de passer à autre chose en attendant le troisième et dernier volet. Par chance, on va avoir le temps de s’en remettre.
Le verdict
Final Fantasy VII Rebirth
Voir la ficheOn a aimé
- La puissance de la nostalgie
- Histoire, personnages, moments forts… Rien n’a veilli
- Système de combat d’une profondeur inouïe
On a moins aimé
- Ces mini-jeux vraiment agaçants
- Les phases d’escalade d’un ridicule sidérant
- Du remplissage dans les zones ouvertes
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